• Bilan du cours du 8 avril 2015

     

    De toutes les sciences que l'homme peut et doit savoir, la principale, c'est la science de vivre de manière à faire le moins de mal et le plus de bien possible. (Léon Tolstoï)

    Pour comprendre un mouvement, il faut l’exécuter comme si notre vie en dépendait, comme si c’était peut-être le dernier...
    Chaque fois que je vais donner un cours, j’ai cette sensation : et si c’était le dernier ?
    Mes bons élèves, mes très bons élèves, pourquoi donc est-ce que je vous tarabuste avec tant d’insistance à l’occasion d’un unique petit cours bihebdomadaire ? Peut-être justement parce que nous ne nous rencontrons que 2 fois 2 heures chaque mois, que je n’ai pas le temps de vous passer tout ce que j’ai à passer, que j’ai un sentiment d’urgence. J’ai la vanité de croire que j’ai encore une connaissance à transmettre, qu’il serait regrettable que ce soit perdu et que vous êtes les derniers à me faire confiance, à accepter de me recevoir pour subir mon enseignement...

    Bilan du cours du 8 avril 2015


    Je suis fier quand je me compare, humble quand je me considère. (Jean-Luc Godard)

    Régulièrement, je me pose cette question cruciale : suis-je donc si impressionnant ? De taille moyenne, de stature moyenne (allez faire les soldes quand vous cherchez un pantalon taille 42 ou des chaussures pointure 42 !), doté d’une intelligence moyenne, je ne manque certes pas de moyens (trait d’humour !) étant de plus moyennement moqueur, pratiquant un humour de finesse moyenne (voir ci-dessus) et me considérant moi-même comme moyennement patient et compétent. Alors que se passe-t-il, pourquoi un (une) élève que je vois (sans le (la) regarder car j’ai un angle de vision un peu supérieur à la moyenne) exécuter parfaitement un exercice se met-il (elle) à faire n’importe quoi quand je le (la) regarde ?

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    Si en te baignant tu as échappé au crocodile, prends garde au léopard sur la berge. (Proverbe africain)

    En fait, j’ai connu ce problème : ne pas supporter le regard de mon Maître. Cette sensation désagréable d’avoir parfaitement compris l’exercice, de l’avoir correctement réalisé pendant quelques minutes puis d’être totalement décontenancé parce que le regard critique du Maître se posait sur moi. Alors que de retour au club, je transmettais sans erreur le message du Maître et que le Maître appréciait tout particulièrement mes élèves qu’il choisissait régulièrement comme Uke. Toutefois, le jeune Maître n’intervenait pas comme le fait le vieux Sensei André, son temps n’était pas encore compté.
    Je suis confiant et je tiens à partager cette confiance : mon cher ami qui as pu te sentir bousculé ce soir, je t’assure que tu es assez compétent pour participer à la succession de ton club !

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    La chance, c'est ce qu'on ne mérite pas. (Paul Guth)

    Il fait enfin beau, c’est enfin le printemps. Le ciel est bleu, les fleurs fleurissent, les oiseaux aménagent leurs nids. Il fait chaud. Oui mais... oui mais l’herbe pousse et, de nos jours, l’herbe est une chose sauvage qu’il faut domestiquer en gazon. Réveille-toi, tondeuse à gazon, sors de ton hibernation... La tondeuse à gazon est l’invention la plus absurde de notre époque. Tondre l’herbe pour la convertir en gazon est l’activité la plus stupide qui soit. Ça ne sert à rien. Quoi qu’on fasse, l'herbe repousse !
    Mais voilà, nos petites parcelles de 600 m², dans nos petits lotissements, il faut leur poser un bavoir de gazon ! Alors, j’ai sorti ma tondeuse, je l’ai réveillée et nous avons tondu. Et j’ai eu chaud. Et j’ai sué. Pour ratiboiser en moquette une nature vivante ! Qui va redevenir nature vivante dans 8 jours. Qu’il faudra retondre. Quelle sottise !

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    Quoi qu'ait pu supputer Norman qui n'est pas normand (mais un vrai camailloux !),
    ce n'est pas moi qui pousse la tondeuse-chopper : je ne bois pas de bière,
    je ne peux donc pas exhiber une bedaine « Labat bleue », la Kro d'en face.
    De plus je suis né quasiment imberbe... « Mais pas inverve ! », a cru devoir ajouter
    Martin-Gilles, le disciple de ZZ Top, ce que j'ai reçu comme un trait d'esprit plutôt flatteur.

