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     Question :
    Bonjour Mr Tellier,
    Je lis et relis vos fiches pédagogiques depuis l'ouverture de votre blog. J'y puise régulièrement des exercices que je fais pratiquer à mes élèves.  J'ai cependant l'impression de passer trop rapidement d'un point à l'autre, voire d'une fiche à l'autre. Auriez-vous la bonté de partager avec nous, votre vision de l'enseignement de l'Aïkibudo. Comment vous y prenez-vous pour bâtir vos cours? Comment évaluez-vous les besoins d'un élève ou d'un groupe?  Comment savez-vous qu'une notion est assimilée et qu'il est temps de passer à une autre notion?  Ces questions ont pour but  de favoriser la transmission de l'Aïkibudo du professeur à ses élèves.
    J'ai déjà eu l'occasion d'échanger avec vous sur ce sujet (sur un banc du complexe Lembrun) mais j'aimerais vous entendre (lire) plus longuement.  Je suis d'ailleurs convaincu que ce sera utile à tous vos lecteurs discrets, (comme moi) !  Merci de partager avec nous via ce blog.  C'est un réel cadeau que vous nous faites.
    Sylvain
     
    Réponse :
     
    Ma vision de l’enseignement de l’Aïkibudo
    Il est bien plus facile de discuter à bâtons rompus assis sur un banc au soleil du Temple s/Lot – ou à une terrasse à Montréal pendant l’été indien - que de rédiger un traité de pédagogie pratique répondant de façon satisfaisante à ce faisceau de questions.
    En ce début du XXIe siècle, je ne crois pas à l’aspect directement utilitaire d’un Art martial. Je vis peut-être dans une région privilégiée, mais on n’y est pas agressé en permanence. Et comme n’est pas Takeda Sokaku qui veut, même en s’entraînant deux heures par jour pour les pratiquants les plus assidus, je pense qu’il vaut mieux en avoir une vision contemporaine, humaniste.
     Les préoccupations d’une frange de la population, dans notre société qui tend de plus en plus à se tourner vers les loisirs formatés, sont d’ordre culturel et spirituel. L’engagement dans un Art martial peut favoriser ces deux quêtes dans un contexte de loisirs en permettant l’approche et la découverte de l’autre dans l’espace protégé et intemporel du dojo, sous condition de ne pas négliger l’aspect essentiel de cet engagement qui est un investissement physique considérable.
    Je pense que tous les maîtres ont appris selon le principe du modèle à reproduire, ont donc commencé à enseigner en reproduisant ce qu’ils ont « subi », puis ont cherché leur propre Voie et ont imprégné leur enseignement de leur personnalité. Morihei Ueshiba a étudié le Daito Ryu Aïkibujutsu au début du XXe siècle auprès de Sokaku Takeda. Influencé par la pratique d’autres Arts Martiaux, il a créé sa propre école et, dans les années 30, eut pour élève Minoru Mochizuki qui a créé à son tour une méthode très spécifique, due à un esprit rationnel et aux apports du Judo et du Karaté.
    Mon ami et Maître, Alain Floquet, a étudié l’Aïkido Yoseikan des années 50 et 60 et a été le disciple de Sensei Mochizuki Minoru. Auprès de Takeda Tokimune, il a effectué un véritable retour aux sources du mouvement Aïki, Daito Ryu. Il a également pratiqué le Kendo au plus haut niveau : deux victoires aux championnats du Monde de 1970, ce qui a beaucoup compté dans sa vision de l’Aïki et sa perception de la pratique du Ken. Il est devenu disciple de Sensei Sugino Yoshio, le très grand Maître de Katori Shinto Ryu. Ces relations privilégiées et une expérience unique l’ont amené à créer l’Aïkibudo.
    Un outil peut être utilisé de différentes façons : avec mes ciseaux à bois, je peux effectuer un travail de menuiserie, d’ébénisterie, de marqueterie, de sculpture. La qualité de l’œuvre réalisée dépendra de mon talent et... de la qualité de l’expérience que j’aurai su acquérir.
    Ma référence sera l’enseignement de Maître Floquet dans les années 70 et 80. Un autre se réclamera des années 90. Les maîtres continuent à évoluer, les élèves aussi, les formes pourraient sembler s’éloigner. Mais le fond reste le fond, un ciseau reste un ciseau et un bûcheron ne parviendra jamais à réaliser une mortaise avec une hache pour autant qu’il comprenne un jour l’intérêt de réaliser un assemblage...
    En conclusion, je considère qu’il y a place pour toutes formes de pratique dans l’univers de l’Aïkibudo, l’activité loisir est respectable mais je ne conçois pas qu’on puisse prétendre à un rang, à des responsabilités, sans un total engagement physique, intellectuel et mental sur le tatami. Je renvoie, pour la notion d’engagement, à mon article sur les grades.
     
