• Non-éloge du gratuitisme

     

     

    voleur2

    Tout ce qui est public devrait être gratuit. L'école, les transports et les filles. (Alphonse Allais)

    Ce matin-là, comme tous les matins, après avoir relevé et trié mes nombreux courriels, j’ai consulté les statistiques d’utilisation de mon blog CTIR-AIKIBUDO. Il reçoit la visite quotidienne de 10 à 30 lecteurs qui consultent en général 2 ou 3 pages suivant ce qu’ils recherchent et l’intérêt qu’ils ont éprouvé à la première lecture.

    Quand j’avais publié mes premières fiches, il y a près de 5 ans, un enseignant m’avait écrit pour me remercier de partager mon expérience ce qui n’était pas, selon lui, l’habitude des « anciens ». Un simple merci qui m’avait donné le goût de continuer.

    Ce matin-là, donc, j’ai 16 visiteurs, ce qui correspond à une moyenne basse. Et puis mon attention se fixe sur la donnée précédente : 149 pages vues ! Au premier coup d’œil, j’avais dû lire 19, par habitude...

    C’est flatteur d’avoir intéressé des lecteurs (ou un lecteur) à un tel point. Mais ce qui est décevant c’est qu’il n’y ait eu aucun échange. Pas un petit message. Pas le moindre commentaire...

    L’Internet ne serait-il qu’un vaste dépôt à ciel ouvert où chacun vient piocher et prendre ce qui l’intéresse sans se soucier de savoir qui l’avait déposé ? Gratuité rimerait donc avec grossièreté ?

     

    Étant donné que nous vivons dans un monde corrompu par l'argent, tout ce qui est gratuit est bon à prendre. (Coluche)

    Ça me rappelle une anecdote : en 1989, à Montréal, j’avais réussi à approcher une marmotte, au bord de son trou. Avec une infinie patience, je lui avais offert une cacahuète dans la paume de ma main. Elle s’en était emparée et avait filé dans son trou, sans dire merci... Les internautes visiteurs des sites d’Arts Martiaux seraient-ils des cousins de cette marmotte ?

    marmote 2  

    Il est démocratiquement impensable qu'en république il y ait encore trop de gens qui se foutent royalement de tout. (Pierre Dac)

    Je me suis initié à la micro-informatique au début des années 80. J’ai sollicité et obtenu des stages chez Olivetti, Texas Instruments, Atari qui ont accepté de m’accueillir pendant mes jours de congé. Je me suis inscrit à des Universités d’été. Mon expérience m’a permis d’encadrer les stages du Plan Informatique Pour Tous en 1984, avec les nanoréseaux de MO5 Thomson.

    Je m’étais spécialisé dans le langage Logo, d’abord sur le TI 89/4A, puis sur l’Atari 800, les Thomson et enfin les PC sous Dos puis sous Windows... Qui connaît encore ce langage de nos jours ? Son originalité était d’être utilisable par les enfants, même dès l’école maternelle sous réserve de quelques aménagements. J’avais acquis une solide notoriété régionale et même nationale en participant à l’amélioration des versions Winlogo et P_Logo, en publiant des brochures et des articles pédagogiques.

    Je mettais les outils que j’avais élaborés à la disposition de quiconque le désirait, souvent des collègues qui avaient participé à mes stages de formation, sous forme de disquettes au format de l’époque, 5" 1/4. Quelle ne fut pas ma surprise quand un ami me montra une disquette pleine à ras bord de mes œuvres... où mon nom avait été effacé et remplacé par celui d’un collègue bien peu scrupuleux !

    J’avais dû être une des premières victimes du piratage, ou plutôt de la fauche, qui plus est d’outils mis gracieusement à disposition (je suis gracieux, en effet).

     

    Le rire n'est jamais gratuit : l'homme donne à pleurer mais prête à rire. (Pierre Desproges)

    O tempora O mores ! Autre temps, autres mœurs ? Que nenni, plus que ça va, et plus que c’est pareil ! Le monde des Arts Martiaux subit les travers de l’époque, notamment la grossièreté.

    Quant au titre de ce billet d’humeur... j’aime bien créer des néologismes, je partage ce goût (et ce talent ?) avec mon ami Alain, nous le pratiquons volontiers dans nos correspondances dominicales.

    Quand je relève les statistiques des visites de ce blog, j’aime bien savoir quels articles ont été lus et quelles requêtes sur un moteur de recherche les ont fait découvrir. Une requête fréquente est « téléchargement gratuit vidéo aikibudo tradition et évolution ». Pourquoi se gêner puisque ça se trouve sur les réseaux P2P (pire de pire) ? Un exemple de stupidité ? Ce matin, je relève : « de ashi barai téléchargement gratuit ». No comment... 

     

    Si on payait mieux les bénévoles, ça donnerait peut-être envie à plus de gens de travailler gratuitement. (Philippe Geluck)

    Et l’Aïkibudo dans tout ça ?

    Je pense à un homme qui s’est formé auprès des derniers grands « Sensei » du Japon. Et qui nous a TOUT donné. Généreusement. Sans calculer, sans compter. Nous tous qui avons reçu les fruits de ces décennies d’apprentissage, d’entraînement, de réflexion, de maturation, nous tous qui nous sommes servis avec gourmandise, nous devons à notre tour donner sans compter, sans recherche un autre bénéfice que celui de voir l’École prospérer, grandir en nombre et en qualité. C’est notre façon de rendre les richesses qui nous ont été offertes. Donner pour rendre et manifester notre gratitude à celui qui nous a tout donné. Remercier tous ceux qui ont tout donné, à chaque échelon de la transmission...

    Non-éloge du gratuitisme

    La construction d’une vie n’est pas gratuite !

    Non-éloge du gratuitisme

    S'il n'est pas permis de vivre très vieux, qu'on nous laisse au moins naître plus tôt. (Pierre Dac)

     

     

    « Bilan du cours du 16 juin 2010Temple 2010 (1) »