• Bilan du cours du 7 octobre 2009

     

    C’est enfin la rentrée. Ma rentrée, plus de 2 mois après la fin de l’excellent stage du Temple s/Lot... Il y a bien eu dernièrement l’excellente École Nationale des Cadres Aïkibudo. Il y a surtout eu 2 mois passés à courir, à démarcher, à remplir des cartons, à les déplacer, à les défaire, à les entasser, à les ouvrir, à les trier, bref à déménager.

    Quitter une très grande maison isolée, juchée sur un immense terrain, à l’orée de la forêt d’Eawy pour une petite maison blottie sur un petit terrain, au cœur d’un petit groupe de pavillons pimpants et fleuris, au sein de la civilisation...

    Un véritable bouleversement dans mon existence, finie la vie d’ermite ! Mais que de tracas, que de démarches, que de temps occupé à tout sauf à ce qui m’intéresse vraiment, 2 mois pendant lesquels j’ai délaissé mon bokken, que je n’ai pas effectué mon entraînement quotidien, à en oublier tous ces précieux katas peaufinés avec une infinie patience...

    Le but de mes articles n’est pas de parler de moi mais d’évoquer l’histoire de notre Art, de décrire l’ambiance des cours de not’ bon Maître pour ceux qui n’ont pas comme moi la chance d’y participer, de partager mes expériences pédagogiques, de donner des pistes de travail à ceux qui le souhaitent.

    Mais là, je suis bien obligé de lever un pan du voile dont je protège ma modeste existence sinon comment expliquer mon retard à publier ce bilan et pourquoi je me suis rendu à ce premier cours sans l’avoir préparé comme je l’ai toujours fait jusqu’ici ?

    Pas de projet pédagogique déroulé mois par mois. Pas de fiche pédagogique détaillée phase par phase. Juste une idée générale. Un  projet minimaliste : le travail « dans l’axe », passage du Chika Ma au Ma.

    Une vieille controverse semble revenir s’imposer à notre réflexion : la pédagogie, Art ou science ? Je prétends que c’est un Art, avant toute chose. Maîtriser son sujet et savoir créer un climat favorable et ça roule, le cours se déroule tout seul. L’idée que la pédagogie pourrait être une science remonte à la création de la licence des « sciences de l’éducation » créée à l’origine pour les animateurs sociaux-culturels. Le terme de science était inadapté, il aurait plutôt fallu parler de « philosophies », Maria Montessori, Célestin Freinet, Alexandre Sutherland Neill  étaient des philosophes, pas des scientifiques...

    Cela ne doit pas pour autant justifier le fait de venir faire son cours les mains dans les poches, faisant confiance à son inspiration... Maîtriser le sujet, savoir ce qu’on va faire, être prêt à toutes les configurations de groupe d’élèves et de déroulement du cours sont des évidences et des nécessités... Jadis, mes petits élèves de CM2 avaient littéralement viré de leur classe un stagiaire qui ne maîtrisait pas son sujet, il avait jugé inutile de préparer sa classe, faisant confiance à son immense talent. Il n’avait pas prévu que mes élèves avaient appris à débusquer les imposteurs.

    Donc, je n’ai pas eu le temps de préparer mon cours. Je suis pris à 90% par mon emménagement et par les innombrables formalités administratives inhérentes. Et pourtant je ne pense qu’à ça. Au courrier en retard. Aux articles en retard. Aux démarches en retard. Aux travaux en retard.

    Quel bonheur de remonter sur le tatami de Saint Léger du Bourg Denis, le club que j’ai créé en 1981, ce petit club qui est devenu un temps un phare de l’Aïkibudo, célèbre sur toute la planète. J’exagère ? À peine !

    Avec Jocelyne, nous avons repris notre entraînement au Kobudo, j’ai beaucoup bégayé au Kenjutsu, un peu ramé au Bojutsu, hésité au Yoseikan Iaijutsu... Dire qu’il y a 2 mois tout se déroulait sur du velours ! Qu’en sera-t-il des Gogyo étudiés cet été ?

    Le cours se met en place : six Yudansha du 1er au 4e dan, trois débutants dont deux très grandes débutantes...

    Ces deux jeunes femmes sont plutôt menues mais toniques, très souples et... très attentives et dépourvues d’inhibition. Elles observent, appliquent, s’appliquent. Elles ne se posent pas de questions, elles font confiance.

    Le comportement des Yudansha est différent, certains d’entre eux sont plutôt inquiets, souhaitent bien faire, se crispent sur la forme plus que sur le fond, se raccrochent à leur expérience et ne font pas ce que je leur montre mais interprètent ce qu’ils ont retenu de ce qu’ils croient qu’il leur a été montré auparavant, ont éventuellement mémorisé une digression pédagogique voire une anecdote en tant que forme canonique. Rien de nouveau dans tout cela. Même le Maître entend dire : « Ça a encore changé... ». Peut-être écrirai-je plus tard un article sur les mémoires et la construction des souvenirs.

    Mon objectif pour cette soirée : à partir de Jyunte Dori, appliquer le Te Hodoki, placer quelques techniques en Chika Ma et les transposer en distance Ma. Te Hodoki et Chika Ma ne sont pas de l’Aïkibudo pas plus que B.A. BA n’est pas de la lecture. Ce sont les éléments qui permettront la compréhension du mouvement qui est l’âme de l’Aïkibudo.

     

    Déroulement du cours

    Échauffement : assouplissement, travail sur les abdominaux, roulades

    Te Hodoki : dégagement de base sur Jyunte Dori

    Chika Ma : Kote Gaeshi, Neji Kote Gaeshi

    Travail différencié : les Kyu continuent l’étude du Chika Ma, les Yudansha passent à l’application en distance Ma.

    Constat : la tonicité observée en Chika Ma s’affaisse dès qu’il y a déplacement. De ce fait, c’est Tori qui se déplace autour de Uke qui n’est pas en position favorable pour chuter, au grand étonnement de son partenaire... Je rappelle une définition que m’avait donnée mon Maître il y a bien longtemps : « C’est de l’Aïki(bu)do si c’est beau et efficace ». Pour être beau ce n’est pas nécessairement de la danse, pour être efficace ce n’est pas nécessairement brutal... le chemin est encore long à parcourir.

    Chika Ma : Shiho Nage

    Travail différencié : les kyu continuent sur le même thème. Les Yudansha passent à l’application sur Omote Yokomen Uchi de... Ude Garami. Rappelons-nous, j’ai affirmé qu’il est possible de faire toutes les techniques sur toutes les attaques, reste à sélectionner les applications les plus pertinentes. En voilà une. Ce qui nous conduit sans peine à appliquer Neji Kote Gaeshi sur Omote Yokomen Uchi.

    Randori : randori technique pour les Yudansha

                   Initiation au randori pour les 3 kyu avec 3 Yudansha

     

    Je me suis notablement rapproché de mon club. Dorénavant, il y aura 2 cours par mois à Saint Léger du Bourg Denis.

     

     

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