     
    Nul n’est plus chanceux que celui qui croit à sa chance. (Proverbe allemand)

    Lara aurait bien voulu m’accompagner mais, par ce beau temps, elle serait mieux au soleil, sur la moquette de gazon toute neuve, qu’enfermée dans le Dojo.
    « Ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vue ! - Elle aime bien être avec nous, elle n’a pas l’air de s’ennuyer ! »
    Tu parles, elle se fait papouiller par tout le monde...

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    De quoi ? Des papouilles ? J’arrive ! Tout de suite !

     
    La chance est la forme laïque du miracle. (Paul Guth)

    Non seulement il fait beau et il n’y a personne sur ma route mais j’ai une place libre sur le parking. Et, clin d’œil supplémentaire du soleil, je suis garé à côté de Stéphanie, ma nouvelle quadra préférée. Quand je pense qu’il y a une époque où j’ai pensé qu’atteindre les 40 ans c’était flirter avec la vieillesse ! Ils sont presque tous quadra sur mon Tatami : des jeunes gens.
    Et non seulement Stéphanie est une charmante jeune quadra mais elle a apporté de quoi fêter dignement son entrée dans le monde des adultes.

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    Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout ; les malchanceux, ceux à qui tout arrive. (Eugène Labiche)

    Ce soir, pas de Hakama, il va faire trop chaud. Pas d’échauffement non plus, j’ai prévu un programme chargé.
    Stéphanie et Harold au centre pour une démonstration des Te Hodoki de face. « Avec atémi ? » me demande Harold. Évidemment, pour les Te Hodoki. L’atémi est un point final au bout d’une phrase. Rien de plus ni de moins.
    Ensuite, c’est parti par groupes de 2, d’abord tout en souplesse puis avec de plus en plus de force statique. C’est là tout l’intérêt du Te Hodoki.
    Pour finir, ce que j’appelle un Randori Te Hodoki, une succession de saisies et dégagements enchaînés avec force et fluidité... sans atémi, n’est-ce pas Harold. C'est quasiment du Chika Ma en mouvement.

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    Je n'ai jamais eu la chance de manquer un train auquel il soit arrivé un accident. (Jules Renard)

    Petit travail technique pour se rappeler les différentes formes de dégagement sur Muna Dori et la différence entre supination et pronation. C’est l’occasion de rappeler les notions de techniques intérieures et extérieures qui se définissent en fonction du placement de Tori par rapport au bras de Uke... Pas toujours facile à apprécier. C’était si simple, il y a un demi-siècle, aux temps anciens de l’Aïkido-Jujutsu du Yoseikan...
    Principe commun à tous les dégagements sur Muna Dori : le contrôle du tissu tout contre les doigts de Uke de façon à pouvoir les ouvrir.

    Uke saisit de la main droite.

    Kote Gaeshi : main droite au contrôle du tissu, main gauche en pronation, Tori sort de l’axe de Uke en effectuant 1 pas en arrière légèrement vers la droite pour tendre son bras.  Le dégagement provoque une flexion de la main de Uke. Si Uke résiste pour reprendre son bras, Tori peut porter Kote Gaeshi Shita (avec immobilisation) ou Kote Gaeshi Ue (avec projection). Si Tori parvient à tendre le bras de Uke, tout en maintenant la flexion du poignet, il lui suffit d’ajouter à la flexion une torsion vers l’extérieur pour porter Neji Kote Gaeshi. S’il n’y a pas de flexion, Uke peut envisager de porter un Kaeshi Waza en mettant sa main en extension.

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    Shiho Nage : main gauche au contrôle du tissu, main droite en supination. Tori sort de l’axe de Uke en effectuant un Hiraki Ashi vers l’intérieur pour tendre son bras dans son axe. Il entre perpendiculairement au bras de Uke, dans l’axe du coude et porte Shiho Nage suivi d’une immobilisation.

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    Uke saisit de la main gauche.

