• À propos d’À PROPOS DE 合気

     

    Nous sommes tous des visiteurs de ce temps, de ce lieu et nous ne faisons que le traverser. Notre but ici est d’observer, d’apprendre, de grandir, d’aimer, après quoi nous rentrons à la maison. (Proverbe Aborigène)

    Mon dernier article a provoqué quelques réactions parmi ses quelque... 1000 lecteurs (Quand même ! Si j'en crois les statistiques, au moment où j'ai commencé à rédiger ces lignes). Je ne devrais pas oublier de préciser que mes écrits n’engagent que ma modeste personne. Ce ne sont que des réflexions sur des sujets qui me tiennent à cœur car ils me semblent constituer le fond de notre bel Art Martial. C’est pour ça que quelques élèves facétieux m’avaient jadis appelé « le théoricien de l’Aïkibudo » et que j’ai parfois été sollicité pour rédiger divers articles à propos de notions dont la théorie n’avait pas encore été abordée…
    En fait, j’admets que ce pourrait n’être, après tout, que de fumeuses élucubrations.

    « Mais alors, vénérable Sensei, quelles lumières nous apportez-vous ? - Et bien, petit cancrelat, je vais tâcher de développer mes explications à partir de questions qui m’ont été posées ou de remarques qui m’ont été opposées. »
     

    À propos d’À PROPOS DE 合気

    Tout d'abord, il y a la garde, en l'occurrence Chudan no Kamae, la main avant protège le visage, le main arrière protège le bas du corps : si elle est bonne, pas d'attaque possible. Cette garde exprime déjà une poussée en avant, jambe avant fléchie, jambe arrière en appui, dans l'intention d'entrer.
    Ensuite, il y a une attaque sincère : il ne s'agit pas d'être brutal mais de frapper avec l'intention de toucher. S'il n'y a pas de situation de danger, inutile de chercher à esquiver ! Sinon on crée des réflexes conditionnés trompeurs : on a l'illusion d'esquiver mais le jour où on se trouve face à un partenaire qui attaque sincèrement, on se ramasse un bon bourre-pif, ce qui est désagréable et vexant !
    Je garde l'initiative, je crée une ouverture permettant l'attaque : exemple, je baisse ma main haute pour inciter à porter Tsuki Jodan. S
    ur une attaque haute, j'avance le pied avant, sur une attaque basse, j'avancerai le pied arrière.

    - Sen no Sen : j'ouvre avec un léger retrait du corps, du type Neko Ashi, et j'entre aussitôt avec détermination (l'attaque part donc avec un léger retard), ma main haute contrôle l'épaule. Quand j'avance le pied arrière juste devant le pied avant avec une rotation du bassin pour effectuer O Irimi, l'autre main va contrôler l'épaule extérieure, je canalise en poursuivant O Irimi.

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    Remarque : dans notre pratique, on ne travaillera jamais en Sen no Sen puisque si lattaque n’est pas matérialisée, Tori ne prendra pas l’initiative d’attaquer pour éventuellement se défendre.

    Dans la réalité (relative) du Randori, si : voir ce que je dis plus bas à propos de Irimi. Et dans le monde réel, en cas d'agression, c'est une question de détermination... Difficile à justifier si on plaide la self défense parce qu'on a mis l'adversaire hors d'état de nuire sans lui avoir laissé le temps d’attaquer !

    - Tai no Sen : j'ouvre pour laisser Seme attaquer et j'entre en même temps que le coup est porté, la riposte est proportionnelle à l’attaque, ma main haute contrôle le coude. Quand j'avance le pied arrière avec une rotation du bassin pour effectuer O Irimi, je place la main basse sur le coude, dans l’axe, pendant que la main haute glisse vers le poignet. Je canalise, main à la hanche, en poursuivant O Irimi, genou au sol dans le cas d'un Randori canalisation.

