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Le carré et le cercle
Petites boîtes très étroites
Petites boîtes faites en ticky-tacky
Petites boîtes, petites boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Y a des rouges, des violettes
Et des vertes très coquettes
Elles sont toutes faites en ticky-tacky
Elles sont toutes toutes pareilles
Et ces gens-là dans leurs boîtes
Vont tous à l'université
On les met tous dans des boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Y a des médecins, des dentistes
Des hommes d'affaires et des avocats
Ils sont tous tous faits de ticky-tacky
Ils sont tous tous tous pareilsEt ils boivent sec des martinis
Jouent au golf toute l'après-midi
Puis ils font des jolis enfants
Qui vont tous tous à l'école
Ces enfants partent en vacances
Puis s'en vont à l'université
On les met tous dans des boîtes
Et ils sortent tous pareils
Les garçons font du commerce
Et deviennent pères de famille
Ils bâtissent des nouvelles boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Puis ils règlent toutes leurs affaires
Et s'en vont dans des cimetières
Dans des boîtes faites en ticky-tacky
Qui sont toutes toutes pareillesMalvina Reynolds (paroles françaises de Graeme Allwright)
Petites boites toutes, toutes pareilles !Et si le temps était venu de « devenir indiens » ?
« Le symbole des Indiens est le cercle. La nature veut la rondeur des choses. Les corps des animaux et des humains n’ont pas d’angles. En ce qui nous concerne, le cercle est le symbole des hommes et des femmes rassemblés autour du feu de camp, parents et amis réunis en paix pendant que le calumet passe de main en main. Le camp dans lequel chaque tipi avait sa place forme aussi un cercle. Le tipi est un cercle où l’on s’assoit en cercle ; toutes les familles du village sont également des cercles dans ce cercle, lui-même partie de la grande boucle que forment les sept feux de camp des Sioux, représentant la nation sioux. La nation est seulement une partie de l’univers, en lui-même circulaire et fait de la terre, qui est ronde, du soleil, qui est rond, des étoiles, qui sont rondes ; et la lune, l’horizon, l’arc-en-ciel sont aussi des cercles insérés dans des cercles sans commencement ni fin.
À nos yeux, cela est beau et tout à fait approprié, symbole et réalité en même temps, expression de l’harmonie et de la nature. Notre cercle se répand, sans fin, éternellement ; il est la vie émergeant de la mort, la vie qui apprivoise la mort.
Le symbole de l’homme blanc est le cadre. Le cadre de sa maison, des buildings où sont ses bureaux, avec des murs de séparation. Partout des angles et des rectangles : la porte qui interdit l’entrée aux étrangers, le dollar en billet de banque, la prison. […] De même pour les gadgets de l’homme blanc – boites, boites et encore des boites – téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles. […] Vous êtes devenus les prisonniers de toutes ces boites. »
Tahca Ushte (Cerf boiteux) in DE MÉMOIRE INDIENNE, Terre Humaine poche 1972Notre Art s’exprime dans le mouvement, le mouvement suit une ligne courbe. Notre nouveau 八段 parle volontiers de la lemniscate, vous savez, ce 8 couché qui représente l’infini… Pour nous, ce serait une lemniscate en 3 dimensions, telle cette toile d’araignée agitée par le vent :
Imaginez Tori au centre de la toile, Seme en parcourant la bordure
et visualisez votre Wa no Seishin préféré...J’observe un jeune technicien talentueux, costaud, au physique de guerrier antique. Il démontre une technique très intéressante qu'il a développée sur un thème un peu oublié et qui doit être étudié et approfondi.
Il entre avec détermination puis marque un court temps d’arrêt comme pour bloquer Seme qui semble figé. Puis il poursuit son déplacement, pas à pas, et place une technique impeccable. Impeccable ? Seme a récupéré son équilibre après l’entrée de Tori et n’a pas réagi. Tori a travaillé « carré », de façon séquentielle,. en privilégiant la force, c’est bien loin de l'idéal de l’Aïkibudo ! « Notre Art s’exprime dans le mouvement, le mouvement suit une ligne courbe ».
Quand notre technicien utilisera mieux sa respiration, quand il sentira que le mouvement s’exprime sur une longue expiration qui peut s’achever par un Kiaï ( cri, de 気 la respiration et 合 ajustement) au moment où la technique s’impose, il découvrira la fluidité et son mouvement sera parfait.
