• Bilan du cours du 27 juin 2018

     

    Il faut aimer la vie, même dans ses formes les moins attirantes. (Jacques-Yves Cousteau)

    Un ciel bleu azur comme on ne le voit qu’en Haute Normandie. Un thermomètre qui frôle les 28°. Et une place au parking devant le Dojo ! De quoi être de bonne humeur pour le dernier cours de la saison. Cette année encore, j’ai une pensée saugrenue : et si ce dernier cours était le dernier ?

     

    Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. (René Char)

    Surprise ! La moitié du Tatami est inondée des rayons que le soleil darde en direction des élèves... Pour en éviter les désagréments, je commence le cours dans la zone ombrée.
    J’ai prévu de faire une courte révision des notions abordées la dernière fois et de conclure par des mouvements en sollicitation. Pour l’échauffement, nous pratiquerons le Bo no Kata en Kumitachi.

    Quand elles ont commencé leur  exercice, Mélanie et Stéphanie se sont soudain retrouvées comme nimbées d’une buée adamantine... et puis Mélanie a été illuminée d’une auréole étincelante. « Bien sûr, Mélanie, c’est ta chouchoute ! », marmonnèrent les jaloux. « Même pas vrai ! », leur rétorquai-je.  D’ailleurs, quand elle a visionné la vidéo sur le petit écran de mon APN, Mélanie s’est écriée : « Oh ! Mon Dieu ! ». « Restons simples, lui ai-je répondu, continue à m’appeler ‘Mon vénéré Maître’ ! ».

     

    Être raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou... (Raymond Devos)

    Nous allons revoir les principes abordés la dernière fois.  L’attaque s’effectue en Tsuki Chudan. L’arme peut être tenue de 2 façons différentes, soit avec les pouces dirigés l’un vers l’autre, façon Katori Shinto Ryu, soit avec les pouces dirigés vers l’avant, façon gourdin. Il s’agit dans un premier temps d’une simple adaptation à une situation sachant que Tori doit contrôler les doigts de Uke sur le Bo.

     

    La connaissance de la vie est comme le sable : elle ne salit pas. (Elsa Triolet)

    Esquive extérieure, entrée Irimi, canalisation type Tenbin Nage avec une action sur le talon du Bo entraîné circulairement sur l’avant puis ramené sur l’arrière en faisant monter Uke sur la pointe des pieds et renversement sur l’avant.

     

     

    Ce qui vieillit en nous, c'est le logement. Le locataire ne vieillit pas. (Charles Gounod)

    Esquive intérieure, nous allons rechercher une action analogue à la précédente : canalisation obtenue en exerçant une traction circulaire sur le talon du Bo qui entraîne Uke sur son arrière puis provoque un renversement sur l’avant.

     

    Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. (Raymond Radiguet)

    Esquive extérieure, entrée Irimi, Kote Gaeshi. En théorie, il n’y a rien de bien compliqué. Tori saisit la main avant de Uke et la fait tourner en serrant les doigts sur le bâton... Mais... il y a forcément un « mais » ! Nous avons vu qu’il  y a 2 façons pour Uke de placer sa main avant. Si les doigts sont vers l’avant, ça passe tout seul. Mais si les pouces sont en vis-à-vis, rien ne va plus !

    En fait, il faut faire passer le talon du Bo vers l’avant. Mélanie se livre à quelques tâtonnements pour me permettre de filmer les mains en gros plan.

     

    À force de parler d'amour, on devient amoureux. (Blaise Pascal)

    Essayons d’effectuer le même mouvement à l’intérieur : on obtient Shiho Nage. Mais ce Bo censé n’être qu’un accessoire utilisé pour une application ludique de notre Art devient une source de tracas.
    En théorie, Tori entre Irimi intérieur, canalise la pointe du Bo, la fait passer par le bas, il entre en montant le Bo à l’horizontale, effectue un pas glissé latéral pour créer un vide dans lequel il précipite Uke... en maintenant le Bo horizontal.
    Ce Bo gêne Mélanie qui éprouve le besoin de reculer la jambe, restituant ainsi son équilibre à Uke. En fait, il s’agit de fléchir les jambes en gardant le dos droit. C'est une question de sensation à percevoir et parfois, ce n’est qu’au bout de centaines de répétitions qu’elle se perçoit !

     

    Ce sont les questions qui sont le sel de la vie. Les réponses, il faut s'en garder : elles peuvent tuer. (Benoîte Groult)

    Il est temps de passer aux techniques en sollicitation.  C’est Tori qui tient le Bo. Il sort de l’axe en avançant vers Uke qu’il incite à saisir  le bâton.
    Première possibilité : la pointe est dirigée vers le bas. Tori entre et renverse Uke en chute avant.