    Remarque : en même temps mais au début (le bras de Seme est encore en lair…)

    Vous pensez encore en séquentiel. Quand j'entre dans l'attaque de l'adversaire, il n'y a ni blocage, ni opposition mais assimilation, addition des 2 actions, ce qui permet le déséquilibre et la canalisation. Le mouvement est continu !

    - Machi no Sen : je manque d'espace pour me déplacer, j’ouvre et j'attends que le coup parte, je ne suis plus en poussée sur la jambe avant mais « assis » sur la jambe arrière, j'esquive avec un Nagashi sur place en canalisant l'attaque au niveau du poignet comme pour effectuer Shinogi avec la main haute. J'accentue mon Nagashi en portant un armlock avec mon épaule pour accentuer la canalisation.

    Question : si le coup est arrivé ou la saisie matérialisée nous entrons dans le domaine du Chika Ma ???

    S'il s'agit d'une saisie, on parlera plutôt de Go no Sen (Go, , signifie après, retarder, Machi vient de Matsu,  待つ, attendre) et nous pouvons en effet nous retrouver en situation de Chika Ma, ce qui n'est pas incompatible avec la notion de mouvement et de canalisation.

    Tout ça est illustré à l'aide de vidéos à cette adresse http://ctir-aikibudo.eklablog.com/bilan-du-cours-du-28-juin-2017-a130604394

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    Cette fiche avait été réalisée (comme les autres) à destination de mes élèves qui avaient suivi le cours, c'est un aide-mémoire. Toutefois, si vous pouvez regarder les vidéos au ralenti vous comprendrez mieux mon propos au niveau des entrées et des contrôles. Ce n'est pas parfait, Guillaume et Jean ont essayé d'agir au mieux en suivant mes directives. J'ai demandé à Guillaume de marquer des temps d'arrêt aux temps clés du mouvement mais, bien entendu, tout ça doit s'exécuter « comme l'eau qui s'écoule » dans le temps d'une expiration...
    L'erreur que je constate lors de chaque examen national est la passivité : celui qui est au centre attend l'attaque avant de réagir et comme les autres ne sont pas trop pressés d'attaquer, ça ne ressemble à rien ! Un mot d'ordre : IRIMI. Au cours d'un Randori, je vais chercher mes adversaires, je n'attends pas qu'ils se décident à bouger ! S'ils sont trop lents, je leur colle des baffes ! Le Randori doit se jouer comme s’il risquait d’être le dernier... Il y a la pratique technique, la recherche de sensations, ce sont les pistes que je donne
    dans mes comptes-rendus et puis il y a l'application : le Randori qui doit se pratiquer à la fin de chaque cours, ce n'est que pendant le Randori que le corps peut assimiler les sensations que le cerveau essaie de comprendre pendant l'étude « théorique ».

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    Je suis d'accord, c'est difficile intellectuellement et ça devient peut-être encore plus confus par écrit... Quant aux vidéos, il faudrait que je sois doué d'ubiquité : me filmer pendant que j'effectue la démonstration ! En fait, et j'insiste sur ce fait, ce sont d’abord des aide-mémoire rédigés pour mes élèves, ensuite ce sont des pistes qui peuvent donner une idée de l'ambiance sur notre Tatami et aider les jeunes enseignants à concevoir leur cours.
    Ce n'est évidemment que sur le Tatami que ces notions peuvent être correctement enseignées et étudiées.

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    (Nota bene) Ces 2 petites animations n'illustrent pas vraiment mon propos : Tori n'a pas de garde !
    Je les ai crées en... 2003 ! Je ne me rappelle pas les avoir déjà mises en ligne,
    alors, je les sors du tiroir où elles dormaient pour illustrer le Randori.
    Merci d'excuser leur aspect saccadé.