    Comment je m’y prends pour bâtir mes cours ?
    Entendons-nous bien. Je ne suis plus dans la situation d’un professeur de club qui doit prendre en charge un groupe d’élèves et les mener progressivement au niveau de connaissances et de compétences nécessaires pour justifier la candidature à un grade. J’agis en tant que conseiller technique et je m’adresse le plus souvent à des enseignants.
    Ma pédagogie s’appuie sur 40 années d’étude et d’entraînement et sur autant d’années d’enseignement puis de formation pédagogique. Ma sensibilité, mes options philosophiques et ma formation professionnelle, me portent plus vers le concept de tête bien faite que vers celui de tête bien pleine. Je suis persuadé qu’un étudiant bien formé saura de lui-même acquérir les connaissances dont il a besoin ou qui lui conviennent en fonction de sa propre forme de pensée. Les pistes que je propose sont le fruit d’une longue et vaste expérience très personnelle et sont donc à suivre avec prudence et... modération.
     
    Il me semble qu’une bonne partie (de ton important texte pédagogique) porte sur l’aboutissement de ton expérience, une expérience où la pédagogie de base est sublimée au point de ne pouvoir être partagée qu’avec ses pairs...
    Il faudrait insister sur la nécessité d’appliquer le programme dans sa totalité et sa perfection avant d’interpréter comme toi, Alain ou moi pouvons le faire.
    Alain Floquet
     
    Mes fiches ont une structure très simple (échauffement, mise en train – corps de la leçon (éducatif, étude technique, randori) – retour au calme) et je conseille de suivre sagement, scrupuleusement et pas à pas la progression du programme officiel :
     
    -          Te Hodoki (placement de la force, actions élémentaires sur le partenaire)
    -          Initiation à la distance Chika Ma : techniques de base correspondant aux Te Hodoki
    -          Initiation à la distance Ma : Tai Sabaki, application des techniques de base avec esquive
    -          Apprentissage rigoureux des Kihon Nage Waza et Osae Waza
    -          Entraînement intensif aux Ukemi
    -          Initiation au Kobudo de Katori Shinto Ryu et à Daito Ryu
     
    Vous trouverez une progression kyu par kyu du programme du 1er dan à cette adresse:
     
    Cette méthode est sûre, présente peu d’inconvénients si ce n’est le fait que des débutants s’inscrivent dans les clubs pendant presque toute l’année et qu’on se trouve vite confronté à des problèmes de niveaux très hétérogènes. Tout l’Art d’enseigner se trouve dans la gestion de cette hétérogénéité.
    Je ne monte jamais sur le tatami sans avoir scrupuleusement préparé mon cours tout en me préservant la possibilité d’une part d’improvisation car je ne sais jamais vraiment comment sera constitué mon groupe d’élèves. En fait, je le prépare comme un spectacle dont je suis l’acteur principal et les élèves sont figurants et spectateurs. Un enseignant, à l’école comme sur le tatami, est un comédien qui doit séduire, captiver son public afin d’être en mesure de faire passer son message. Il se nourrit du bonheur des spectateurs qui ont aimé son spectacle et en sortent enrichis.
    Je me base sur trois éléments pour élaborer un cours :
    -          le programme (des compétences à acquérir)
    -          un projet pédagogique (annuel ou ciblé sur une période)
    -          des compétences acquises (le niveau des élèves auxquels s'adresse ce projet)
     
