• Bilan du cours du 20 janvier 2010

     

    Votre humble serviteur s’est tenu tranquille pendant une semaine... Il faut dire que pendant deux jours, soulever une simple tasse de café de la main droite, ou se laver les dents, c’était devenu une épreuve qu’il n’était possible de réussir qu’avec l’assistance de la main gauche qui soulevait le poignet droit.

    « C’est malin, m’ont dit les gens raisonnables. À ton âge... ». Heureusement, j’avais ma chienne pour me soutenir. Elle s’en moque pas mal, de mon âge. Ce qui lui importe, c’est notre longue balade quotidienne et quand c’est l’heure, c’est l’heure.

    J’ai été raisonnable, je n’ai pas touché mon bokken de toute la semaine. J’ai médité et je me suis conditionné à l’idée d’un cours bien pépère, bien fluide pour le 20 janvier...

    « Pendant les cinq premières minutes ! » m’a dit Pierre d’un air d’avoir l’air de le dire en haussant les épaules, « Pendant les cinq premières minutes... ». Que nenni, j’avais bien préparé un cours bien pépère, bien fluide, propre à ménager au mieux mon bras douloureux (c’est une figure de style, pour faire bien dans la phrase et susciter un peu d’émotion chez mes lecteurs).

    En fait, le cours pépère et bien fluide, c’était peut-être aussi une figure de style propre à mettre le groupe en condition.

    « Wa no Seishin... » soupirent les plus robustes et combatifs qui aiment les confrontations rustiques et efficaces.

    « Wa no Seishin ! » gloussent les plus pusillanimes qui craignent les mouvements sobres et pragmatiques ...

    « Wa no Seishin ? »  s’inquiètent les débutantes qui envisagent avec angoisse deux heures de roulades épuisantes.

     

    和の精神

    C’est un concept très ancien, l’esprit d’harmonie, qui était paraît-il présent dans l’enseignement de Morihei Ueshiba et de Jigoro Kano. Il s’agit d’utiliser sa force et son énergie en harmonie avec l’attaque de l’adversaire. Il ne s’agit en aucun pas d’une danse éthérée exécutée avec le petit doigt en l’air ! C’est la technique sans la technique, le mouvement à l’état pur. C’est aussi le commencement et l’aboutissement.

    Une seule contrainte : utiliser l’énergie de l’attaque pour dessiner le mouvement qui aboutira à la projection, sans jamais reprendre soi-même une saisie.

    Le cours va pouvoir se construire sur les notion d’Irimi et Tenkan, sur les sensations de Sen no Sen, Tai no Sen, Go no Sen.

    L’étude des Wa no Seishin peut s’envisager sous diverses approches. Une approche sensitive, instinctive ou une approche intellectuelle, analytique. Les deux s’alternent ou s’imbriquent. Il faut rechercher la sensation et échapper aux stéréotypes. Se laisser emporter par l’harmonie du mouvement, son aspect esthétique et aller plus loin dans la découverte du pragmatisme de la démarche, l’aspect utilitaire du placement de la force et du déséquilibre. Comme un Te Hodoki en mouvement...

    On s’aperçoit qu’il faut dégager beaucoup d’énergie, qu’on s’essouffle très vite si la respiration est mal placée. En fait de roulades « pépères », on éprouve parfois la sensation de tomber dans le vide.

    Les quatre-vingt-cinq kilos de mon apprenti Uke commencent à me paraître légers. Nous progressons, tous les deux. À la fin du cours, des perles de sueur luisent sur les fronts et des auréoles d’humidité fleurissent sur les kimonos. Les visages expriment une confortable lassitude à l’issue d’un cours bien pépère et bien fluide. Et même pas mal au bras.

     

     

    FICHE TECHNIQUE

    Échauffement

    Te Hodoki de face, formes de base et variantes, appliqués avec souplesse

    Étude technique : Wa no Seishin

    N.B. toutes sortes de variantes sont envisageables autour des schémas proposés, notamment en fonction de la taille de Uke, de sa tonicité, de ses réactions.

    Jyunte Dori

    • Nagashi, centrer en ramenant la main verticalement dans l’axe, projection vers l’avant en avançant la jambe intérieure. Attention aux « moulinets » parasites.
    • Entrée Irimi jambe extérieure, paume vers le sol, la projection en retournement aboutit en amenant la main sur le tatami.
    • Entrée Irimi, jambe intérieure, passer sous le bras de Uke, pivoter, projeter vers l’avant en avançant la jambe intérieure et en « coupant » le pied avant de Uke.
    • Nagashi pied avant, ramener dans l’axe pour entraîner Uke dans son déplacement, projection en retournement en « coupant » l’intérieur du poignet de Uke.
    • Nagashi pied avant, ramener dans l’axe pour entraîner Uke dans son déplacement, repousser vers l’arrière et passer sous le bras de Uke, pivoter et projeter vers l’avant en avançant la jambe intérieure et en « coupant » le pied avant de Uke. Une piste : décrire le mouvement comme un L en trois dimensions.
    • Nagashi pied avant, centrer pour entraîner Uke, enrouler la main autour du poignet de Uke vers son visage de façon à provoquer une réaction vers l’arrière. Continuer le mouvement vers l’avant, avancer la jambe intérieure en « coupant » le pied avant de Uke.

    Dosokute Dori

    • Nagashi pied avant, centrer en ramenant dans l’axe, enrouler la main autour du poignet de Uke vers son visage de façon à le faire pivoter. Continuer le mouvement vers l’avant, avancer la jambe extérieure en « coupant » le pied avant de Uke.
    • Nagashi pied avant, centrer en ramenant dans l’axe, continuer à entraîner Uke pour le faire passer derrière, Nagashi pied avant, projeter en posant le genou (correspondant à la jambe avant au démarrage de l’exercice) au sol
    • Entrée Irimi « latéral » en avançant la jambe intérieure pour faire pivoter Uke sur son pied avant et le placer en opportunité de saisie arrière, le faire passer de l’autre côté de l’attaque et le projet par extension vers l’avant tout en amenant le genou intérieur au sol avec un retrait du corps.

    Randori : Wa no Seishin sur toutes saisies

     

     

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