    Ces remarques et ces questions soulèvent un problème récurrent : le mouvement. Je remarque chez une majorité de pratiquants ce réflexe conditionné : les 2 partenaires s'immobilisent pendant une très courte durée dès qu'il y a contact (le bras de Seme est encore en lair…) et puis ça repart. Or, que je sache, un coup ne s'arrête pas avant le contact avec la cible à moins qu'il n'y ait blocage et en ce cas, comme dit Kondo Sensei, c'est du Jujutsu, pas de l'Aïki.

    « Comme vous le dites, vénéré Sensei, vous êtes une sorte de théoricien mais de la théorie à la pratique, il y a plus qu’un pas ! Votre enseignement est probablement applicable sur le Tatami mais qu’en serait-il de façon pragmatique, dans la rue, en cas d’agression ? - Et bien, petit cafard, je vais te raconter une histoire de Sen. »

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    Comme tu le vois, je suis un vieux monsieur qui se déplace lentement mais sûrement vers ses 79 balais avec un nouveau genou en cours de consolidation. Je n’ai jamais été très courageux et je me suis toujours efforcé d’esquiver, voire de fuir, les situations de conflit. Ça ne me gênerait pas qu’on me taxe de lâcheté si esquiver un conflit c’est se dégonfler !
    Depuis près de 6 mois, ma principale activité physique est la promenade biquotidienne avec Lara, ma chienne Labrador noire. Souvent, je marche en compagnie d’un autre petit vieux qui s’approche des 78 printemps, Alain, qui est accompagné de Max, son Westie blanc. Je suis d’un tempérament plutôt taciturne, Alain est très volubile et nous nous entendons plutôt bien.

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    Nos toutous vont en liberté, ils ne sont que rarement attachés, ils mènent leur vie canine dans un monde d’odeurs qu’ils passent beaucoup de temps à déchiffrer.
    Quand je dis qu’Alain est volubile, c’est un « doux euphémisme » ! Il est plus que bavard, il faut qu’il parle ! De tout et de rien, de tout le monde q
    u’il connaît ou pas. Il tient un discours à chaque personne qu’il croise, connue ou pas. Mais il est aussi capable de vitupérer, envoyant paître les importuns haut et fort. Il fait partie de ces gens avec lesquels échanger des services est une évidence : c’est un ami même si nous sommes aussi éloignés culturellement qu’il soit possible. Nous partageons en commun l’amour de nos toutous et Max apprécie de passer quelques jours chez nous quand ses maîtres doivent s’absenter.
    Pendant s
    es balades, le petit Max renifle, examine toutes les traces odorantes, pisse un nombre incroyable de fois pour marquer son passage, va voir ses congénères qui l’appellent derrière un grillage mais, tout comme Lara, il n’aboie jamais.
    Notre promenade représente environ 3 km aller et retour. Ce n’est pas très long mais la route, qui passe en sous-bois, est très pentue, avec 2 courts passages que j’évalue à près de 10 %.
    Un peu avant la montée, nous longeons une clôture derrière laquelle 2 chiennes au tempérament fugueur aimeraient bien accompagner nos toutous.

    (Leur maître est un grand débile d’une quarantaine d’années, plutôt costaud, qui ne fait rien de ses 10 doigts. Il a tenu quelque temps un bistrot, hérité de son père, il a fait faillite, confondant chiffre d’affaire et bénéfices tout en arrosant généreusement ses copains. Il vit maintenant aux crochets de sa mère et passe l’essentiel de son temps à cloper devant sa porte… Il y a quelques mois, il m’avait agressé verbalement en prétendant que Lara avait fait sa crotte sur son terrain. Je lui avais proposé de la ramasser, lui demandant de me montrer le corps du délit. Mais rien. Peut-être une pissette ? Alors, il hausse le ton, s’approche de moi et donne de petits coups du bout des doigts sur mon bras. Je m’écarte : « Arrêtez ça ! Je ne supporte pas qu’on me touche ! ». Il recule d’un pas : « Je ne vous touche pas... ». Je lui tourne le dos et je m’en vais sans un mot de plus.)

