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    Jeudi dernier, c’était le 4 octobre, il était environ 20 h, j’emmenais not’ bon Sensei et son épouse au restaurant, Chez L’Gros, rue de la Vicomté. Cette rue avait été célèbre dans mon petit monde estudiantin, à la fin des années 50, à cause d’une forte personnalité, en fait une grosse dame qui nous paraissait très âgée et qui, le soir, exerçait sa noble profession de péripatéticienne chaussée de vieilles pantoufles... mais ce n’est pas là l’objet de ma réflexion.

    Presque en bas de la route de Neufchâtel, j’ai pris mon raccourci habituel par la rue de l’Avalasse. Ce n’est certainement pas cette rue qu’il faut prendre pour faire découvrir les joyaux architecturaux de notre belle ville de Rouen ! Étroite, bordée de part et d’autre de murs gris, elle n’eut d’intérêt que par la présence de l’École Hôtelière aujourd’hui transférée à Canteleu...

    Passé le virage et la sensation d’entrer dans un tunnel à ciel ouvert, le regard se concentre au milieu de la rue pour éviter de se heurter aux hideux tags qui s’ajoutent à la laideur de l’endroit. Jack Lang eut beau élever les graffitis au rang d’œuvres d’art en 1991, je n’apprécie pas du tout cet « art rupestre urbain », je n’y vois la plupart du temps que des marques de vandalisme n’ayant d’autre but que de laisser ici et là des chiures... comme d’autres défoncent les descentes de gouttière en zinc... est-ce là aussi une forme de création artistique ?

    Toujours est-il que, presque à hauteur de l’institut Jean-Paul 2, bonté divine, mon regard est interpellé sur ma gauche par un graffiti très différent des autres, non pas par la qualité de sa réalisation aussi chiure que les précédentes mais par son contenu :

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    Ai-je la berlue ? Je sors mon bon Sensei de sa rêverie, l’invite à constater, à confirmer ma vision... Nous regardons de plus près...

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    Pas de doute, c’est bien le nom du merveilleux Sensei, de l’adorable vieux Maître que nous lisons. Comment un crétin des caniveaux, un barbouilleur des murailles lépreuses connaît-il Yoshio Sugino ?

    Est-ce l’œuvre d’un licencié haut-normand pas tout à fait fini du cortex ? S’agit-il d’un nigaud basique qui a entendu ce nom et qui  a cru qu’il s’agissait d’un rappeur japonais ?

    Si notre regretté Sensei avait vu ça, il n’aurait pas manqué d’en rire car au sein de toutes ses qualités se nichait un merveilleux sens de l’humour.

    Alors, benêt inconnu, agité de la bombe à peinture, qui que tu sois, je te remercie de m’avoir permis de faire un bond de 30 ans dans le passé, de ressusciter quelques instants merveilleux de ma modeste vie de Budoka. Après tout, tes tags ne défigurent guère ces murailles à l’aspect triste à mourir !

    Je serais quand même curieux de savoir comment il se fait que tu connaisses le nom de Sugino Yoshio Sensei...

    Graffiti

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