• Anniversaire : il y a 25 ans, le Québec

     

    À la veille des vacances de Pâques 1988,  5 cousins québécois, adeptes de l’Aïkibudo au club de Beauport, près de Québec, dûment mandatés par leur professeur Daniel Tabouret, arrivent à Saint Léger du Bourg Denis. Fernande, dite Fanny-les-runnings ou la terreur des siffleux, Marilyn dite l'Américaine, Monique l'ornithologiste, Gérard le maudzit Français* et Richard le fonctionnaire participent au premier échange Normandie-Québec.

    Ils sont arrivés chez moi tôt le matin, épuisés par le voyage et le décalage horaire. Ils ont quand même accepté de venir dans ma classe, faire un petit coucou à mes élèves pour leur parler de la Belle Province et leur offrir des épinglettes à la fleur de lys avant de tester le confort de mon canapé.

    Dès le lendemain, j’ai pu me consacrer à leur séjour, deux semaines partagées entre le tourisme et le stage d’Aïkibudo intensif.

    * Gérard éprouvera un choc en se promenant dans Saint Léger du Bourg Denis. En passant devant la boulangerie, il a comme un flash... Puis ça lui revient : quand il avait 14 ans, c'est là qu'il avait été apprenti. Il l'avait oublié.

     

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    Après leur retour, j’ai reçu une longue lettre de Daniel Tabouret qui me remerciait de l’accueil qui leur avait été réservé et m’affirmait que je serais bien reçu si l’envie me prenait de venir rendre une petite visite en face.

    Mes disciples, qui avaient accueilli nos cousins, organisèrent un voyage au Canada dès l’année suivante. Pour moi, il n’en était pas question, mon modeste traitement d’instituteur me contraignait à une vie frugale.

    J’eus la surprise de recevoir une invitation en bonne et due forme de Daniel Tabouret : le club de Beauport m’offrait le voyage ! En échange, bien entendu, j’allais offrir mes connaissances sous forme de 2 semaines de cours (presque) quotidiens.

    Le voyage s’est donc effectué. Du 7 au 28 août 1989. Il y a 25 ans.

    Au retour, j’ai bien entendu rédigé un compte-rendu intitulé « Cinq Normands au Québec ou la découverte du Nouveau-Monde  par les arrière-petits-enfants des découvreurs du Nouveau-Monde », destiné à être publié… Il est paru dans La lettre du Cera n°13, printemps 1991.

     

     

    Cinq Normands au Québec ou la découverte du Nouveau-Monde

    par les arrière-petits-enfants des découvreurs du Nouveau-Monde

     

    Anniversaire : il y a 25 ans, le Québec

     

    Ils étaient cinq cousins Québécois venus à Saint-Léger-du-Bourg-Denis à Pâques 1988 et qui passèrent deux semaines qu'ils magnifièrent aux yeux et à l'imagination de leurs confrères indigènes du continent nord-américain.

    Ils étaient cinq Haut-Normands (plus trois accompagnatrices) qui leur rendirent visite en ce mois d'août 1989. Le Québec, les grands espaces, la faune sauvage, les énormes villes nord-américaines... Ils étaient donc huit Haut-Normands, le 7 août, à Orly-Sud, le cerveau plein de clichés et de trac, prêts à embarquer à bord du Lockheed 10-11 flambant neuf d'Air-Transat, à destination de Montréal.

    Décollage à treize heures, heure française. Arrivée à quatorze heures trente, heure québécoise. Crise de rigolomanie à la douane. Confiscation des « granny-smith » de Jojo. Là-haut, Gérard, Fernande et Richard nous attendent. Transfert dans le bus historique de « l’Élite sportive de Beauport » et c'est reparti pour trois heures et demie de cahots vers Québec.

    Québec ! Un immense village plein de verdure. Des maisons individuelles avec de vastes pelouses jusqu'à des rues larges comme des boulevards de chez nous !