    Programme : il est encyclopédique et j’admire les talentueux Kodansha qui ont tout assimilé et mémorisé. J’ai participé à son élaboration, je l'ai étudié puis enseigné avec rigueur et je me suis assuré autant que possible que ce trésor culturel était assimilé par mes disciples. Pourtant, l’essentiel de mon enseignement repose sur les éléments qui me semblent fondamentaux.
     
    Il n'y a pas de réussite sans maîtrise parfaite des bases. En n’ayant appris que les bases, on serait capable de reproduire correctement n'importe quelle technique, en revanche, pratiquer un grand nombre de techniques sans en connaître les bases ruinerait leur efficacité.
    Alain Floquet
     
    Je suis très marqué par ma culture. En toutes choses, même dans le cadre de mes loisirs, je recherche l’aspect utilitaire, ce qui va me servir dans ma vie de tous les jours, améliorer mes aptitudes relationnelles, me faire avancer dans mon accomplissement d’être humain et peut-être m’aider à percevoir ce qui est au-dessus de cette condition d’être humain.
    Tout ça est teinté d’une approche esthétique et je cherche à être en harmonie avec mon environnement. J’ai horreur de la médiocrité et ça m’amène à renoncer à faire ce que je ne maîtrise pas convenablement – ou que d’autres font mieux que moi. Être dépositaire d’une connaissance n’est pas une marque de supériorité, ça signifie simplement posséder un peu d’avance. On finit toujours par se faire rattraper et dépasser. Mieux vaut rester humble !
    Je sais enseigner, animer un cours, un stage, amener mes disciples au mieux de leur forme de corps, de leurs sensations, de leur capacité d’adaptation, de leur perception du mouvement. Ma tournure d’esprit ne me permet pas de me conformer à un canon, à une règle, je me sens enfermé dans le cadre d’un Kata et je ne peux m’empêcher de tenter de m’en évader. Alors, je confie cette formation, absolument nécessaire, à d’excellents techniciens de mes amis qui ont une vision plus orthodoxe et plus disciplinée que la mienne.
     
    Projet pédagogique : c’est la « tonalité » que je vais donner à mes cours pendant une période donnée. J’ai construit mon dernier projet sur le concept de CHIKA MA EN MOUVEMENT. C’est simplement un angle d’approche du programme qui me permet de l’aborder avec un point de vue personnalisé en fonction de ma sensibilité et des besoins particuliers du groupe dont j’ai la charge. Je travaille en termes d’objectifs avec un programme (ensemble de connaissances disciplinaires à acquérir) sur des compétences (des savoir-faire en situation) acquises ou à acquérir.
    Avant de proposer une activité, je me demande à quoi elle sert. Effectuer une quantité de techniques avec une apparente virtuosité, apparente car cette virtuosité n’existe souvent qu’avec la complicité de partenaires habituels, ne serait-ce pas que de la frime? Qu’en est-il de cette virtuosité avec un pratiquant trop lourd ou trop fort, trop mou ou trop raide, trop petit ou trop grand?
    Si ce n’est qu’un « jeu » ayant pour but premier de distraire les élèves et de passer le temps, je considère que l’activité est inutile, donc nuisible. Je n’admets pas qu’on fasse jouer les enfants au ballon dans le cadre d’un cours de Judo, ce n’est plus un acte éducatif, c’est de la garderie.
    Et pourquoi ne pas poser cette question : l’Aïkibudo, à quoi ça sert? Si c’est pour devenir le plus fort, inutile d’insister, puisque le plus fort, il n’y en a qu’un au bout du compte. Quel gâchis pour tous les autres. C’est le drame de toute activité de compétition.
    Si c’est un outil mis au point pour permettre à chaque individu d’exprimer le meilleur de lui-même, en s’appuyant sur ses compétences personnelles, acquises et à acquérir, comme me l’a enseigné mon ami Alain Floquet, alors je suis très concerné.
    Voilà quelques critères que je prends en compte pour élaborer un projet :
     
