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    Que peut apporter un livre en parallèle à la pratique de l’Aïkibudo?

      Cette question, posée par not’ bon Maître aux stagiaires au cours du stage du Temple sur Lot, n’avait provoqué en réponse que des banalités… Chacun attend que l’autre apporte de l’eau au moulin et se limite à de plaisantes flatteries. J’ai donc entrepris d’interroger quelques pratiquants individuellement, responsables techniques, professeurs, élèves. Les idées ont été exprimées d’abord à partir du petit manuel gris qui date de 1982 puis en fonction d’un éventuel manuel à venir.  

    Vincent (professeur)
    Ce petit livre permet de revoir ce qui a été vu pendant l’entraînement. Son utilité est conjointe à la pratique car il est difficile pour les débutants de comprendre le cheminement des images. Il est utile pour les débutants dont le professeur n’est pas très expérimenté. C’est un outil pour le professeur qui élabore ses cours et peut inciter ses élèves à y chercher des réponses. Dans ce cas, on peut le comparer à un manuel scolaire qui est toujours dans le sac et sert de support de cours à l’enseignant. Celui qui cherche va dans le livre. C’est le cas des apprenants actifs : apprendre, c’est aller au devant des savoirs.  

    Xavier (professeur et assistant)
    Il a lu ce livre 1000 fois ! C’est sa référence. Il y trouve deux sources d’intérêt : l’histoire et la pratique. Il tient à savoir d’où vient l’Art qu’il pratique, quelles sont ses sources, comment il a été créé. Le manuel a été précieux pour mémoriser les noms des techniques, associer une forme technique et un nom. Il est impossible d’apprendre un Art Martial avec un livre mais c’est une aide précieuse. Il a commencé l’apprentissage de l’Aïkibudo en 1988. Il est venu la première fois au stage du Temple-sur-Lot en 1990 et depuis, le manuel a été son outil de référence permanent. On y voit clairement les notions de distance et on comprend la notion de Ma Ai. On va évidemment chercher le complément d’informations dans les cours.  

    Alain (professeur et délégué technique)
    C’est une aide à la préparation des cours pour repréciser les éléments techniques. Il trouve des informations complémentaires, des démarches pédagogiques très utiles dans le blog du CTIR. L’image est traitée par le lecteur en fonction de ce qu’il connaît déjà (on apprend en fonction de ce que l’on sait déjà – note de l’auteur) Il aimerait trouver, dans un nouvel ouvrage, des précisions techniques : les passages obligés, les éléments fondamentaux), voir rappelée la spécificité de chaque technique.  

    Sylvain (professeur)
    Il utilise le manuel pour bâtir ses cours, il l’aide à revenir à la forme de base pour ensuite aborder les variantes. Ses élèves l’utilisent pour réviser. Il permet d’asseoir les connaissances, d’éviter les déformations. Il y a toutefois un effet « pervers » : la fixité de la forme représentée qui ne rend pas compte de l’inévitable évolution… Il souligne l’importance de connaître la grande et la petite histoire, les anecdotes, et de conserver la mémoire des événements. Il souhaite que soit bien précisé, dans la présentation de la technique, ce qui est attendu, la raison, par exemple, de l’attitude finale au moment de l’immobilisation dans le Kihon Osae Waza et l’atémi d’expression martiale qui est justifié par l’histoire de l’Aïkibudo.  

    Évelyne (élève et Yudansha)
    Elle souhaite retrouver, loin du dojo, ce qui a été étudié sur le tatami et qui s’oublie très vite, elle souhaite retrouver ce qui est fondamental, ressortir du contexte émotionnel du cours et retrouver le fondamental de retour dans une situation habituelle, « normale », revenir à l’essentiel. Elle souligne l’effet pervers de pratiquants qui « apprennent » des techniques dans le livre et croient les savoir. Un autre livre technique ne devra pas être austère, on doit éprouver un plaisir à l’ouvrir. Elle fait référence à « Pensées en mouvement », à ses nombreuses illustrations qui permettent de faire une plongée dans l’histoire et agrémentent la lecture.

    Rida (responsable technique)
    Le livre fixe une forme alors qu’elle est en constante évolution. Il a beaucoup utilisé le manuel au début de sa pratique mais maintenant, les techniques ont évolué. Il suggère une initiative réservée aux responsables techniques : un ouvrage permettant de conserver ce qui reste de se perdre et complété par un DVD présentant le mouvement, complété par une mise à jour régulière tenant compte des évolutions. Le DVD est un bon moyen de mise à jour. Pour les débutants, le contenu d’un manuel technique doit rester sobre. Il souhaiterait une édition traduite en anglais.

    Bruno (professeur)
    Le manuel est indispensable, il y a une très forte demande des élèves. Il l’utilise comme support, le manuel ne rend pas meilleur, c’est un aide-mémoire, ce sont les leçons à apprendre à la maison. C’est une aide précieuse pour ceux qui ont une mémoire livresque (d’autres ont une mémoire auditive ou une mémoire visuelle) On perd des adhérents potentiels parce qu’ils ne trouvent pas de manuel d’Aïkibudo au rayon Arts Martiaux des librairies, beaucoup de gens cherchant à s’informer dans un livre avant de franchir la porte d’un dojo. Ce qu’il souhaiterait :

    -         le petit manuel gris, tel qu’il est, en grande diffusion, pour la communication
    -         un (ou des) manuel (s) spécifique(s) estampillé(s) Yudansha, décrivant le programme grade par grade

    Il ne faut pas que les manuels soient plus explicites, avant d’éviter une altération : les précisions s’obtiennent sur le tatami, si besoin au cours des stages. Il envisagerait volontiers une diffusion par les profs auprès des magasins d’Arts Martiaux dont ils assurent une partie de la clientèle, voire auprès des libraires, y compris la FNAC, et les rayons sport de Go Sport et de Décathlon. 

    Robert (responsable technique)
    L’avantage du manuel, par rapport au DVD, est de pouvoir l’emmener et le consulter partout. Il lui semble que le petit manuel n’est plus valable, il est dépassé. En ce qui le concerne se pose le problème de la langue et la nécessité d’une version anglaise car il y a une demande pour cet ouvrage dont le prix est intéressant. Il va sortir (il a sorti ?) un livre à l’usage des kyu, au format PDF, accompagné d’un DVD. Il semble que ces documents soient obligatoires et incopiables (système de cartes à présenter aux passages de grades ?) Il propose d’enregistrer l’ensemble des programmes et des katas sur DVD pour préserver le contenu de l’enseignement (notion d’héritage, cohésion de la « famille », éviter toute discussion en s’assurant que tout le monde fait la même chose. Ce DVD serait réservé aux enseignants (problème de la confiance). De cette façon, on peut expliquer « entre les lignes » et si la technique évolue, savoir pourquoi elle a évolué.

    Je vous ai proposé, dans la fenêtre SONDAGES, de continuer à apporter des idées, des pensées, des suggestions.

    Ricardo (aïkibudoka fuxéen)
    Je réponds à la question posée concernant la place du livre dans la pratique. À mon sens, et pour prendre en exemple le livre gris, cela sert trop souvent à départager des désaccords sur les techniques plutôt que de base au travail. C'est un support plutôt qu'un guide de travail. Et quel support !
    Cela n'enlève en rien la nécessité absolue des entraînements. Mais souvent la lecture, même sans être nécessairement technique, permet d'éclairer des points que l'on ne soupçonne même pas d'être dans l'ombre.