Bilan du cours du 10 octobre 2012

 

Je n’invente rien, je transmets. (Confucius)

À 18 h, j’ai pris la route du club avec Lara et ma genouillère... j’ai le genou en vrac et je suis seul – avec Lara – jusqu’à la fin de la semaine. Pas question de laisser la fifille seule toute la soirée et pas question non plus de dévaster mon genou droit déjà promis à un destin funeste.
Tout va bien jusqu’à la sortie de Darnétal : une déviation ! De quoi me mettre de mauvaise humeur !
Finalement, j’arrive à l’heure. Pedro est déjà sur le tatami, il initie Stéphanie à Itsutsu no Tachi. Lara repère les lieux, reprend ses marques.

 

Le droit de ne pas réfléchir est l’un des premiers de l’homme adulte. (Tristan Bernard)

Je retrouve le plaisir de donner un cours dans ce Dojo qui est un peu mon œuvre. J’en raconterai l’histoire, elle le mérite, cette « salle de sports » bâtie en 1957, ne répondant à aucune norme mais devenue en 1980 un dojo modèle et le Shibu de la Haute-Normandie...
Ce soir, elle reçoit encore 8 Kyu et 7 Yudansha dont Jaafar venu m’annoncer que ce serait son dernier cours avec nous, il va s’installer définitivement  entre Marseille et Aix-en-Provence.  C’est ce que je devrais faire, j’ai tant de mal à supporter l’humidité et la grisaille. Mais c’est ici que j’ai bâti le monde sur lequel je m’appuie aujourd’hui.

 

La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. (Louis Pasteur)

Guillaume est chargé de l’échauffement. Étonnant comment il a pris de l’assurance. Je l’ai connu si mal à l’aise, en plein doute, somatisant probablement au niveau des lombaires... tiens, ça me rappelle quelqu’un. Et pourtant de toute évidence doué... tiens, ça me rappelle quelqu’un.
Il a acquis de la prestance, assuré son élégance, gagné en précision et fluidité. Il lui reste à percevoir son environnement, repérer les erreurs (une erreur classique est la roulade en « crabe » et non en ligne) et s’en servir pour construire son cours. C’est au travers de ses erreurs qu’on progresse. On ne mémorise pas ce qui s’est fait avec une apparente facilité, on n’en a capté que l’apparence. Tout le monde n’a pas l’aptitude à « voler la technique ».

 

Paresse : habitude prise de se reposer avant la fatigue. (Jules Renard)

Les premiers cours de la saison peuvent paraître fastidieux aux Yudansha car les cours sont d’abord dédiés aux débutants. Initiation aux roulades. Apprendre à se déplacer. Rectifier sans cesse les postures de garde. Apprendre à frapper « avec les hanches »... Toutes choses que les Yudansha ont possédé mais oublient s’ils ne pratiquent pas l’autocritique ou si personne n’est là pour les replacer en ligne. Le corps est paresseux, il faut constamment le rappeler à l’ordre, le stimuler, le sortir de son penchant à la facilité.

 

Pour échapper à la critique, ne rien faire, ne rien dire, n'être rien. (Ebert Hubbard)

Mélanie et Jeannot sont chargés de rappeler les points essentiels de O Irimi sur Choko Zuki. Mélanie maîtrise très bien ses bases mais il lui est encore difficile de les conceptualiser. Pour enseigner avec efficacité, il faut être exigeant avec soi-même pour être capable de l’être avec ses élèves.
Je m’aperçois que les grands débutants n’ont pas encore acquis la garde de base : jambe arrière tendue, en appui sur les orteils, genou avant à l’aplomb des orteils, ventre en poussée avant... pas de roulade, encore moins de chute si ces éléments ne sont pas acquis.
Un garçon frappe avec l’épaule, en se déséquilibrant, une poussée suffirait à le faire tomber. Il faut le replacer, lui imposer physiquement les postures. Tout concourt à la sécurité, de soi-même et des autres, et tout est nécessaire pour envisager d’aborder une progression.
Ce n’est que comme ça que peuvent se comprendre les « points essentiels » de l’exercice : avancer le pied arrière en restant dans la même garde, corps vertical et main avant bloquant l’attaque de Uke, effectuer ensuite une rotation de 180°, avec éventuellement le test du coup de coude dans le dos de Uke.
Mélanie enchaîne avec l’initiation à la canalisation. Le randori canalisation devrait pouvoir être abordé dès la prochaine séance.