    Réception chez Daniel Tabouret. J'y découvre la chaleur des adeptes québécois, l'incroyable culture de beaucoup d'entre eux et, surtout, l'immense importance des caisses de Labat bleue. Ces caisses, qu'est-ce ? L'incomparable bière canadienne, le pendant de notre Badoit, et qu'ils avalent à l'hectolitre. N'y en a plus ? On file chez le dépanneur, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre !

    Dès le lendemain va commencer notre découverte du Québec, cocktail de tourisme et d’Aïkibudo, de rencontres de paysages grandioses et d'incroyables personnages

    Québec. Les plaines d'Abraham, siège de la bataille qui livra le Canada aux Anglais, bloody hell ! Vaste panorama sur le Saint-Laurent. Québec signifie « l'endroit où le fleuve se rétrécit ». Il a ici la largeur de quatre Seines ! Le château, immense hôtel de prestige.

    Visite au Parc Jacques Cartier où une réplique de son navire, la Grande Hermine, sèche sa carène qui n'a pas résisté à un séjour prolongé dans un bassin. Là, un tipi, quatre perches et une entretoise couvertes de toile blanche. Dedans, un tapis de sapinettes, un cadre où sèche une peau d'orignal, un berceau en peau de caribou avec un matelas de fourrures de lièvres joliment attachées. Quelques outils, un tambourin. Et Louis Gabriel Jourdain, un Montagnais bon teint. Vous ne connaissez pas les Montagnais, bien sûr ? Moi non plus, je ne les connaissais pas, mais j'en suis devenu amoureux : c'est la plus importante nation amérindienne du Canada. Un peuple pacifique, artiste dans l'âme, qui n'a pas fait partie du folklore de la conquête... Je le connais, ce Montagnais... le sosie d'Hiroo Mochizuki ! Même visage, même coiffure, même sourire, même voix douce et calme, si ce n'est cet adorable accent québécois ! Nous ferons connaissance. Il nous parlera des grands espaces, nous chantera un « rêve de caribous » accompagné de son tambourin, nous dira son espoir de venir en France...

    Le village Huron, chez Max Gros-Louis, patriarche et cerveau de la nouvelle prise de conscience de leur identité par les Amérindiens qui, de plus en plus, prennent leur éducation en main, exemple montré par les Montagnais qui ont un enseignement dans leur langue ! Éric Cazaillon a cherché vainement les tipis et les coiffes de plumes. Le village Huron est un quartier de Québec, les petits Hurons sont blonds, châtains ou bruns, le nom le plus répandu dans le village est Picard et Mario Gros-Louis va tous les ans aux sports d'hiver à Chamonix !

     

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    Relève de la garde de la citadelle. Trois quarts d'heure de spectacle d'opérette présenté par les « dos-rouges » et leur mascotte, un bouc blanc au fumet plus redoutable qu'une armée de moufettes !

    Les chutes de la rivière Montmorency, deux fois plus hautes que celles du Niagara. Les cascades du mont Sainte-Anne et le pont suspendu. Le lac Saint-Jean, immense mer intérieure, si petit, pourtant sur la carte ! Pointe-Bleue, début de la réserve des Montagnais. On est loin de l'opulence du village huron. Mais un ravissant musée à visiter. Art vestimentaire, aquarelles, peintures, sculptures, mobilier contemporain, canoë d'écorce de bouleau révèlent un raffinement inouï, je craque !

    Chicoutimi, les fjords de la rivière Saguenay où s'ébattent les baleines. Halte au bord de la rivière Chicoutimi pour une fondue chinoise chez Louis Page, un Lyonnais installé là il y a trente ans, disciple d'Anton Geesink, devenu professeur de survie dans un collège. Oui, ça existe !

    Le parc des Laurentides, ses orignaux que nous n'avons pas vus. Les baleines de la baie de Tadoussac et des Grandes Bergeronnes...

    Des images grandioses décrites dans le désordre et mêlées à des promenades dans le vieux Québec, au sommet des gratte-ciel, ou à une quinzaine d'heures d’Aïkibudo dans le superbe Dojo de Beauport.