    - objectifs (compétences à atteindre)
    - état des lieux : compétences observées au début de la saison
    - observations à effectuer : stratégies mises en œuvre par les élèves, leur comportement
    - travaillent en expiration ou en apnée
    - privilégient l’esquive ou la saisie
    - exécutent les mouvements de façon séquentielle ou linéaire
    - en cas de difficulté : insistent en s’adaptant ou utilisent la force ou renoncent
    - bilan : compétences observées en fin de saison
     
    Les fiches publiées sur le blog sont rédigées à l’intention des professeurs, dans le cadre d’une formation intensive et le contenu de chacune serait à répartir sur la durée d’un mois séparant 2 cours successifs. Chaque série est censée permettre l’étude de l’ensemble du programme : il suffit de choisir et d’adapter les techniques correspondant au thème de la fiche…
    J’avais rédigé la série 2005/2006 sur le thème du Mouvement pour l’Aïkibudofest 2005. Ce stage m’offrait 6 cours d’une durée de 2 heures chacun. En fait, j’aurais eu besoin de 6 jours pleins pour aborder toutes les notions envisagées. Il en est de même pour les fiches composant le projet pédagogique 2006/2007 qui est le prolongement de ce thème, rédigé en insistant plus sur les notions que j’avais développées dans le dossier CHIKA MA EN MOUVEMENT.
     
    Compétences : ce sont les éléments du programme que le pratiquant est en mesure d’exprimer dans sa pratique. Il ne s’agit pas de réciter un catalogue de techniques mais de répondre spontanément à une situation d’agression. C’est la capacité d’adaptation à une situation inattendue et non pas une réponse stéréotypée à une attaque codifiée.
    Une compétence est un savoir-faire en situation. On a appris à faire O IRIMI, au cours d’un très traditionnel travail en ligne. La compétence à acquérir par l’élève débutant sera de savoir répondre par O IRIMI à un partenaire qui l’attaque en OMOTE YOKOMEN UCHI à droite et à gauche, soit avec une remise en garde systématique après chaque attaque, soit sous forme d’un éducatif ininterrompu.
    Plus tard, cette compétence sera considérée comme acquise quand il saura répondre par O IRIMI à deux partenaires qui attaquent OMOTE YOKOMEN UCHI de façon continue, l’un à droite, l’autre à gauche, puis sur TSUKI CHUDAN avec esquive extérieure, puis avec esquive intérieure, puis avec canalisation de l’attaque.
    Pour un jeune Yudansha, la compétence sera considérée comme acquise quand il saura répondre aux attaques de deux, puis de plusieurs partenaires attaquant en TSUKI CHUDAN porté indifféremment à droite ou à gauche, justifiant des esquives intérieures ou extérieures, la canalisation des attaques et, plus tard, l’enchaînement de techniques.
    La technique n’est que ce qui tombe au bout d’un processus qui a commencé par une entrée et s’est poursuivi avec un déplacement justifié par la mise en harmonie de l’esquive et de l’attaque, elle n’est en aucun cas un but. C’est à la rigueur une gratification reçue à l’issue d’un mouvement réalisé dans sa plénitude. S’il n’y a pas de mouvement, la sanction doit être le Kaeshi Waza, riposte fine à un geste effectué sans conviction, maladroitement ou avec brutalité.
     
