• Quelques notes (4)

     


          OÙ L’AÏKIDO MOCHIZUKI ENTRE DANS LA VIE DE VOTRE SERVITEUR

                                ET VA EN CHANGER LE COURS...

    Quelques notes (4)
    Au centre de la photo, Jim Alcheil, en Keikogi noir, à droite de Roger Couderc,
    célèbre animateur du service des sports à l'ORTF.
    Devant celui-ci, agenouillé, le très jeune Alain Floquet...

    Quelques années plus tôt, j'avais vu un reportage télévisé sur un nouvel Art Martial dont je n'avais pas retenu le nom, probablement donné en Japonais. Sur la terrasse d'un grand magasin de Tokyo, un petit vieux barbichu, vêtu d'amples vêtements noirs, s'amusait beaucoup à se déplacer à genoux et à balancer dans toutes les directions de jeunes garçons très souples, qui ne semblaient pas s'en porter plus mal et revenaient sans cesse à l'assaut. C'était amusant, plutôt impressionnant et... très joli à voir. C'était ça que je cherchais. C'est ça que je trouvais enfin ! Janvier 1965, Jean Lemaître ouvrit une section d’Aïkido « Mochizuk

    • « Qu’est-ce que c’est donc, cet Aïkido ? Il y a longtemps que ça existe ? Comment l’avez-vous découvert ? 
    • C’est le maître Mochizuki qui l’a introduit en France, il y a une quinzaine d’années. Et en 1962, il a envoyé son fils, Hiroo, pour prendre les choses en main. Celui-ci, il a semé une sacrée panique !
    • Comment, cela ?
    • Et bien, il n’y a pas si longtemps, on disait que l’Aïkido était réservée aux anciens judokas qui ne pouvaient plus faire de compétition. Donne-moi ta main que je te fasse mal ! C’était comme ça qu’on le décrivait !
    • Et y avait-il une part de vérité ?
    • Peut-être bien, car Hiroo a ramené quelques honorables ceintures noires au 5ème kyu. Une vraie débandade !
    • Et vous, comment avez-vous rencontré l’Aïkido ?
    • Je faisais un stage de Judo à Marciac. Hiroo, qui était lui-même un bon judoka, nous a initiés à l’Aïkido. J’ai continué en prenant des cours particuliers à son club, à Paris et en allant aux stages d’été de Royan, dirigés par Charles Sebban.
    • Charles Sebban ?
    • Oui, c’est un dentiste. Il est 4ème dan. Il m’a fait passer ma ceinture noire l’été dernier. »

    Abandonnant aussitôt le Karaté, je fus son premier inscrit. Je me rappelle, comme si c’était hier, nos premiers pas sur la Voie des Arts Martiaux. Je garde un bon souvenir de ce petit groupe d'une douzaine d'élèves avides de savoir.
    Le Dojo, tout en longueur, était partagé en deux par un élastique. Judo à l'entrée, Aïkido « Mochizuki » au fond.
    Première séance : tous les dégagements sur saisie de face. Il n'était alors pas question de Te Hodoki, de Jyunte Dori ou de Dosokute Dori mais de 1ère ou 2ème saisie, comme au vieux temps du Judo de Kawaishi.
    Deuxième séance : tous les dégagements sur saisie arrière. Ma foi, notre mémoire était solide, puisque tout était resté à peu près net. Il faut dire que notre style devait être on ne peut plus rustique. Dans la foulée, on étudie Kote Gaeshi et Shiho Nage sur toutes les saisies, avant et arrière, bien sûr. Et puis, tous les « pivots » : pivot avant, pivot arrière. On ne parle pas de Tai Sabaki, les appellations japonaises sont très méconnues.
    J’étais atteint de la même boulimie que celle qui m’avait atteint lors de mon initiation au Judo. Il me fallait engranger très vite un maximum de connaissances, comme si le temps m’était compté, comme si je voulais combler le retard dû à une entrée tardive dans l’univers des Arts Martiaux. Alors, j’essayais de découvrir par moi-même ce qui ne m’avait pas encore été enseigné et que je pressentais, ou que je découvrais très succinctement présenté dans les ouvrages que je parvenais à me procurer.
    Alors, je cherchais comment appliquer les deux techniques, étudiées sur des saisies, en cas d’attaque à distance. Je me rappelle avoir ainsi essayé l’application de Kote Gaeshi sur un coup de poing au visage. Ma solution était très compliquée, j'esquivais par l'intérieur, je repassais le bras de l'adversaire devant moi, je l’entraînais de l’autre côté avant de tordre son poignet. J'avais le virus de la recherche, et puis, ma « trouvaille », n'avait-elle pas été vraiment pratiquée de cette façon tarabiscotée par un groupe dont je préfère taire le nom qui rappelle celui d’une compagnie d’assurances ?
    J’entrepris très vite, et en toute modestie, de rédiger un manuel de vulgarisation de l’Aïkido Mochizuki - pourquoi pas ? - car la prose disponible à l'époque, essentiellement les livres de Jean Zin, était très rare, sinon indigeste, et n’avait, de toutes façons, rien à voir avec ce qui se faisait dans notre école. J'avais notamment détaillé tous les déplacements à l'aide de pieds soigneusement dessinés, en m’inspirant de croquis trouvés dans un manuel de Judo. Les mouvements étaient dessinés à la façon de clichés stroboscopiques.
    Vanité ! Mon projet restera projet et brouillon au fond d'un carton. Comme pour tant d’entreprises où je n’atteignais pas la qualité professionnelle, je laissai le soin de mener à bien l’entreprise définitive aux hommes de l’ART.
    Je ne peux omettre la description des éducatifs favoris de Jean Lemaître. Pour le premier, il fallait se placer face à un partenaire armé d'un bâton qu'il levait et abaissait, et relevait et abaissait encore à la manière d'un métronome géant. Et nous esquivions un coup à droite, un coup à gauche, un coup à droite, un coup à gauche...
    Un autre exercice que nous affectionnions tout particulièrement était une approche de Irimi. Un élève était face aux autres, alignés dans la diagonale du Tatami, et qui fonçaient poing en avant. Le malheureux esquivait en remontant le courant, et, surtout, en assénant de violents coups du plat de la main sur le coude de ses adversaires. La douceur n'étant pas de mise et le concept de non-violence totalement ésotérique, les règlements de compte étaient immédiats.
    Ma progression fut assez rapide. Je fus gratifié du cinquième kyu aux premiers jours de l'été, l'hiver naissant me vit accéder au quatrième kyu, et je reçus le très respectable troisième kyu à la naissance du printemps 1966.

      



    C'est certainement un extrait du reportage  que j'ai vu à la télévision, en 1957.

    À suivre...

    80 balais... âge canonique

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

    80 balais... âge canonique

     

     

     

    Oublie tes peines et pense à aimer
    あなたの悩みを忘れて、愛について考える
    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    80 balais... âge canonique

    mort-de-rire

     

     

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