 

蓼食う虫も好きずき 

Tade Ku U Mushi Mo Suki Zuki
Manger du 'Tade' (une épice particulièrement forte), même les insectes ont leurs préférences.
Chacun ses goûts.

Aujourd’hui, je vais aborder l’étude de O Irimi sur Tsuki Jodan. Il est évident qu’il n’est pas possible d’entrer sur une attaque au visage comme on le fait sur une attaque en Chudan. Le premier geste consiste à dévier l’attaque et à l’abaisser. Tori vient contrôler le bras de Uke au niveau du coude en le déviant vers l’intérieur et l’abaisse en glissant la main vers le poignet. Le O Irimi s’effectue ensuite.
Dans l’exercice proposé, Tori avance en allant chercher l’épaule de Uke pour le déséquilibrer sur l’avant puis, pendant le « Nagashi » sa main glisse vers l’avant-bras ou le poignet.

« Vous encore puisé dans votre stock d'antiques vidéos, Sensei André ?
- Bien sûr, petite ortie !
- Il y avait déjà la couleur à cette époque, Sensei si imaginatif ?
- Sache, petit roncier, que le premier film en couleurs date de 1932.
Il s'appelle Des Arbres et des Fleurs.Et je te l'offre ! »

 

渡りに船 

Wata Ri Ni Fune
Un bateau pour la traversée
Être dans une situation difficile et recevoir une aide inespérée.

Une première série d’exercices va porter sur Kote Gaeshi, forme flexion pour tout le monde, forme Neji pour les Yudansha.
Kote Gaeshi apparaît naturellement à l’issue du mouvement. Il se porte en fléchissant les jambes, surtout pas en s’inclinant.
Si on essaie de tordre le poignet dans cette position, on se met en danger car Uke est trop près. Il faut donc s’éloigner pour tendre le bras de Uke et placer la torsion sur le déséquilibre avant.

« Mais, mon bon Sensei Dédé, vos précédentes vidéos n'étaient pas en couleurs !
- C'est parce que nous pratiquons un Art évolutif, petit chardon, toujours en mouvement ! »

 

壁に耳あり、障子に目あり 

Kabe Ni Mimi ARi, ShôJi Ni Me Ari
Il y a des oreilles aux murs et des yeux aux Shôji

Rien n’est fixe, rien n’est figé. Les exercices servent à faire percevoir les éléments fondamentaux, à acquérir les bases. Ensuite, tout est question d’adaptation au mouvement d’où naîtra la technique.
Je demande donc à Mélanie et Jeannot de nous démontrer 2 formes de Ushiro Kata Otoshi.
Dans le premier cas, Uke est fluide. Tori entre en allant chercher l’épaule extérieure et entraîne Uke comme pour lui porter Mukae Daoshi. Uke essaie de se dégager en avant. Tori le relève en appuyant sur ses 2 épaules et en les tirant vers l’arrière.
Dans le 2^ème cas, Uke essaie de remonter quand Tori tire sur son bras. Tori inverse son action et renverse Uke...
« Ce n’est pas très clair, Sensei André... – Je n’ai pas l’intention de tout vous donner, petit cactus. Cherchez et gagnez votre récompense ! »
Randori pour finir. Les Yudansha avec les Kyu dans un premier temps puis en 2 groupes séparés, chacun travaillant à son niveau.

 

住めば都 

Su Me Ba Miyako
Si on y vit, capitale/ville
À chaque oiseau son nid est beau.

Et n’oubliez pas de vous rendre régulièrement sur le site national, il y a souvent des informations intéressantes, inhabituelles.

 

Bon vent, Jaafar !