    Lara a déjà dépassé le pont qui franchit le ruisseau au pied de la montée quand elle s’arrête, vigilante. Apparaît à la sortie du premier virage une jolie jeune femme qui pousse un landau, tenant en laisse une petite chienne Jack Russel qui se met à pousser des hurlements suraigus dès qu’elle aperçoit Lara bien qu’elles se connaissent et aient déjà joué à la balle ensemble.
    La jeune femme
    prend le parti de détacher sa chienne qui court au devant de Lara en piaillant de plus belle. Elle doit tenir des propos injurieux car Lara, de nature pacifique, lui bondit dessus en grognant et en montrant les dents. Je ne crains rien, elle n’a jamais mordu qui que ce soit, mais la petite chienne fuit, terrorisée, poursuivie par Lara, et ses jappements nous percent les oreilles. Toutefois, la jeune femme qui est habituée à ce comportement ne s’en formalise pas. J’ordonne: « Ça suffit ! Assis ! » et tout le monde s’assoit, se calme puis s’en va pister les odeurs abondantes sur ce chemin.
    Je bavarde un peu avec la jeune femme, il m’arrive d’être disert avec de jolies personnes, puis Alain et moi et n
    os toutous reprenons notre promenade.
    Au moment où nous abordons la dernière côte abrupte de la montée, bordée de talus verticaux, je m’aperçois que le crétin d’en bas nous suit, l’air agité,
    avec ce qui ressemble à un rouleau de corde dans chaque main. Il nous rattrape à mi-côte.
    Immédiatement, il se met à invectiver Alain, l’accusant de faire aboyer ses chiens chaque fois qu’il passe devant chez lui, il s’agite et, soudain, le bouscule violemment en arrière. Si Alain n’avait pas été tout près du talus, il aurait pu tomber.
    En moins d’un dixième de seconde, j’ai évalué la scène, le cadre où elle se joue, le niveau des participants. M
    on esprit de décision m’a fait évaluer tous les scénarios possibles avec leurs conséquences : il ne m’est pas envisageable de laisser un abruti de 40 ans agresser un vieil homme… Je n’ai plus de handicap, j’ai placé ma force, mon énergie pour les rendre opérationnelles et efficaces. Ma détermination est sans faille.

    À propos d’À PROPOS DE 合気

    Je fais un pas en avant, ma canne en position Gedan dans la main arrière, et je lance comme un Kiaï : «Arrêtez vos conneries ! ». Je suis très calme, mon cœur bat au ralenti. Le type s’immobilise puis fait un pas en arrière, Alain s’apprête à se rebiffer, il est bouleversé, il vitupère, il est prêt à se battre au risque de prendre un mauvais coup. Un vieil homme de 77 ans, même avec un passé de sportif, risque de se faire massacrer par un abruti probablement sous l’emprise d’une drogue.
    Mais le type s’est bien immobilisé, il regarde Alain, il me regarde,
    il se voit encadré :  « Je ne peux rien faire ? - Non, vous n’avez pas intérêt. ». Je suis encore dans mon état de vigilance, je sais où frapper, où créer le déséquilibre, comment l’étrangler avec ma canne et le jeter dans la pente. Je sens qu’il peut être sérieusement amoché.
    Il a compris la situation, il se tourne vers Alain 
    et lui dit en me désignant : « Je connais ce monsieur, il est gentil, lui ! ». Fichtre, il me trouve gentil ! En fait, il est déstabilisé, vaincu par ma détermination. La suite est une autre histoire.

    « Alors, petite coccinelle, ai-je fait preuve de bon Sen ? - Ô vénérable Sensei, essayez-vous de me faire comprendre que nous ne sommes pas nécessairement ce que nous croyons être ? - P't'êt' ben, petit carabe doré, p't'êt' ben.»

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    Actuellement, l’homme mène une guerre contre la nature. S’il gagne, il est perdu  ! (Hubert Reeves)

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

    « À propos de 合気Qu’il est long le chemin ! »