    Kote Kudaki : main droite au contrôle du tissu, main gauche en pronation, pouce sur l’articulation du pouce, les autres doigts agrippant la paume. Sortir de l'axe avec un Hiraki Ashi extérieur, coup au visage pour tendre le bras de Uke. Brossage pour plier son bras, main, avant-bras et bras en Z, pression ascendante sur le pouce, pression descendante sur le coude, immobilisation, vous savez faire tout ça aussi bien que moi.

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    Yuki Chigae : main gauche au contrôle du tissu, main droite en supination, pouce sur l’articulation du pouce, les autres doigts agrippant la paume,  pas glissé vers l'arrière pour sortir de l'axe, dégagement accompagné d'un Hiraki Ashi vers l'extérieur suivi d’un atémi au flanc pour créer un passage, placement de Yuki Chigae, maintien de la torsion d’une seule main en conduisant Uke au sol d’un mouvement ferme et rond... on ne relâche la clé que lorsque Uke est parfaitement immobilisé !

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    Les chances qui se perdent sont les plus grandes malchances. (Calderon)

    Beaucoup trop de précisions à apporter, d’explications à donner, le temps passe trop vite. Il est temps de détendre le corps et l’esprit. Un « Randori » esquive est approprié. Tout se passe bien. Les déplacements sont fluides, le travail du bassin est manifestement satisfaisant. Nous allons pouvoir passer au Randori canalisation.
    Auparavant, je prépare les « devoirs » à préparer pendant les 2 prochaines semaines : Kote Gaeshi et Shiho Nage, Yuki Chigae et Kote Kudaki sur Muna Dori et sur Ushiro Eri Dori, comparer les formes d'entrée... Maux de tête garantis et interrogation la prochaine fois.
    J’apporte ensuite quelques précisions sur les spécificités de notre Art, notamment en ce qui concerne les Tai Sabaki et la canalisation.
    « Observez bien les pratiquants d’autres Arts Martiaux. Regardez cette ancienne vidéo de Morihei Ueshiba et plus spécialement les techniques debout : pas de garde, pas de Tai Sabaki tels que nous les concevons. On dirait que Uke arrive en courant et... chute. Tori effectue le plus souvent Hiraki Ashi, sautille beaucoup, fait voltiger ses partenaires dans tous les sens, ce que des observateurs peu pointilleux ou peu avertis prennent pour de l’efficacité. Regardez les vidéos de Daïto Ryu Aïkijutsu, l'Art d'où est issu l'Aïkido. Katsuyuki Kondo est le Sensei de référence : tout exprime l’expression de la force physique.
    il en sort une sensation de brutalité. Ça n'a rien à voir avec notre Art. De toute évidence nous n'avons pas la même origine. »

     « Mais voyez les vidéos de Kyuzo Mifune, notez sa fluidité, sa souplesse, ses Tai Sabaki. Voyez sa démonstration pédagogique avec un ballon : il ne fut pas pour rien le mentor de Minoru Mochizuki. Il applique le principe de « l’esprit sphérique », Gyokushin, évoqué par Minoru Mochizuki dans le récit de son évolution... »


    Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. (René Char)

    Tout se passe bien et c’est là, forcément, que je deviens plus exigeant... Garde, ouverture, entrée en Sen no Sen, O Irimi canalisation suivi d’une rotation du bassin qui conduit le genou au sol, rotation en sens inverse, léger Nagashi pied avant pour se replacer dans l’axe de l’attaque suivante*, entrée immédiate, sans attendre, nous sommes en Sen no Sen !
    J’en ai déjà parlé en introduction, est-ce que je deviens pas trop exigeant ? Où est la frontière entre une juste exigence et le harcèlement ? Ai-je le droit d’arrêter le cours quand un élève est en situation d’échec ? Ai-je le droit...

    *c’est la notion de Kime,  決め l’esprit de décision, mais j’y entends aussi l’énergie et l’œil,  l’énergie transmise par le regard, car Tori a déjà le regard porté sur l’adversaire suivant quand il projette Uke... 

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    La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. (Louis Pasteur)

    Le verre de l’amitié, c'est un plaisir de célébrer tous ensemble ces 40 années passées par Stéphanie sur notre belle planète, dont quelques unes dans le monde de l’Aïkibudo, où malgré une entrée plutôt tardive on voit déjà pointer un germe certain de talent sous encore quelques blocages à déjouer, à dénouer, à ouvrir...

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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