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Rentrée et ouverture (2014)
Une belle matinée d’automne, nimbée de calme, de sérénité. Je m’accorde un accès de mélancolie, comme tous les ans, à cette époque. L’été finissant, l’automne naissant me rappellent peut-être que mon corps vieillissant est déjà profondément ancré dans son hiver.
Une petite promenade sur la petite route en impasse qui monte à travers la forêt. Lara explore une multitude de traces odorantes, vient me prévenir que quelque chose est survenu, là, puis repart courir après un écureuil qui ramasse des noisettes. Je lui dis que ce n’est pas bien et elle s’assoit à mes pieds, me tend la patte pour demander un pardon que je lui accorde volontiers. Alors, de nouveau heureuse et sans souci, elle s’empare de ma canne et reprend le chemin de la maison.
Nous croisons 2 « joggeuses » qui nous adressent un grand sourire, qui résiste au charme de Lara portant ma canne ? Les joggers se méfient des chiens mais jamais de Lara...
avec son bâton
ou avec sa balleLa semaine prochaine, cette paix, cette sérénité, cette plénitude vont être dévastés. Ça va canarder tous azimuts. Notre monde va être livré aux zélateurs du dieu Gévelot. Des centaines de tonnes de matériaux délétères vont être projetés dans les plaines, vont intoxiquer des milliers d’herbivores, peut-être vous-mêmes, chers lecteurs, par le biais de vos aliments laitiers.
J’ai passé mon enfance à la campagne, dans l’entre Bray et Picardie. Dans la bourgade de Foucarmont, il ne devait y avoir, à la fin des années 40, que 2 chasseurs, amis de ma famille, d’ailleurs. J’aimais, à cette période de l’année, les regarder préparer leurs cartouches, peser la poudre, compter les plombs, tasser la bourre...
Le dimanche matin, ils arpentaient les champs labourés en quête d’un lièvre rescapé de la grande boucherie planétaire. Nous étions parfois invités à déguster une de leurs victimes... truffée de plombs ! J’ai détesté les produits de la chasse.
Je ne me promenais jamais sans mon lance-pierre. Avec les 2 ou 3 autres garnements de mon âge (nous étions peu nombreux, natifs de la période « creuse »), nous arpentions les herbages et les marécages en quête de proies à abattre. Le jour où l’un d’entre nous nous a rejoints, fiers de tenir le petit corps pantelant d’un moineau qu’il avait abattu, j’ai dû lui coller la raclée de sa vie. J’ai détesté les chasseurs.
Plus tard, j’ai côtoyé les chasseurs sous d’autres cieux, chassant un autre gibier, humain, celui-là. Un matin, je l’ai été, gibier, et j’ai senti le vent brûlant des balles de 12.7 au-dessus de ma tête. J’ai peut-être pissé dans mon treillis et j’ai probablement pleuré de peur et de désespoir. Je déteste la chasse et les armes à feu.
Le merveilleux texte d’Alphonse Daudet, écrit pour dénoncer les horreurs de la guerre de 1870, est toujours d’actualité : lisez, relisez « Les émotions d’un perdreau rouge ».
J’ai déjà écrit un article intitulé « Rentrée et ouverture ». Il commence par ces mots : « Septembre 2007. Après un printemps et un été pourris, voilà déjà des senteurs d’automne. Il s’agit certes d’une arrière-saison ensoleillée avec des parfums d’été indien. » On se croirait aujourd’hui. Et puis à chaque rentrée je me suis autorisé un moment de mélancolie précédant une profonde colère due au prochain déferlement de matamores (de l’espagnol matar, tuer). Le dernier des débiles peut tuer mais qui, sans compassion, est capable de soigner, de guérir ? Qui peut tuer avec compassion ?
J’avais commencé la rédaction d’un texte intitulé « Liberté et licence », il m’arrive de philosopher au sujet de notre Art. Cette belle matinée si douce, si calme, si... mélancolique m’a ramené à l’inévitable ouverture.
Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ce sketch des Inconnus qui résume tout ce que j’aurais pu encore vous dire :
Et, oui, ça va bientôt canarder de partout... attention à vos chiens et à vos chats en particulier, beaucoup tirent sans discernement et certains font des cartons sur tout ce qui bouge !
Celui-ci a eu moins de chance...6e dan 2F3A 1991
7e dan FIAB 2011
2e dan FKSR 1986
A.照り絵 / 七段 教士
Oublie tes peines et pense à aimer
あなたの悩みを忘れて、愛について考える
Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru