• Bilan du cours du 13 janvier 2010

     

    Le cours prévu le 6 janvier avait été annulé pour cause de Sibérie en Normandie. Quasiment un mois que l’hiver a pris ses quartiers, nous apportant ses couches successives de neige poudreuse ou mouillée, ses températures bien fraîches pour un automne finissant ou un hiver naissant...
    J’ai choisi le chauffage au bois. Non pas par souci écologique, pour économiser les énergies fossiles ou pour le charme indéfinissable du feu dans la cheminée... mais d’une part pour son côté économique, c’est encore le moyen le moins coûteux dans ma région et d’autre part pour son côté rassurant : le bois continue à brûler et à chauffer même en cas de panne d’électricité.
    En contrepartie, il faut le stocker. On dit que le bois chauffe trois fois : en le coupant, en le rangeant et en le brûlant. Parfois, certaines bûches se révèlent trop longues, il faut les scier, ou trop grosses, il faut les fendre...
    « Oh, Sensei ! (Il y en a qui m’appellent Sensei, alors je trouve que ça fait bien dans cette très longue intro) C’est quoi, votre bavardage sur la météo et le chauffage au bois ? Quel rapport avec l’Aïkibudo ? - J’y viens, impatient disciple, j’y viens... »
    Donc, ces derniers jours de grande froidure, j’ai dû manier le merlin, le coin et la masse pour fendre et les scies pour scier, ce qui est logique. Ce qui est moins logique, c’est qu’à très exactement 4 mois de mon entrée dans l’âge érotique (Ça fait rire Jocelyne et ça lui rappelle Gainsbourg), je me mette à fendre et à scier comme un bûcheron le matin du jour du premier cours de 2010. En fait, pas très logique parce qu’il est temps que j’apprenne à me ménager si j’en crois mon médecin qui trouve que j’en fais trop mais logique parce qu’il faisait froid et que je devais rentrer du bois...
    Alors, une petite tendinite au coude n’allait pas me gêner pour fendre et scier le bois à rentrer.
    Ce soir-là, le dojo était surchauffé. Le réglage devait être resté bloqué sur les conditions polaires de ces derniers jours alors que nous étions revenus aux températures positives.
    Après un démarrage très difficile de Itsutsu no Tachi, j’ai réussi à entrer dans la pratique et nous avons aligné sans hésiter Kenjutsu, Bojutsu, Naginatajutsu, Ryoto, Kodachi, Iai Katori, Iai Yoseikan, Gogyo... Ne manque plus que le Sojutsu !
    Les élèves sont arrivés. Nous mettons le Hakama... il fait vraiment très chaud.
    Un thème de plus en plus abordé au cours des stages de formation est le passage du Chika au Ma. Il y a quelques années que je construis mes cours et mes stages sur ce thème lié à la notion de mouvement.
    Pour préparer le cours du 13 janvier, je me suis servi d’une saisie qui permet de développer diverses sensations d’attaque, Muna Dori, et d’une technique qui se prête à des entrées directes, Mukae Daoshi.
    À partir d’une base statique, Muna Dori permet de travailler les sensations de traction et de poussée, les réponses en forme Irimi et Tenkan.
    Mukae Daoshi se porte aisément sur une entrée directe et autorise également des formes fluides, de grands déplacements... les notions de Tai no Sen, Sen no Sen, Go no Sen sont abordées de façon implicite.
    Mon Uke est un jeune homme solide, carré. Il apprend peu à peu son « métier » de Uke. Il apprend à ressentir, sans anticiper, sans « se laisser faire ». Il a encore parfois besoin que le Maître, à qui il rend une trentaine d’années et qui lui rend une dizaine de kilos, lui fasse sentir sa technique avec réalisme avant de poursuivre en toute sérénité et fluidité.
    Mukae Daoshi forme Irimi. Immobilisation. Mukae Daoshi forme Tenkan. Immobilisation. Conduire l’approche technique de l’application utilitaire à la forme fluide de façon à éviter le conditionnement, la création d’actes réflexes.
    Quelle mouche me pique ? Quel besoin de vouloir prouver que le vieux Taureau (je suis né un 13 mai, vous l’avez deviné plus haut si vous avez bien suivi) a encore de la réserve, que le vieux Lion (c’est une image populaire) a encore des griffes ?
    Distance Ma, même garde. Muna Dori. Nagashi, contrôle de l’avant saisie, déséquilibre avant de Uke, renversement... Ma main glisse vers son épaule, mon coude soulève son menton pendant que ma main libre le pousse au creux des reins. Flexion, extension. Les 85 kilos de Uke sont propulsés à l’horizontale, à 1,50 m du sol... Comme autrefois... Pour la frime... Et en prime une douleur aiguë à l’avant-bras, du pli du coude au niveau du pouce et ça rayonne sur le dessus de la main. Claquage ? Peut-être. Je découvre que les mouvements en supination deviennent subitement douloureux. Une si longue intro pour une fin si triviale ! Ce n’était pas fini car nous en étions au milieu du cours et il me fallut bien aller au bout de mon projet. Mon bobo fut mis au compte de mon grand âge, on devient fragile avec les années.
    Il semblerait que je ne m’en sois pas si mal sorti puisqu’on m’a dit : « Écris bien sur ton blog que ce cours était excellent. » P’têt ben mais il faut que j’arrive à la fin de mon discours parce que mes misères se réveillent dès que je cliquette un peu trop longtemps sur le clavier. Et puis ce n’est pas à moi de le dire.

