• Le Temple-sur-Lot 1981

     

    C.E.R.A. 1981  

    STAGE D’ETE AU TEMPLE – SUR – LOT  

    LUNDI 20 JUILLET 1981 Sept heures trente. La fraîcheur matinale n’est vraiment pas de saison. Soixante-dix peRsonnes ouvrent le stage dirigé, comme tous les ans, par Maître Alain FLOQUET, 7ème dan KYOSHI.   A la gauche du Maître, les techniciens fédéraux et nationaux. Au bout du rang, le plus près du Maître, une place semble vide. Le Maître exprime une silencieuse inquiétude.   Premiers échauffements. Travail sur les éducatifs originaux de notre école. Le thème sera ce jour-là NIGIRI KAESHI, travail en forme de TE HODOKI, l’Art de "dénouer les noeuds", sur la saisie RYOTE IPPO. Ce type d’éducatif, mobilisant une forte énergie, amène les pratiquants à utiliser tout leur corps en fonction des réactions de l’adversaire.   Forme de base directe, forme en déséquilibrant l’adversaire sur son avant pour l’entraîner dans un demi-cercle, forme avec une réaction de l’adversaire vers le haut, obligeant ainsi à abandonner le bras saisi et à mobiliser l’ensemble du corps pour se dégager.   Cette progression permet d’acquérir des formes de corps réalistes, où l’on n’a pas à tenir compte de la complaisance de l’adversaire pour porter une technique. On passe ainsi insensiblement d’un travail dur et d’apparence statique à un travail évolutif total, mobilisant l’ensemble du corps dans un IRIMI complet, projetant l’adversaire sans trucage et sans gesticulation inutile. De la pureté du geste naît la satisfaction esthétique.   Dix heures trente. Second cours. La place la plus proche du Maître est toujours vide. Le Maître exprime son inquiétude à haute voix. Certains craignent l’accident.   Le cours continue avec la perception des sensations. Perception au moment de l’attaque, avec esquive en NAGASHI. Perception simultanée de l’attaque et de la réaction ; le SEN NO SEN en IRIMI. Perception de l’intention d’attaque où la défense peut faire penser à une agression.   dix-sept heures. La chaleur de l’après-midi a envahi le DOJO. C’est le cours de KO BUDO. Notre école est la seule à inclure dans son enseignement les KATA de KEN JUTSU, de BO JUTSU, de NAGINATA JUTSU et IAI DO de KATORI SHINTO RYU dont MOCHIZUKI Minoru SHI HAN est un des plus hauts gradés.   SUBURI, KATA simplifiés, KUMITACHI alternent de façon à acquérir insensiblement la forme de corps qui permet de s’adapter à tous les Arts Martiaux et de comprendre les KATA supérieurs.   Dix-huit heures trente. Le suspens angoissant est enfin levé. Votre serviteur, Disciple Aimé de Maître FLOQUET, vient d’arriver. Les raisons de 24 heures de retard ? La neige ! Et oui, en plein mois de Juillet, 1,50 m de neige au sommet de l’Iseran, la voiture couverte de neige dans le village de Bessans, les riches fleurs d’alpages enrobées de blanc dans l’éclat des phares... Le Puy Mary, en Auvergne, où se perdent des enfants... Mais me voilà, bravant les éléments pour servir mon Maître.   Une semaine s’écoule. Un autre stage commence le 27 avec 100 stagiaires, près de 50 ceintures noires et l’arrivée de l’autre disciple aimé, le GODAN Alain ROINEL qui sait subir les subtiles tortures du Maître avec tant de dignité.   Stage intense, efficace, basé non sur l’accumulation d’un catalogue de techniques mais sur la recherche d’un style, d’une forme, d’une sensation qui font que, quand le but est pressenti, les techniques s’harmonisent. Pas question de demander : "Maître, comme ça ou comme ça ?". La réponse serait : "Soyez sincères dans vos attaques et vos défenses, utilisez votre corps et non votre intelligence, et vous trouverez ; si vous ne sentez rien, il est inutile d’expliquer, vous avez compris..." (1)   On passe logiquement des formes figées du KATA aux techniques élaborées.   Bien sûr, un stage de 100 personnes est une lourde charge pour un seul homme. Maître FLOQUET sait compter sur le dévouement sans faille de ses disciples aimés, les super-techniciens cités plus haut : votre serviteur, le plus abîmé, Alain ROINEL, le plus ancien, le plus sérieux et le plus chevelu, Lionel LEFRANC, le plus myope, Jean-Jacques DELALANDE, le plus recherché par les enfants, Daniel DUBREUIL, le plus bavard et le plus souriant, Eric LEMERCIER, le plus récent et le plus sage l’an dernier...   Parmi les personnalités, il serait incorrect de ne pas citer nos amis Canadiens et Hollandais, Raymond DAMBLAN et Jaap HOOGENDAM, piliers des Arts Martiaux dans leur capitale, ainsi que Paul-Patrick HARMANT, qui dans la plus pure tradition des grandes Ecoles d’Arts Martiaux, fut mandaté par le Maître pour répondre au défi d’un farouche Ibère qui s’en allait répandant le bruit qu’un 3ème dan d’AIKI-DO était incapable de plier le poignet d’un 1er dan (2) Castellano. La démonstration fut de très courte durée, Paul-Patrick eût souhaité rencontrer plus de résistance afin de satisfaire convenablement le Maître. Mais Manolo s’en fut, vaincu, et peut-être convaincu... Il est bon de rappeler que Maître FLOQUET occupa durant plusieurs années le rôle très respecté professeur d’AIKI-DO à l’I.N.S., dans les cours de formation des professeurs de JUDO. Aux premiers championnats du Monde de KENDO, en 1971, alors SHODAN, il vainquit deux ROKKUDAN (6ème dan) par IPPON ! Son enseignement n’est pas théorique, il est le fruit d’une longue et REELLE pratique des Arts Martiaux. Ce n’est pas pour rien que les Maîtres Japonais le reçoivent comme un Maître. N’est pas n’importe qui l’assistant de Maître MOCHIZUKI Minoru au stage terminé, c’est toujours une page qu’on tourne, fin d’une saison ou aube de la suivante.(3) On a toujours le coeur serré en pliant bagages. On traîne. Gilbert BILAS, le directeur du Centre d’Arts Martiaux du Temple sur Lot, est toujours là, toujours disponible, toujours souriant, accompagnant les partants, accueillant les arrivants. La roue tourne, la route est pavée d’oublis et de souvenirs, semée de projets... Le JAPON l’an prochain ? Pourquoi pas ? Est-ce que ce sera aussi bien qu’au Temple sur Lot ?  

