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    FORMATION « JUGE » DES 10 ET 11 AVRIL 2010 A VANVES

    Réflexions autour de la pédagogie en Aikibudo

    Réflexions autour de la pédagogie en Aikibudo

    Être juge, être celui qui a mission d’appréhender « l’autre » dans son intégralité, être juge c’est porter un jugement sur la pratique et les connaissances d’un « être humain» ainsi que sur sa capacité à les exprimer.

    Être juge demande non seulement de grandes qualités de cœur et d’esprit, mais aussi la parfaite maîtrise de la pratique et de la technique demandées au candidat, adossée à celle de pédagogue.

    La pédagogie, c’est l’art de transmettre un savoir. Dans notre art, c’est certainement ce qu’il y a de plus précieux. De grands maîtres m’ont transmis leurs connaissances et c’est ce que je m’efforce de faire également moi-même depuis de nombreuses années. Notre école n’a de sens que parce qu’il y a des élèves et des professeurs ; elle représente une pyramide au sommet de laquelle je me trouve. C’est le principe même de l’Art Martial.

    Le pédagogue en Aikibudo, c’est d’abord celui qui cherche continuellement à améliorer sa propre pratique. En effet, on ne peut transmettre des connaissances que si on a pu déjà les intégrer soi-même. Au cours d’une saison sportive, les occasions d’effectuer ce travail, d’abord à mes côtés mais aussi auprès d’autres professeurs missionnés, sont très nombreuses. Ce travail de « mise au point » permanent est essentiel car il est le garant de la qualité de notre Art et donc de sa survie.

    Nourri de cette expertise personnelle, le professeur s’efforce d’abord de déceler chez ses élèves leurs potentialités afin de s’appuyer dessus. En effet, rien ne sert de demander à quelqu’un une prestation qu’il est incapable de faire. Ceci me semble contraire à notre école qui veut que les principes qu’elle détient se construisent sur la durée, cette dernière pouvant être plus ou moins longue selon les capacités du pratiquant, le temps qu’il peut y consacrer, son investissement, son vécu antérieur. D’ailleurs, les programmes que j’ai conçus ont été pensés dans le sens d’une progression rigoureuse. À ce titre les Kihon Nage Waza et le Kihon Osae Waza sont les références de base de l’Aikibudo, aussi leur parfaite connaissance et exécution serviront de critères essentiels lors des passages de grades Dan de tous niveaux.

    A partir de ce potentiel, le pédagogue doit pouvoir permettre à l’élève de s’épanouir voire de se dépasser dans la pratique. Cela passe d’abord par ce qui est proposé lors de la phase d’étude même si ceci ne signifie nullement qu’il faille à chaque fois proposer des choses nouvelles, originales, variées, extraordinaires…. Le travail récurrent et répété visant à construire les bases de l’Aikibudo est le volet le plus important de tout acte d’enseignement. Il est très loin d’un quelconque processus de séduction.

    Les bases se trouvent dans les techniques du premier Dan qui représentent à elles seules les mouvements les plus complexes, les plus riches, les plus difficiles à réaliser et en ce sens les plus beaux. Ensuite, les techniques des grades suivants sont plus simples, moins riches car elles s’appuient avant tout sur les acquis du premier Dan. Cette construction des bases est sans conteste la période la plus importante du pratiquant et, si cette construction est manquée, en raison d’un manque de vigilance de la part du professeur, la pratique ultérieure de ce pratiquant en souffrira longtemps, au risque d’une impossibilité de la corriger et la qualité des grades suivants sera sérieusement compromise.

    Mais cela passe ensuite par le rapport de confiance qui peut s’établir entre le professeur et l’élève qui doit être exactement de même nature que celui qui existe entre mes élèves et moi-même. Cette confiance ne peut exister que si le professeur se consacre entièrement à sa mission, s’il est disponible, s’il sait observer, rassurer, encourager mais aussi exiger et montrer parfois une certaine fermeté. Ce « sérieux dans la bonne humeur » représente un ensemble sécurisant dans lequel l’élève peut s’exprimer.

    Dans ma pratique personnelle, j’ai toujours cherché et je cherche encore actuellement à appliquer ces principes pédagogiques. C’est, j’en suis sûr, la raison qui fait que notre groupe existe et qu’il continue de se développer.

     

    Alain Floquet

    Grigny le 9 avril 2010

     





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