• Seme, Uke, Tori

     

    En Judo, on emploie traditionnellement les termes Uke dans le sens de celui qui subit et Tori dans le sens de celui qui agit. Ces termes ont été repris par l’Aïkido Jujutsu du Yoseikan puis par l’Aïkibudo.
    Toutefois, dans les années 80, not’ bon Sensei exprimait déjà une autre vision de la terminologie. C’est ainsi qu’il écrit dans le « petit livre gris » paru en 1985 :

    - SEME est le partenaire qui attaque et subit la riposte par atémi ou projection
    - TORI est le partenaire qui se défend, se défait des saisies et des attaques et porte la riposte

    Pourtant, près de 35 ans plus tard, cette terminologie n’est pas encore vraiment utilisée !
    Il y a quelques mois, j'avais recherché quels Kanji étaient utilisés pour écrire Randori. J’avais noté 2 écritures : 乱取りet 乱捕り.

    Le premier Kanji, Ran, signifie rébellion, trouble, désordre. C‘est le titre du célèbre film de Kurosawa.

     Seme; Uke, Tori

    Sur le site https://jisho.org/  et sur le  dictionnaire en ligne https://www.webdico.com/indexf.html, j’avais trouvé 取り et 捕り qui se lisent tous les deux Tori, Dori et signifient prendre, saisir, tenir, enlever, ôter, obtenir, attraper.
    J'en ai déduit que pratiquer le Randori, c’est prendre le désordre pour l'enlever.
    Celui qui prend s ‘appelle donc Tori. Il prend le désordre, il n’attend pas que le désordre vienne à lui. Il va le chercher pour le remettre en ordre.

    Quant à celui qui attaque… Attaquer se dit Semeru 攻める. On devrait donc bien l'appeler Seme 攻め mais on le nomme encore couramment Uke (de Ukeru 承ける recevoir). C’est vrai qu’il peut recevoir des baffes.
    Quand, observant un Randori, je rappelle Tori à l’ordre en lui demandant d’anticiper l’attaque, d’aller chercher Seme si son attaque est lente, et même éventuellement de le bousculer s’il est passif, je lui rappelle le sens de 乱取り : prendre, enlever le désordre.
    Il semblerait à présent qu’il soit préconisé d’utiliser les termes Seme et Uke... Soit, il est maintenant évident que, dans notre Art, celui qui porte l’attaque se nomme Seme.
    Uke, en Judo, est passif, il subit, ce ne serait qu’un mannequin s’il n’était doté de la tonicité d’un corps humain. On ne parlera de Uke et Tori que dans la situation d’étude d’une technique, en Uchi Komi par exemple (de Utsu 打つ frapper et Komi 込み pénétrer dans le territoire, d’où le verbe Uchikomu 打ち込む  aller droit au but), mais en compétition, ou dans un combat, il n’y a plus ni Uke ni Tori mais 2 adversaires qui cherchent chacun à vaincre l'autre.
    Dans la pratique de notre Art, celui qui est en face de Seme se contente-t-il de recevoir ? Que nenni, il entre, il esquive, il canalise, il prend. Et prendre se dit Tori.
    Notre Art s’exprime pleinement au cours du Randori. Celui qui est en face de Seme n’attend pas. En fait, en situation de Sen no Sen, c’est lui qui attaque par anticipation, il ne reçoit pas, il va prendre.
    L’étude technique de notre Art ne porte pas ses fruits si elle n'est pas longuement investie dans le Randori qui semble trop peu pratiqué. Trop souvent, les partenaires sont statiques, Seme attend pour attaquer, Tori attend pour entrer et se comporte en ce cas en Uke, il attend de recevoir pour réagir.
    En conclusion, nommer Uke celui qui va entrer dans le mouvement pour porter la technique ne me convient pas, ça ne correspond pas à l’attitude positive, déterminée qu’il doit démontrer.
    Je n’attends pas de recevoir une attaque pour réagir et me défendre, j’entre dans l’attaque que je prends pour la canaliser et la contrôler à l’issue du mouvement sous forme d’une projection ou d’une immobilisation.
    J’agis en Tori. Ou alors je ne suis plus en Randori mais en Ranuke ? Ça existe ! Ça s’écrit 乱受け et ça signifie irrégularité (traducteur Google) ou perturbation (traducteur Bing).
    Au fait, Randori, ça signifie aussi inondation pour Google (乱取り) et turbulence pour Bing (乱捕り)... De quoi imaginer d'autres formes de Randori !

    N.B. En Aïkido, on utilise Uke et Tori mais aussi Aïte ( réciproque la main), celui qui prête sa main ou l’adversaire armé qui fait face à Tori, à la fois partenaire et adversaire, pour noter que le partenaire n’est pas passif.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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