     

    Muna Dori, Ushiro Eri Dori : du Chika au Ma

    Muna Dori Chika Ma : placement de la force

    -> Mukae Daoshi : dégagement avec le bras, renversement direct

    Tori est sans garde

    • forme statique a priori
    • Uke tire Tori qui avance le pied extérieur : forme Irimi
    • Uke pousse Tori qui recule le pied extérieur : forme Tenkan

    Muna Dori Ma : notion d’avant saisie

    -> Mukae Daoshi

    Tai no Sen : Irimi, entrer en levant le bras pour esquiver la saisie, renversement direct, c’est la notion de Tai no Sen, l’attaque et la défense sont simultanées.

    Sen no Sen : C’est la défense appliquée dès la perception de l’intention d’attaquer, Tori entre et, ce faisant, déclenche l’attaque de Uke qui se trouve en retard. Renversement direct.

    Modification de la forme en fonction de la garde

    Go no Sen : la défense est en retard sur l’attaque

    Application de Nagashi pied avant ou pied arrière en fonction de la garde. Mukae Daoshi forme Irimi et Tenkan.

    Ushiro Eri Dori : réaction en poussée ou traction

    -> Mukae Daoshi

    1er cas : Tori tourne vers l’extérieur

    Poussée : Tori avance la jambe intérieure en bloquant les doigts de Uke en tirant sur ses revers. Rotation, attaque du bras de Uke avec le coude, Mukae Daoshi forme Irimi

    Traction : Tori recule la jambe extérieure en bloquant les doigts de Uke en tirant sur ses revers. Rotation, attaque du bras de Uke avec le coude, Mukae Daoshi forme Tenkan

    2e cas : Tori tourne vers l’intérieur

    Atémi au visage. Tori passe sous le bras de Uke et entre comme précédemment

    Prolongements à envisager

    Dérouler les 3 séquences (Chika Ma, Ma et Ushiro Eri Dori) avec Kote Gaeshi, Kote Kudaki, Shiho Nage, Yuki Chigae.

    Sensibiliser aux techniques analogues (utilisant la même entrée)

    Randori : toutes techniques sur Muna Dori distance Ma et Ushiro Eri Dori

     

    « Bilan du cours du 16 décembre 2009Bilan du cours du 20 janvier 2010 »