À l’origine de notre civilisation, au néolithique, dans notre pays comme chez les Amérindiens et partout dans le monde, nous vivions dans un monde courbe, circulaire.Hutte du néolithique Hutte du néolithique Hutte de l’âge de fer Hutte moderne des Sami Yourte mongole Wigwam des forêts nord-américaines Tipi d'Indiens des plaines Carcahoux des bûcherons
haut- normandsÉpée de l’âge de bronze Glaive romain « Les corps des animaux et des humains n’ont pas d’angles » et partout, sur la planète, les premières constructions humaines, les premiers objets manufacturés utilisent des formes courbes, mais la maîtrise de la technologie du fer fait découvrir les lignes parallèles, les formes anguleuses et l’habitat commence à se construire à bases de formes parallélépipédiques.
La maison mérovingienne, bien qu’utilisant les mêmes matériaux que la hutte ronde, adopte aussi les lignes parallèles mais pas encore la forme de boite utilisée depuis longtemps chez les Grecs et les Romains.
« Vous ne prendriez pas quelques libertés avec l’histoire, Sensei André ? – Un peu, petit cancrelat, un tout petit peu, je fais des arrangements pour enjoliver mon propos, pour donner du sens à ma démonstration. Ne parle-t-on pas parfois de pointes et de saillies pour qualifier des réparties spirituelles alors qu’on évoquera les rondeurs d’une conversation paisible ? – Mais l’Aïkibudo dans tout ça, vénérable Sensei ? – Tu ne comprends vraiment rien, stupide petit bousier ! »
En fait, la structure ronde, conique ou hémisphérique, est très stable et résiste aux soubresauts naturels, tempêtes ou séismes, là où les boîtes s’effondrent.
Il en est de même dans notre pratique. Notre mouvement courbe, la lemniscate de O Irimi, absorbe et canalise la saillie d’une attaque frontale ou s’inscrit dans une attaque circulaire.
Tout le mystère de notre progression se situe dans le passage progressif d’une action carrée, séquentielle, réclamant beaucoup de force et d’énergie à l’insertion fluide dans un mouvement où la force est canalisée sans à-coups. La technique brutale qui vise à blesser, voire à tuer, doit évoluer vers le comportement qui dissuade, qui apaise.
Les grandes tribus amérindiennes des plaines, Lakotas, Arapahos, Cheyennes, Pieds-noirs, Corbeaux constituaient des sociétés guerrières dont les membres recherchaient des « honneurs » soit en allant voler les chevaux de l’ennemi, soit au cours de combats guerriers. Plus que de tuer un ennemi il était considéré honorable de lui porter un « coup » à l’aide du « bâton à coups ». L’adversaire, frappé ou jeté à bas de sa monture, pouvait reconnaître sa défaite et se retirer du combat...
Dans le film « Little Big Man », un groupe de guerriers cheyennes affronte pour la première fois les « tuniques bleues ». Ils portent les coups aux militaires interloqués, s'étonnent de les voir continuer le combat et... se font abattre par les armes à feu... Pour eux, la guerre était un sport ou un Art Martial qui ne valent que pour ceux qui respectent les mêmes règles ou les mêmes principes.Où il se vérifie que fluidité et efficacité vont de pair !
« Sensei André, vénéré Sensei, expliquez-moi, où voulez-vous en venir avec toutes ces boites ! Qu’en est-il de l’Aïkibudo dans tout ça ? - J’y viens, petit carabe, j’y viens. »
Il est tentant, facile de se laisser enfermer dans un cadre bien carré où on cherche à ranger les techniques dans des petites boites toutes pareilles.
La lemniscate, qu’aime évoquer notre nouveau et respecté 八段, ne se limite pas à la forme lisse du signe ∞, elle se modifie constamment, en fonction du comportement de Seme et de l’état physique et mental de Tori.
Si elle peut être lisse pendant l’étude, elle peut emprunter un parcours flamboyant quand Tori souhaite briller à l’occasion d’une démonstration de prestige ou sophistiqué s’il a tendance à multiplier les tours pour montrer sa maîtrise.
Elle peut s’exprimer soudainement, de façon explosive dans une situation de self défense, ou tout simplement pour montrer qu’une pratique fluide est tout à fait compatible avec une pratique efficace.Flamboyante Sophistiquée Explosive !
Quand je démontre un mouvement, il m’arrive de ne pas pouvoir le refaire à l’identique voire de ne pas savoir le refaire parce que les paramètres ont changé, Seme a modifié son intention, son esprit de décision même s’il semble porter la même attaque. Moi-même, je suis passé à un autre niveau de sensibilité, de perception.
Un mouvement d'Aïkibudo est un dessin dans l'espace et le temps, au rythme des sensations, variant à chaque instant et à l'infini. À ce titre, chaque mouvement est unique. (Alain Floquet in Pensées en mouvement)7e dan FIAB 2011
2e dan FKSR 1986A.照り絵 / 七段 教士
Oublie tes peines et pense à aimer
あなたの悩みを忘れて、愛について考える
Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru