• 23/28 juillet 1979 : premier stage au Temple-sur-Lot.

     

    Voici la reproduction de l’article qui a célébré cet événement, paru dans le numéro 7 (décembre 1979) du bulletin de la FFAK.  

     

    STAGE d’AÏKI-DO À TEMPLE-SUR-LOT

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    Quatre cents mètres carrés de tatamis dans un Dojo ouvert sur trois façades : sur l’une, un champ de pruniers, sur l’autre, plan lointain sur de hautes collines atténuées d’une légère brume. Sur la troisième, une petite piscine qui ne manqua jamais d’amateurs durant une semaine caniculaire.

    Un immense bâtiment de style languedocien, abritant restaurant, dortoirs, sanitaires, et, derrière, au bord du Lot, planté de pruniers et de haies de merisiers, le terrain de camping. C’est là que, du 23 au 28 juillet, 100 stagiaires français, canadiens, hollandais vinrent suivre les cours de Maître Alain Floquet, 7ème dan d’Aïki-Do. Cent stagiaires pour l’ouverture du centre et le 1er stage d’Aïki-Do de Temple-sur-Lot. M. Gilbert BILAS, le maître des lieux, en fut on ne peut plus favorablement surpris. Non moins surpris, Maître Floquet qui se demanda un moment comment faire évoluer tout ce monde (du débutant au 5ème dan) pour le bénéfice de tout un chacun.

    Hélas, un grand Maître n’est pas infaillible et il germa dans son cerveau une idée étrange, voire saugrenue… Pensa-t-il que les hauts gradés étaient des adorateurs du soleil levant ? Toujours est-il qu’il fixa un cours pour les ceintures noires de 7 h à 8 h 30. Cela représentait une quarantaine de mécontents. Les Conseillers Techniques Nationaux(Alain Roinel, Edmond Royo, André Tellier), les disciples chéris (Daniel Dubreuil, Lionel Lefranc) vinrent en délégation persuader le Maître de revenir sur son erreur, prièrent, implorèrent, firent valoir que les bienfaisants rayons matinaux seraient ô combien plus utiles aux débutants… Le Maître fut inflexible et le 23 Juillet 1979, à 7 h, les plus hauts techniciens du Cera étaient sur le tapis, dans une tenue parfaite, tenue qui ne se démentit pas de toute la semaine, au grand étonnement de stagiaires d’autres disciplines, peu sensibles aux coquetteries vestimentaires. Comment, pensaient-ils, peut-on, après avoir joué au moulin à vent pendant 1 h 30, plier kimono et hakama fort soigneusement avant de se précipiter dans la piscine ?

    23/28 juillet 1979 : premier stage au Temple-sur-Lot.  Vue d’ensemble des stagiaires du STAGE INTERNATIONAL
    à Temple-sur-Lot – Ce stage était dirigé par Me A. Floquet 7ème Dan

     
    L’Aïki-Do est un grand jeu de la vie où l’on s’amuse, car la vie est d’abord une grande joie. Mais jeu n’est pas opposé à l’idée de travail dur, intense, avec des "pauses", des ralentissements, plutôt, où le sourire ne perd pas ses droits.

    Le style de Maître FLOQUET est viril, réaliste. Le regarder travailler est un régal pour la vue et pour l’esprit tant les mouvements sont souples, coulés, harmonieux et puissants ! À vouloir l’imiter, on dépense une énergie considérable, car les choses les plus simples sont les plus difficiles à reproduire si elles sont vraies. Les cours avaient donc lieu de 7 h à 8 h 30, cours réservé aux hauts gradés, puis de 10 h 30 à 12 h et de 17 h 30 à 19 h, tous les niveaux étaient rassemblés, les plus anciens mettant leur science au service des débutants. Un soir sur deux, de 20 h à 21 h étude des katas de l’école KATORI-SHINTO RYU.

    Maître FLOQUET n’enseigne pas nécessairement un programme de techniques, il enseigne plutôt une forme de corps, c’est-à-dire toutes sortes de mouvements, apparemment dissemblables, mais qui tous convergent vers une seule idée : une certaine façon d’utiliser son corps, ses mains, son ventre, ses jambes, ce que maître FLOQUET appelle LA forme de corps qui, selon lui, permet, quand on la possède, de reproduire n’importe quel Art Martial.

    La VÉRITÉ, mes frères en Arts Martiaux, est bien dure à chercher, ô combien dure pour nos cuisses, nos reins, au petit matin, quand l’air presque froid annonce un soleil incendiaire ! Il y a des moments où l’on se sent vieux, faible, débile. Les muscles sont lents à s’échauffer, chaque os saille au contact du tapis, le frottement du kimono sur les trapèzes devient insupportable. Qui donc a parlé de l’Aïki-Do pour 3ème âge, pour compétiteurs sur le déclin ? Le Maître a le souci du renom de son école. Il souhaiterait que le pire de ses cancres soit de son niveau, ce qu’il peut faire, chacun doit le faire… et chacun essaie de le faire, et souffre, et sue, et souffre, et insiste…

    On connaît le découragement. On se demande ce qu’on fait ici. On se dit que ce n’est pas si mal, après tout, de ne rien faire au soleil. On a mal, on prend conscience de ses vertèbres comment de cordes nouées cherchant à percer la peau, mais on connaît aussi la joie de réaliser le geste enfin comme il faut, la vraie harmonie avec son partenaire, pas celle de la danse légère, stupide parodie des Arts Martiaux, mais la vraie, celle qui naît de la réaction juste à une attaque juste.

    Certains Conseillers Techniques Nationaux, qui ne respectent rien – on se demande ce qu’ils font là ! – ont parlé de stage… "Boum ! Boum !". Avec du recul, il fut quand même drôlement bien, notre stage… "Boum ! Boum !"  


    André TELLIER

    Conseiller Technique National

     

     

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