• De la courtoisie

     

    Aux temps anciens où j'étais encore instituteur, le premier jour de la rentrée, j'enseignais à mes petits élèves du CM1/CM2 ces 4 mots ou expressions : « Bonjour, s'il vous plaît, merci, au revoir », éléments propres à construire le bien vivre ensemble. Ainsi, chaque matin, en entrant dans la cour de l'école, ils venaient me dire bonjour et je les saluais à mon tour sans oublier de dire leur prénom. Cette attitude pouvait paraître étrange aux élèves des autres classes qui les traitaient volontiers de fayots. Ils se sentaient peut-être un peu à part, ne jouaient pas au foot avec les autres, partageaient les jeux entre garçons et filles et, au bout de quelque temps, formaient une petite chorale sous le préau pour interpréter les chansons que je leur enseignais en grattouillant ma guitare. J'appelais ça un bon climat de classe, basé tout simplement sur la courtoisie...
    De nature naïve, j'ai toujours pensé que la courtoisie devait être une évidence pour tous les pratiquants de notre bel Art Martial. J'ai commencé à déchanter quand j'ai accepté quelques invitations à m'inscrire sur Fesse Bouc. En fait, j'aime bien me balader chaque matin parmi tous les bavardages de Fesse Bouc : c'est un panneau d'affichage, dans une cour de lycée, où on va accrocher de petits mots, c'est un recueil de brèves de comptoir, c'est aussi l'endroit où on recueille une foule d'informations. Enfin, c'est ce ce que je croyais jusqu'à ce premier jour d'octobre 2013...
    Après la grande démonstration pour les 30 ans de la 2F3A, j'avais stocké sur Youtube une série de vidéos pour illustrer l'article que je voulais offrir aux démonstrateurs, j'avais terminé très tard le soir et, à la demande de not' bon Sensei, je ne devais mettre l'ensemble en ligne que le lendemain soir. Vilaine surprise, le matin, en allant feuilleter les nouvelles sur Fesse Bouc : un certain Coaching Bazar Trucmuche a pillé mon compte et diffuse mes clips sans vergogne comme si elles étaient de son fait ! Imaginez, vous sortez de la pâtisserie du four, vous la mettez au frais sur le bord de la fenêtre et quelqu'un, en passant, se sert et va la distribuer généreusement.
    Ces énergumènes sont heureusement rarissimes. Il y a aussi les... maladroits.
    Dimanche dernier, je me traînais dans Fesse Bouc quand je vois,
    illustrant une annonce pour un stage régional, cette photo qui m'intrigue :

    De la courtoisie

    Je dis à mon épouse : « Regarde, on pourrait croire que c'est moi. Cette main qui canalise, c'est sur le même geste que je construis mes cours depuis la rentrée. Les marques d'usure sur le ruban rouge... La main posée sur la ceinture pour montrer le travail du bassin, et cet anneau en or... je ne connais pas grand monde parmi les Kodansha qui partage ces caractéristiques... - P't'êt' ben, semble penser mon épouse, qui n'est pourtant pas normande. - Morbleu, il faut que je trouve qui c'est, grognai-je in petto. »
    La recherche par Gogol images ne m'apporte aucune réponse. Il me semble bien me rappeler un geste analogue illustrant un cours à Caudebec en Caux mais tien sur l'ensemble des articles.
    Soudain, ma mémoire me souffle : « Te no Michibiki »... J'y vais et je la trouve ! Par courtoisie, je l'envoie
    en commentaire à l'auteur de l'annonce... qui se fait très discret, l'annonce disparaît.  Elle reparaît le lendemain postée par un ami à qui j'écris : « Coucou, c'est qui sur la photo ? »... la photo disparaît. Vendredi soir, elle est postée par une inconnue à qui j'envoie l'original et samedi matin elle a encore disparu. Étrange comportement, n'est-il pas ? Joue-t-on à cache-cache ? Fais-je peur ? En fait, s'il s'était agi d'une photo d'Alain Floquet ou d'Alain Roinel, aurait-on agi avec autant de désinvolture ?

    De la courtoisie

    Ce serait un incident négligeable si je n'avais déjà eu une mésaventure analogue le jour du pompage de mes vidéos par le Coaching Bazar Trucmuche . J'étais retourné sur Fesse Bouc pour vérifier si d'autres pillards s'étaient livrés à la curée. Soudain, je vois cette image, commentée de façon enthousiaste par 2 amis :

    De la courtoisie

    Je clique dessus pour la voir dans son intégralité. Je me retrouve sur une autre page Fesse Bouc intitulée 合気道望月, ce qui signifie Aïkido Mochizuki, où la photo est toujours coupée. Car je la connais, cette photo, et pour cause puisqu’elle m’appartient ! Elle a été prise à Lembrun, au cours d’un stage d’été où nous avions eu le bonheur de recevoir ensemble les 2 grands derniers Sensei : Mochizuki Minoru Sensei et Sugino Yoshio Sensei. Petit problème, la photo a été coupée. Les auteurs de la page 合気道望月 ont tenu à faire disparaître… Alain Floquet. Pas moins. Et son épouse, par le fait. Pourquoi ? Demandez-le leur.

    De la courtoisie

    J'ai bien sûr, par courtoisie, envoyé la photo d'origine aux rédacteurs de la page. Je leur ai dit qu’ils m’avaient honoré en « m’empruntant » cette photo et que je leur offrais la version entière car il me semblait dommage qu’on ait supprimé Maître Alain Floquet sur la photo alors que c’était grâce à lui si ces 2 « trésors vivants » avaient pu venir en France.
    On m’a répondu en me donnant une liste d’écoles pouvant se réclamer de l’enseignement de Mochizuki Minoru Sensei et que si d’autres avaient pu avoir un contact avec le Sensei, elles n’avaient bénéficié que d’une fine partie de son enseignement. Vlan, dans les dents !
    Suite à notre échange, la photo a été enlevée. C'est bête, non ? En fait, rien ne disparaît vraiment sur la toile. Une photo moins censurée est de nouveau visible sur la page de 合気道望月, sous la rubrique « Publications d'amis » partagée par des amis qui ne connaissent vraiment pas l'histoire de cette photo.
    Que penser de ces emprunts, de ces manipulations ? Je n'en veux évidemment pas à leurs auteurs. Ils n'ont pas eu la chance, du temps où ils étaient au CM1 ou au CM2, d'avoir un instituteur qui leur enseigne : « Bonjour, s'il vous plaît, merci, au revoir », quelques mots qui créent ce lien social qu'on appelle la courtoisie.

     

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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