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    L’hiver, qui a décidé de retrouver sa vigueur passée au lieu de se comporter en automne prolongé comme il l’a fait depuis quelques années, a contrarié mon calendrier. Quelques centimètres de neige et les routes aux revêtements trop lisses se transforment en patinoires...

     

    Au lieu de se dérouler dans une ambiance de froid sec, le cours a dû s’adapter à un temps frais et humide. Les kimonos n’ont pas tardé à s’imprégner de sueur. En effet, je profite de mon déplacement au Dojo pour programmer une séance de Kobudo avec mon amie Jocelyne. Je répète assidûment tous les katas 2 fois par jour. Seul, il est difficile de se concentrer sur les sensations mais la chorégraphie se met bien en place pour peu qu’on parvienne à visualiser un partenaire. Cet entraînement m’apporte une exigence de rigueur que je pourrais avoir tendance à mettre de côté au fur et à mesure que les années passent. Nous avons le privilège de pratiquer un Art merveilleux, évolutif... C’est pourquoi il est nécessaire d’exécuter régulièrement et humblement les grands Katas traditionnels. Ils nous rappellent qu’on peut toujours mieux faire.

     

    D’autres élèves nous ont rejoints bien avant l’heure du cours et ont travaillé leur Aïkibudo, ce qui fait que toutes les articulations, tous les muscles étaient convenablement chauds et assouplis au commencement effectif du cours.

     

    Théoriquement, il est possible de faire tout sur tout même si tout ne paraît pas nécessairement pertinent. Le passage de la distance Chika Ma à la distance Ma apporte l’ensemble des sensations et de la mobilité qui permettent d’expérimenter cette théorie.

    Le dernier cours avait été construit autour de l’exploration des possibilités d’application de Kote Gaeshi. Cette fois-ci, c’est Shiho Nage qui est mis en œuvre.

     

    Point de départ : Jyunte Dori en distance Chika Ma.

    Le Te Hodoki appliqué à cette saisie démontre avec presque trop d’évidence la théorie, le même geste autorise aussi bien l’application de Kote Gaeshi que de Shiho Nage, seule le repositionnement de la main saisie après le dégagement conditionne la technique choisie, encore que Shiho Nage puisse être porté soit avec cette main en supination, c’est la forme « logique », soit avec cette main en pronation, c’est une forme « possible », essayez vous-mêmes. J’en reparlerai plus loin.

    Le passage à la distance Ma conditionne le Tai Sabaki en fonction des notions de techniques extérieures ou intérieures. Fondamentalement, Shiho Nage est classé dans les techniques fondamentales intérieures (on dira : entrée intérieure comme Shiho Nage...). Une entrée intérieure expose Tori à une attaque venant de la main libre de Uke. L’atémi au visage, Yokomen Uchi (en fait, il s’agit de porter une attaque circulaire qui permet une forte poussée de l’avant-bras sur la clavicule de Uke et se prolonge en atémi sous l’oreille) est indispensable, il provoque un réflexe de défense de Uke qui protège son visage et, porté avec détermination, provoque un déséquilibre arrière. Il devient alors possible de faire passer le bras saisi par devant et de placer la technique.

    Point-clé : le bras de Uke subit une traction continue de l’entrée du mouvement à la projection. Cette traction s’effectue dans un plan horizontal jusqu’à ce que sa main rejoigne son épaule (une rupture du plan ouvre la voie au Kaeshi Waza). À ce moment, une traction du poignet place le bras dans le plan vertical, contraint Uke à se cambrer et permet la projection. Tori peut accompagner cette traction d’un léger recul du pied avant qui lui permet de se replacer de façon optimale.

     

    Applications pratiques

    Dosokute Dori : le passage de la distance Chika Ma à la distance Ma ne doit pas poser de problème. A priori, Tori effectue Nagashi pied avant. La mise en déséquilibre de Uke s’initialise au moment où il pose le pied avant.

    Ryote Ippo Dori : il s’agit d’une double saisie, Jyunte Dori plus Dosokute Dori. C’est l’occasion d’aborder les notions d’Irimi et Tenkan. L’expérience montrera qu’il ne s’agit pas d’un choix personnel mais que la forme choisie peut être déterminée par le pied avant de Uke suivant qu’il tente de saisir comme Jyunte Dori ou comme Dosokute Dori... Encore une piste à explorer...

    Muna Dori : le dégagement s’effectue en fonction de la technique envisagée. Pour Shiho Nage, dans l’hypothèse où Uke saisit de la main droite, Tori saisit son revers de la main gauche, sous la main de Uke dont il saisit le poignet avec sa main droite, pouce en l’air. Dégagement avec une double torsion accompagnée d’une puissante rotation des hanches vers la droite.

    Le passage à la distance Ma ne réinvestit pas cette spécificité, Tori ne doit pas se laisser saisir et son Tai Sabaki s’effectue par l’intérieur. Application des formes Irimi et Tenkan.

    Ushiro Eri Dori : cette forme a déjà été abordée à l’occasion de la présentation d’une classification en techniques intérieures ou extérieures et de « paires symétriques »... Uke saisit de la main droite. Tori saisit ses deux revers pour bloquer les doigts de Uke contre sa nuque et avance la jambe gauche, pied vers l’intérieur, en tirant le bras de Uke. Il reprend ses deux revers de la main gauche, pivote en passant la tête sous le bras de Uke dont il saisit le poignet par-dessous (en supination). Il ramène ce bras vers l’avant et porte Shiho Nage.

     

    Shiho Nage se porte classiquement sur Omote Yokomen Uchi. C’est quasiment un automatisme. Portez Omote Yokomen Uchi, la réponse sera Shiho Nage. Demandez Shiho Nage, l’attaque la plus fréquente sera Omote Yokomen Uchi !

    Bilan du cours du 11 février 2009

     

    Théoriquement, tout est possible sur tout. La dernière fois, nous avons appliqué Kote Gaeshi (technique extérieure) sur Omote Yokomen Uchi. Cette fois-ci, nous porterons Shiho Nage (technique intérieure) sur Ura Yokomen Uchi.

    Uke attaque Ura Yokomen Uchi du bras droit. Tori, en Migi Kamae, effectue Irimi pour contrôler l’attaque, tranchant de la main gauche dans le pli du coude, tranchant de la main droite au pli du poignet. Il saisit le poignet de Uke, avance la jambe gauche en poussant son coude vers l’avant, pose sa main gauche contre sa main droite et porte Shiho Nage en exerçant une contrainte avec son avant-bras sur l’avant-bras de Uke. Observez la position de la main gauche... Certes, elle n’est pas académique mais puisqu’on vous dit que, théoriquement... et que se passe-t-il si, au moment de l’entrée, Tori avance le pied gauche ?

     

    Randori : Shiho Nage sur toutes attaques et toutes saisies. Tori ne doit jamais se sentir déstabilisé parce qu’il avait prévu d’appliquer une technique et que l’attaque subie n’est pas conforme au type d’attaques attendues.

    Bilan du cours du 11 février 2009

     

    Et oui, encore une autre forme d’entrée...

    On n’a jamais fini...