    En Aïkibudo, on ne se heurte pas à l’action adverse mais on s’inscrit dans le mouvement qu'il produit et, de cette position, on le conduit.
    L'exercice de l'Aïkibudo n'est pas d'apprendre à se défendre contre de multiples formes d'attaques, mais à s'intégrer au mouvement avant la finalisation de celui-ci (saisies, coups de poing ou de pied ou frappes armées)
    Le mouvement naît spontanément de la nécessité du moment, sur les bases d'une expérience, d'un acquis et de la capacité à le mettre en valeur.
    Alain Floquet
     
    Pour construire un cours, j’envisage, dans le thème général du projet et en m’appuyant sur des compétences supposées acquises, les compétences que je compte faire acquérir pendant ce cours. Les éducatifs et les techniques seront choisis en fonction de ces compétences à acquérir.
    Je considère que tous les pratiquants de tous niveaux doivent pratiquer ensemble. Je pratique un enseignement collectif individualisé… Les techniques utilisées pour illustrer le cours seront donc choisies de façon à pouvoir être effectuées par toutes les personnes présentes sur le tatami. Bien entendu, un Kote Gaeshi est différent suivant qu’il est abordé par un 3e kyu ou un 3e dan. À moi la charge d’agir de sorte que chacun y trouve son compte quitte à organiser des groupes de niveau en cas de nécessité.
     
    Voici un exemple de fiche pédagogique qui aurait pu être construite en tenant compte de ces éléments :
     
     
    Objectifs : construire des techniques sur des partenaires placés en déséquilibre
     
    ·       savoir faire bouger le partenaire
    ·       savoir le mettre en déséquilibre
    ·       savoir maintenir ce déséquilibre pour obtenir une chute
     
     
    Compétences supposées acquises : les élèves savent faire NAGASHI sur pied avant et sur pied arrière (travail de ces TAI SABAKI en amont sur TSUKI CHUDAN) et connaissent le Te Hodoki sur Jyunte Dori
     
    Compétences à acquérir : effectuer Nagashi sur des saisies en distance Ma
     
     
    Corps de la leçon
     
    1°) Jyunte Dori en distance CHIKA MA : évaluation du TE HODOKI (aptitude à utiliser son bassin pour induire un mouvement chez le partenaire, maîtrise du déplacement du bras saisi dans un plan virtuel, rôle du coude)
     
    2°) Jyunte Dori en distance MA : évaluation dans le mouvement, application de NAGASHI sur pied avant.
     
    3°) Même action avec retour du bassin et transfert du déséquilibre vers l’avant du partenaire : utilisation de techniques pour évaluer le mouvement
     
    ·       Ushiro Hiki Otoshi contrôlé en Ushiro Ukemi (action du poignet, contrôle de l’épaule)
    ·       Ushiro Hiki Otoshi contrôlé en Mae Ukemi (rôle de l’articulation de l’épaule, principe stratégique : faire monter pour faire descendre...)
     
    4°) Même action qu’en 2° suivie d’un Nagashi sur pied arrière :
     
    ·       Mae Hiki Otoshi
    ·       Uchi Mata Gaeshi (transformation d’un Nagashi en Hiki)
    ·       Koshi Waza : O Goshi, Harai Goshi (application « réaliste » en Kumi Kata : retrouver les sensations en situation de compétition, applications éventuelles de Hane Goshi, Uchi Mata, Ippon Seoi Nage...)
    ·       Kaeshi Waza : - Kubi Nage
                                       - la même technique, esquivée par Uke, conduira à enchaîner Soto Maki Komi
     
    5°) Réinvestissement de la compétence : effectuer le même mouvement de base « esquive-déséquilibre » sur Dosokute Dori en distance MA
     
    ·       Déplacement de base sur Nagashi pied avant : Kote Kudaki, Gyaku Yuki Chigae, Ura Ude Nage (importance de l’angle de poussée)
    ·       Déplacement complet sur double Nagashi : Robuse (mauvais angle de poussée, Kaeshi Waza en enchaînement), Wa no Seishin, Koshi Nage
     
    6°) Prolongements possibles sur la notion d’angle d’entrée : amener Uke à saisir en Ushiro Ryote Dori
     
    ·       Suivant le niveau de la saisie : Wa no Seishin, Yuki Chigae, Kote Gaeshi...
    ·       Travail de recherche par groupes (quelles techniques placer en fonction de la réaction de Uke)
     
     
    Évaluation : les mouvements réalisés à la fin de la séance sont harmonieux et les techniques sont appliquées de façon efficace, aisance dans le randori.
     
