• Bilan du cours du 18 novembre 2015

     

    Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. (Roland Barthes)

    Si l’exceptionnel feu d’artifice automnal, fait des camaïeux de jaunes, rouges, marron, ne s’était éteint pour laisser des arbres dénudés, ce pourrait être une fin de journée de la mi-septembre, sous un ciel si bleu, dans un air si doux... mais nous sommes le 18 novembre et cette date me rappellerait plutôt un corps frileusement recroquevillé dans son manteau au col relevé pour se protéger d’une brise cinglante.

    Voyager sans rencontrer l'autre, ce n'est pas voyager, c'est se déplacer. (Alexandra David-Néel)

    Depuis la rentrée, nous sommes abonnés au nombre 10. Mélanie est revenue, débarrassée de ces virus qui font rougir les yeux et couler le nez mais Jeannot a dû s’absenter au dernier moment. C’est donc un groupe d’une dizaine de passionnés qui monte sur le Tatami, 5 Yudansha et 5 Kyu, ce qui va faciliter les échanges entre niveaux différents.

    Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu'une forêt qui pousse. (Adage Indien)

    À chaque début de cours se pose la question existentielle : « Qui va diriger l’échauffement ? » puisque, désormais, à cause d’un vieux genou, je n’assumerai plus cette tâche primordiale.
    Mélanie, soucieuse du fait que chacun soit mis en valeur, me dit que Stéphanie souhaiterait en prendre la charge... Stéphanie est très timide et je trouve son désir très louable. Je lui accorde ce privilège et elle manifeste sa joie avec une très grande retenue.
    Accepter de venir au centre, assumer un rôle auquel on n’a pas été préparé est une étape essentielle dans une vie consacrée à l’étude de notre Art car notre Voie passe par la transmission. Transmettre est essentiel, il est bien évident qu’il nous faut approfondir notre connaissance de notre Art si nous voulons le faire comprendre à ceux qui nous suivent.

    Je ne fais pas confiance à la gloire (Maria Callas)

    Après un échauffement dirigé avec une belle autorité, Stéphanie fait exécuter quelques séries de roulades. À ce sujet, j’explique que, si nous pratiquons dans des conditions très confortables sur une belle surface de 200 m², nous y perdons le sens de la vigilance. Je propose donc quelques exercices de chutes « courtes » sur l’espace d’un Tatami !
    En conclusion, nous passons à la révision de O Irimi Tsuki Chudan et Jodan. J’en profite pour aborder la notion de sensation.
    Sur Tsuki Chudan, je peux prévoir l’attaque que je peux avoir provoquée. J’ai la sensation de ce qui se passe avant : Sen no Sen.
    Sur Tsuki Jodan, j’entre simultanément à l’attaque, j’ai eu la sensation de l’action du corps de Uke : Tai no Sen.
    L’exercice se déroule sous la forme entrée -> O Irimi -> rotation du bassin, coude dans le dos de Uke -> retour du bassin -> O Irimi pour reprendre sa place.

    On constate une erreur très répandue : Tori entre sur Tsuki Jodan en levant le bras, comme sur une attaque Shomen Uchi ou pour exécuter Shinogi. C'est dû au fait qu'il regarde le poing de Uke et essaie inconsciemment de l'écarter. Je rappelle que l’entrée se fait bras tendu, main au niveau du coude, Tori n’a pas besoin de repousser le bras de Uke, une rotation de la main suffit, éventuellement appuyée par une rotation de bassin mais ce n’est pas le cas dans cet exercice.

    Pour conclure ce travail préparatoire, un petit travail de canalisation s’impose. L’exercice se fait par 2, Tsuki Chudan suivi de Tsuki Jodan. Il ne s’agit pas encore d’un Randori canalisation, donc lenteur et précision sont de rigueur.

    On ne peut voir la lumière sans l'ombre, on ne peut percevoir le silence sans le bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie. (Carl Gustav Jung)

    Nous pouvons entrer dans le thème du cours. Tout le travail, jusqu’ici, a été effectué en Gyaku Hanmi ( inverse, contre, 半身 moitié du corps) c’est-à-dire en profil opposé. Cette garde implique l’entrée extérieure. Nous allons maintenant nous positionner en Ai Hanmi ( réciproque 半身 moitié du corps) c’est-à-dire avec le même profil. Cette garde rend difficile l’entrée extérieure et induit donc une entrée intérieure.
    Cette entrée est risquée, il convient de préserver la distance de sécurité, la longueur d'un bras, en maintenant Uke dans l’axe. Les exercices se pratiqueront sur Tsuki Chudan.

    Le toucher est le plus démystificateur de tous les sens, à la différence de la vue, qui est le plus magique. (Roland Barthes)

    Tori entre en contrôlant l’attaque de Uke au niveau du coude. Dans le second temps de O Irimi, il contrôle la tête de Uke au niveau de la nuque et l’entraîne. Cette action permet de contrôler le bras de Uke en repliant son avant-bras sur son épaule. Le contrôle se fait très serré au niveau de la ceinture. La technique portée est Kataha Otoshi ( épaule, -se dit Hane- aile, 落とす -otosu- faire tomber).
    La première forme se fera en immobilisation dont les différentes phases de contrôle demandent beaucoup de précision.