     

    On ne doit pas avoir plus d'argent que son imagination ne permet d'en dépenser. (Claude Chabrol)

    Si Tori présente le Bo pointe en l’air, il précipite Uke en déséquilibre avant puis, en remontant la pointe sous le bras de Uke, il porte Kataha Otoshi soit en projection soit en immobilisation.

    En allant trop vite, Mélanie peine à appliquer la technique sur Eddy qui s’est relevé. Travailler lentement permet d’amplifier le mouvement donc de descendre la pointe du Bo au ras du sol puis de porter Kataha Otoshi sur un partenaire en déséquilibre avant.

     

    On n'est vieux que le jour où on le décide. (Jean Anouilh)

    Ce mouvement a une histoire. Je l’ai appris en 1967, au stage de Royan. Le technicien, un jeune 3e dan de l’école Nocquet appelait ça « le drapeau chinois ». Uke venait saisir en Ryo Sode Dori, une main au poignet, l’autre au coude. Tori imaginait une sorte de longue bande de tissu, analogue au ruban qu’utilisent certaines gymnastes, qu’on faisait virevolter. En fait, c’était un Wa no Seishin. La photo ci-dessous en est une illustration. Hélas, pas de vidéo à l’époque et nous n’utilisions le cinéma en 8 mm ou en super 8 qu’avec parcimonie. Pas de témoignage animé, donc.

    Bilan du cours du 27 juin 2018

    En 1969,  armé d’un tout frais 1er dan, j’ai suivi le stage de Royan avec Hiroo Mochizuki qui entreprit de me faire ingurgiter le programme de 2e dan à raison de 4 heures par jour pendant 1 mois ! Il y avait notamment toute une série de Sutemi que j’appliquais avec délectation. J’avais mon petit succès tant parmi les stagiaires qu’avec le public féminin qui assistait aux cours. Il se préparait la coupe d'Aïkido Yoseikan de la ville de Royan, j’étais le grand favori mais c’est une autre histoire que je raconterai peut-être.
    Hiroo nous avait également initiés au Ken Jutsu et au Bo Jutsu. Le Bo m'inspira une variante du drapeau chinois que je mis en application de retour dans mon Dojo.
    Ces images datent de 1970. Rien n’a vraiment changé... Sauf les cheveux ? Inutile d'appuyer là où ça fait mal.

    Bilan du cours du 27 juin 2018Bilan du cours du 27 juin 2018

    La difficulté consiste à sentir que le Bo n’est que le prolongement du bras. Le Wa no Seishin s’effectue avec une action du bassin qui conduit un genou au sol. Le Bo change la rayon de rotation. Poser le genou au sol avec le seul mouvement du bassin ne paraît plus évident et on peut être amené à reculer la jambe pour s’agenouiller dans le temps du mouvement. Une variante intéressante : appliquer ce mouvement à partir de l'exercice de la vidéo n° 3, sur une attaque.

     

    La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas. (Paul-Émile Victor)

    La chaleur est accablante, les Keikogi sont trempés, pratiquer le Randori n’apporterait aucun plaisir. C’est donc le moment de nous relaxer autour du pot de fin d’année et d'évoquer vacances et projets.
    À la rentrée, notre petit monde va évoluer, les cours vont désormais reposer sur les épaules de Mélanie qui possède les compétences techniques et pédagogiques nécessaires. Elle sera assistée de Stéphanie qui se charge déjà de l’administration et sera entourée des anciens, fidèles et passionnés, Yudansha ou Kyu qu'elle va préparer au Shodan en leur offrant le rôle si gratifiant de Uke
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    Pour impulser un nouveau dynamisme au club, j'imagine une campagne publicitaire en direction d'un public ciblé : « L'Aïkibudo, un Art Martial au féminin »...
    Un club à majorité féminine, c'est l’avenir. C'est ce que sous-entendait Louis Aragon.

    L'avenir de l'homme est la femme
    Elle est la couleur de son âme
    Elle est sa rumeur et son bruit
    Et sans elle il n'est qu'un blasphème
    Il n'est qu'un noyau sans le fruit
    Sa bouche souffle un vent sauvage
    Sa vie appartient aux ravages
    Et sa propre main le détruit

     

    Bilan du cours du 27 juin 2018

    En 1970, mon premier club était déjà riche d'un joli petit groupe féminin qui s'est régulièrement étoffé de nouvelles recrues pour constituer le socle d'une belle région en devenir. Dommage, elles ont trop souvent été des passantes et elles nous manquent.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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