     
    Comment évaluer les besoins d’un élève, d’un groupe ?
    Deux cas se présentent :
    -          il s’agit du groupe de mes élèves habituels. Normalement, je les connais bien, nos relations sont aussi harmonieuses que possible. Pour évaluer les besoins, qui sont peut-être un peu les miens, je dois me rendre compte des motivations. S’agit-il d’un simple loisir ? Y a-t-il un engagement dans la Voie ? Y a-t-il des aptitudes particulières à développer ? Y a-t-il une sensibilité particulière que je partage et qui permet de former un Uke ? Les formes de corps ont-elles atteint ce niveau qui permet d’envisager la présentation à un examen et qui nécessite l’approfondissement d’un programme particulier (En général dans l’urgence ! Je considère que 2 semaines de bachotage suffisent bien pour assimiler un programme d’examen si la forme de corps est à son niveau… Je ne conseille pas vraiment de suivre cet exemple !).
     
    Seul le mouvement est important.
    Il suffit de perfectionner constamment le  « programme » du 1er dan pour avancer dans la voie de l’Aïki, les techniques au programme d’un examen peuvent se mémoriser en une ou deux semaines d’étude...
    Alain Floquet
     
    -          il s’agit d’un groupe de participants à une formation ponctuelle ou à un stage. En général, le test d’évaluation que je privilégie est le randori esquive/canalisation. Garde, esprit de décision, organisation de l’espace, stratégie, Kime, vigilance… Chacun, dans le rôle de Tori ou de Uke, s’y montre à son niveau. Ensuite, je contrôle tous les éléments de base : posture de garde, tonicité des jambes, tension de l’abdomen, efficacité des saisies, continuité des actions et attitude en fin de mouvement…
     
    Comment je sais qu’une notion est assimilée et qu’il est temps de passer à une autre notion ?
    « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage… » En fait, une notion n’est jamais parfaitement assimilée, il sera toujours bon de la polir et de la repolir car, comme dit notre bon Maître, il suffit de perfectionner toute sa vie le programme du 1er dan pour avancer dans la Voie de l’Aïkibudo.
    Je pourrais suggérer de passer à une autre notion quand la lassitude commence à se manifester. En fait, une notion peut se présenter avec tant d’illustrations différentes, d’habillages différents, qu’il peut se passer un long temps avant que la lassitude n’apparaisse.
    Entendons-nous bien sur la « notion de notion ». Une notion est d’abord une connaissance élémentaire, parfois intuitive, souvent imprécise : la notion d’esquive. Plus tard, il s’agira d’un objet général de connaissance, d’un concept : la notion de mouvement, par exemple.
     
    Voilà, mon cher Sylvain, la fin de mon long discours. Je ne sais pas si j’ai répondu de façon satisfaisante à tes questions. Mon intention était d’abord de rédiger un petit traité de pédagogie. Le sujet est si dense que je m’aperçois, en le relisant, qu’il s’agit bien d’une conversation à bâtons rompus sur ma vision de l’Aïkibudo et ma façon de concevoir la formation des cadres, ce qui explique les redondances, l’emphase de certains propos, et les citations du Maître qui soulignent mes allégations. C’est donc au Maître, à qui j’ai d’abord soumis ce texte avant de le corriger et de le mettre en ligne, que je donnerai le mot de la fin :
     
    « Appliquer le programme dans sa totalité et sa perfection »