     Ce qui se vérifie ci-dessus.

    Faites des bêtises, mais faites-les avec enthousiasme. (Colette)

    Ensuite nous abordons 2 formes de projection avec Kataha Otoshi. Tori entre en contrôlant l’attaque de Uke au niveau du coude. Dans le second temps de O Irimi, il contrôle la tête de Uke au niveau de la nuque et l’entraîne. Cette action permet de contrôler le bras de Uke, les 2 mains tranchant sur le coude, l’ensemble tenu serré au niveau de la ceinture. Tori avance le pied intérieur ce qui le met en position pour refaire O Irimi et projeter Uke, la projection se faisant avec une rotation du bassin :

    • Tori libère le bras de Uke qui effectue une roulade
    • Tori maintient le contrôle serré, Uke est « jeté »...

    On voit qu’il n’est pas si facile pour Tori de « libérer » ses bras dans la première forme, il s’agira de parvenir d’utiliser sa force avec fluidité. Quant à la 2ème forme, elle demande un bon contrôle du bassin pour assurer la stabilité sur les jambes.

    L'humour est une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l'Homme face à ce qui lui arrive. (Romain Gary)

    Pour Kataha Otoshi, Tori a contrôlé le bras de Uke au niveau du coude, ce qui a provoqué un « enroulement ». Cette fois-ci, le contrôle va s’effectuer au niveau du poing de façon à une exercer une subtile canalisation. Tori contrôle la tête de Uke mais sans l’accrocher comme précédemment. L’idée serait plutôt de baisser sa tête pour permettre au bras de Tori de passer au dessus de façon que la main vienne se placer contre l’autre, sous le poignet de Uke. Cette main vient relayer la canalisation en effectuant un grand mouvement circulaire qui lui permet de saisir le poignet pendant que l’autre contrôle le coude. Tori amène le poignet de Uke au niveau de sa hanche en effectuant un retrait de la jambe extérieure (une sorte d’aspiration) puis avance la jambe intérieure en repoussant le bras de Uke dans son épaule : Robuse (櫓伏せ, Ro, rame, godille, 伏せ Fuse, se baisser) dans sa forme projection.

    Le travail de Harold est très appliqué, il devra veiller à gommer une erreur très répandue, il remonte les épaules en portant Robuse, offrant ainsi à Uke l’opportunité de se relever. Il lui manque le retrait du corps avant d'entrer pour projeter. Le plus difficile restant la perception de la canalisation... on a le temps.

    La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence, infiniment plus profonde. L'intelligence a des limites, la bêtise n'en a pas. (Claude Chabrol)

    Au lieu de laisser sa main sous le poignet de Uke, cette fois-ci il vient au-dessus pour la saisir, pouce sur pouce, les autres doigts agrippés sur le tranchant. En effectuant le mouvement circulaire qui renvoie le bras de Uke vers l’avant, Tori arrête cette action en venant placer la main de Uke sous sa clavicule et en poussant vers l’avant. Le bras de Uke est plié et l’ensemble bras, avant-bras, poignet forme un Z. Poussée descendante sur le coude, torsion ascendante de la main... tout le plaisir de Kote Kudaki (小手 avant-bras 砕く -kudaku- briser en 1000 miettes)


    De dos, ce n'est pas spectaculaire...


    On ne peut espérer tout avoir. Le succès a un prix qu'il faut payer. (Romy Schneider)

    De face, on voit mieux ce qui se passe. Comme d’habitude, Sébastien perd ses moyens quand il est filmé !

    Mais il sait se reprendre...

    La question n'est pas seulement : « Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? » mais aussi : « Quels enfants laisserons-nous à notre planète ? » (Pierre Rabhi)

    Encore une fois, le temps passe trop vite, l’heure de la fin du cours est déjà dépassée mais comme les 2 pendules sont en panne, personne ne s’en rend compte, ce qui donne droit à une série de Randori, on ne néglige pas le dessert après un bon repas !


    La modestie va bien aux grands hommes. C'est de n'être rien et d'être quand même modeste qui est difficile. (Jules Renard)

    Beaucoup de publications sur le « Blog » , ces derniers jours. L’actualité est riche. Il faut informer, partager. Ne pas céder aux mauvaises influences. Rester modeste... Notre Art est fait de tâtonnements, de milliers de répétitions, de quête de la sensation, ce n'est pas facile, vous le savez bien. Ces vidéos que je vous présente après chaque cours ne sont pas des démonstrations, elles font appel à la bonne volonté des participants qui acceptent de voir filmées leurs erreurs de façon à permettre de détecter les difficultés les plus fréquentes et de partager ainsi nos recherches pédagogiques.
    Je les remercie sincèrement et je suis fier d'eux.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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