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    Ce premier cours de l'année est construit sur un nouveau thème : on doit pouvoir faire tout sur tout...

    Loin de moi l'amorce de l'idée qu'on peut faire n'importe quoi. En clair, il doit être possible, avec un minimum d'imagination et de réflexion, d'effectuer toutes les techniques sur toutes les attaques, saisies ou atémis.

    Bien sûr, certaines réponses seront pertinentes, d'autres le seront moins voire pas du tout. L'important est de s'habituer à être toujours présent, vigilant et capable de s'adapter quelle que soit la situation. À l'occasion d'un examen ou au cours d'un randori. En gardant à l'esprit qu'il y a des formes de base, des variantes et... des possibilités.

    L'idéal est de s'intégrer au mouvement et de porter la technique qui naît de ce mouvement. Or, le plus souvent, face à une attaque, on a le réflexe de tenter d'appliquer une technique « codifiée » qui correspond à la forme de l'attaque : à une attaque impliquant une entrée intérieure on répond avec une technique classée intérieure... sachant que toute règle connaît ses exceptions. Mais si l'attaque attendue ne correspond pas à celle qui survient, la technique « codifiée » prévue ne peut plus se porter et Tori se retrouve momentanément déstabilisé.

    Les règles qui permettent d'éviter de commettre des erreurs ne doivent pas devenir des carcans qui empêchent toute expression « libre ». Encore une fois, il n'est pas question de faire n'importe quoi. Il existe un esprit, sinon une philosophie, de l'Aïkibudo. Not' bon Maître me disait qu'une technique est bonne si elle est esthétique et efficace. On parlait alors de forme de corps. Plus tard s'est imposé le concept de mouvement, qui définit au mieux cet esprit de l'Aïkibudo. Et not' bon Maître  dit qu'aucune technique n'appartient à un art martial en particulier. On retrouve Kote Gaeshi dans la plupart d'entre eux mais il n'est pas partout porté avec la même intention, la même finalité. En Aïkibudo,  il est l'aboutissement, le point final du mouvement. Il n'a pas été décidé au départ de porter Kote Gaeshi mais c'est Kote Gaeshi qui s'est présenté dans le déroulement du mouvement...

    Une technique de Judo portée dans l'esprit de l'Aïkibudo devient technique d'Aïkibudo. Pour vous en convaincre, je ne saurais trop vous recommander de regarder les vidéos du très grand Maître Kyuzo Mifune. Rendez-vous à cette adresse : http://fr.youtube.com/watch?v=pUIOII3PWUc et faites-vous plaisir, regardez-les toutes. « Bien plus proche de ce que l'on fait que ce que l'on voit sur les films de M. Ueshiba. Ça donne envie de faire du judo ! » m'a dit Christophe qui me les avait recommandées. Il ne savait pas que ce grand Maître avait été le professeur de Minoru Mochizuki.

    Dans le cadre du projet de ce second trimestre, il s'agira d'appliquer les techniques fondamentales (Kote Gaeshi, Shiho Nage, Yuki Chigae, Mukae Daoshi, Hachi Mawashi, Kote Kudaki...) sur toutes les saisies en distance Chika Ma puis en distance Ma. Le passage entre ces 2 distances a été le thème du projet du 1er trimestre.

    Kote Gaeshi se prête bien à une première approche puisque qu'il découle souvent  directement du Te Hodoki.

    Jyunte Dori : application de la forme de base en distance Chika Ma. Les points clés ont déjà été décrits dans des fiches précédentes.

    En distance Ma, l'armlock est de rigueur. Le plus facile à appliquer consiste à contraindre le bras de Uke contre le flanc. Une forme plus délicate consiste à contraindre le bras de Uke avec le coude. C'est la position de Tori par rapport à Uke qui déterminera son choix.

    Une variante intervient si, au lieu de contraindre Uke vers le sol (le « fer à repasser... »), Tori l'entraîne devant lui comme pour porter une technique « intérieure », il peut avoir l'opportunité de porter Kote Gaeshi. Il suffit de bien placer les mains.

    J'ai choisi Kote Gaeshi qui permet de contraindre Uke à effectuer une roulade arrière. Ce choix est dû aux conditions météo : le froid ambiant rend le corps plus fragile. Les chutes dites plaquées deviennent corrosives pour l'organisme.

    Cette démarche est applicable sur toutes les saisies de face, formes fondamentales et variantes.

    Les saisies arrière proposent une autre démarche. En effet, comment concevoir la distance Ma sur ce type de saisies ? Il faudra donc orienter sa recherche sur 2 formes de sorties.

    Exemple avec Ushiro Uwate.

    Première forme de sortie : simultanément, lancer une jambe entre les jambes de Uke et relever les bras, main sur main, au-dessus de la tête, tourner les hanches du côté de la jambe arrière, repousser Uke latéralement, se dégager, armlock, Kote Gaeshi.

    Seconde forme de sortie : contrôler la main « en dessous » avec le tranchant de la main homologue, glisser les hanches sous le bras « au dessus », saisir le poignet de la main contrôlée, entraîner Uke, porter Kote Gaeshi...

    Ça ressemble à une recette de cuisine. Les élèves ont commencé à saturer, je ne les avais pas habitués à un tel rythme d'acquisition : pas le temps de réfléchir à la forme que déjà il fallait passer à la suivante ! Je leur ai conseillé de prendre des notes. Quelqu'un m'a répondu que ce n'était pas la peine, il suffisait d'attendre la publication de mon article... Hélas, comment décrire des sensations ? Comment décrire clairement, tout simplement ? Un mouvement ne se vit pas de la même façon qu'on applique une recette !

    Je ne peux donc que vous proposer des pistes. À vous de les explorer en fonction de vos connaissances, de votre bon sens, de vos sensations. Le randori, s'il est pratiqué avec sincérité, permettra de faire le tri.