    Rédigé en DORDOGNE durant un très intense stage de sieste (Do Do).
     
    André TELLIER, 4ème dan C.T.N. D.E.
      

    Le Temple-sur-Lot 1981

    vue d’ensemble des stagiaires AIKIDO à Temple-sur-Lot, Stage dirigé par Me FLOQUET 7ème Dan    

    N.B. Ce texte est le fac simile de l’article paru dans le numéro 12 (octobre 1981) de la revue AIKIDO (FEDERATION FRANÇAISE D’AÏKI-DO ET DE KOBUDO), ne vous étonnez pas de la présence de 2 phrases tronquées. En ces temps anciens, les textes étaient dactylographiés. En cas de grosses erreurs, les corrections devenaient impossibles, il fallait retaper tout le document… La secrétaire bénévole a dû être effrayée par la masse de travail à refaire et décider de le laisser tel quel ! Je vous donne ci-dessous la correction des citations tronquées dans le texte original (de mémoire, 25 ans après !).  

    (1) Si vous ne sentez rien, inutile d’expliquer, vous ne comprendrez pas. Si vous sentez, inutile d’expliquer, vous avez compris.  

    (2) un farouche Ibère qui s’en allait répandant le bruit qu’un 3ème dan d’AIKI-DO était incapable de plier le poignet d’un 1er dan de judo Castellano.  

    (3) N’est pas n’importe qui l’assistant de Maître MOCHIZUKI Minoru au stage annuel du Kodokan, une grande fête qui rassemble les plus grands Maîtres du Judo Japonais. Un stage terminé, c’est toujours une page qu’on tourne, fin d’une saison ou aube de la suivante.

     

     

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