    Hospitalité indescriptible. Moi-même et mon épouse chez Daniel Tabouret et Lisette Mercier-Tabouret, Éric et Catherine chez Richard Savard, seigneur de l'île d'Orléans, Jojo et Marie-Claude chez Fernande « Fanny » Grenier, la terreur des siffleux, Martine chez Mario et Marylin « l'Américaine » Venditti, les amoureux poètes et leur chien monsieur Boule.

    Épluchettes de blé d'Inde, pots de bière à la Ribouldingue, plats végétariens succulents au Mille-Feuilles, délicat repas au restaurant japonais où l'on apporte sa bière, safari moto à quatre roues chez Donald Caron.

    Lundi 21 août, nous rembarquons dans le bus de « l’Élite sportive de Beauport », à destination de Montréal, fief de Raymond Damblant Sensei.

     

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    Après l'immense village à l'Anglaise et les grands espaces du Nord-Ouest, c'est le choc de la grand-ville à l'Américaine. Quadrillage d'avenues, gratte-ciel, parcs grouillant d'écureuils et de marmottes, quartiers résidentiels cossus, clochards et mendiants dans le métro, riches rues commerçantes et anglophones, ruelles jonchées de papiers gras, aux poubelles débordantes et aux escaliers de secours pendouillant tout rouillés comme dans « Starsky et Hutch » !

    Un peu désemparé, le groupe, guidé par l'indispensable André Cannas, va découvrir Montréal underground ou nocturne. Jeudi soir, je dirige un cours à l'Hakudokan de Raymond Damblant. Je connais déjà Pascal, Robert, Roger, Linda et quelques autres. Le courant passe. Une amitié naîtra avec Nicole, l'ostéopathe et « Bilbo », le petit lutin... Mes élèves et ceux de Raymond se retrouveront pour un entraînement commun d’Aïkibudo, puis un autre de Kobudo. Rendez-vous sont pris pour les Montréalais en Haute-Normandie.

    Sugino Sensei et son fils débarquent à Montréal dans la nuit du 27 au 28. Je les croiserai au petit déjeuner pour un Ohayo Gozaimasu et un Sayonara.

    Le Lockheed 10-11 a décollé de Mirabelle à dix-neuf heures dix. Voyage rapide, une heure et demie de moins qu'à l'aller, ponctué par un apéritif, un repas chaud, la projection de « Qui veut la peau de Roger Rabbit », à ne pas confondre avec « Qui veut la b... ». Orly, sept heures trente. Autoroute A13. Saint-Léger-du-Bourg-Denis. Débarquement dans la réalité. Les rues étroites, les logements étriqués, la mauvaise herbe. Rêve du Québec...

      

     

    Il fut bien sûr tourné des heures de vidéo durant ce séjour et ceux qui ont suivi. En ces temps anciens, et en Amérique du Nord, il s’agissait du format NTSC (Neither The Same Colour pour les initiés) 60 périodes, 30 images par seconde contre 50 périodes, 25 images par seconde pour le SECAM français ou le PAL européen de l’époque… Pas question, donc, d’en emporter une copie.

    Après quelques années d’absence, je retournai à Montréal en 2005 et je découvris, dans la vidéothèque de mon hôtesse, l’intégrale de mes stages au Québec à côté de celle de not’ bon Maître ! Hélas, toujours au même format exotique.

    C’est là qu’intervient le génial Gustavo : il dispose déjà d’un système de numérisation au format VOB, celui des DVD. Après des heures passées à mouliner, sa machine nous fournit ce trésor historique sous forme de 4 DVD.  Quant au résultat... Les petites cassettes du caméscope ont été transférées sur une grande cassette pour magnétoscope qui a été recopiée puis numérisée... J’ai extrait un fichier VOB du DVD pour le convertir au format AVI afin de pouvoir en extraire une séquence et la diffuser sur le Blog... J’ai converti l’image en noir et blanc et je l’ai redimensionnée pour supprimer l’effet de moirage des couleurs. Il reste le son ! Il y a peut-être quelque chose à faire, par exemple le couper !

    Voilà le résultat : en ce temps-là, nous pratiquions encore un Kata de clés et immobilisations. Qui d’entre vous se le rappelle encore ?

    Beauport 1989 Kata Kansetsu par André Tellier

     

    signature message 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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