• Bilan du cours du 7 mai 2014

     

    Celui qui apprend quelque chose de moi enrichit son savoir sans réduire le mien, tout comme celui qui allume sa chandelle à la mienne se donne de la lumière sans me plonger dans l'obscurité. (Thomas Jefferson)

    Quand je vais donner un cours, j’imagine que je suis attendu et c’est pour ça que je suis heureux de me rendre au Dojo. J’ai tant de choses à transmettre, tant à apporter collectivement et, surtout, individuellement. S’il m’arrivait de ne pas être disponible, je préviendrais, c’est la moindre des choses.
    Veille du premier grand week-end du mois de mai. Je suis venu avec Lara. Jeannot m’accueille en me disant : « Nous serons au moins trois ! - silence éloquent - Vous, Lara et moi... ». Puis il ajoute : « En fait, Guillaume est dans les embouteillages, il arrivera en retard. »
    Un petit signe, un court message pour me prévenir... ça ne coûte rien, ça fait plaisir, ça rassure. Une absence inexpliquée, c’est décevant. Finalement, ils seront six au rendez-vous bimensuel.

    La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient. (Gabriel Garcia Marquez)

    La semaine dernière s’est tenu le troisième Stage Intensif dans le superbe Dojo de l’INSEP. Une centaine de pratiquants le samedi : on regrette les 2 douzaines qui ont oublié de venir alors qu’ils s’étaient inscrits, avaient réservé des repas qui resteront à la charge de l’organisation.
    Il y avait surtout tous ces amis qu’on ne rencontre qu’en de telles occasions, Stage Intensif, stages nationaux et, surtout, stages d’été. On se sert la main ou on se fait la bise selon le degré de proximité. Quant à Philippe, il a failli m’écrabouiller entre ses bras musclés ! Quelqu’un l’a suspecté, en fait, de venir s’essuyer le visage sur mon keikogi tout propre. Qui m’a dit (reproché ?) que je me lamentais tout le long de chacun de mes « bilans » au sujet de mon genou délabré. Message reçu. J’éviterais dorénavant de l’évoquer. Même à demi mot.

    Si vous avez confiance en vous-mêmes, vous inspirerez confiance aux autres. (Johann Wolfgang von Goethe)

    Ce soir, dans le cadre du cycle « du Chika Ma au Ma », j’avais l’intention de faire travailler en parallèle Hachi Mawashi et Mukae Daoshi sur les saisies avant. Classiquement, de la forme du Te Hodoki à la technique en Chika Ma et l’application dans le mouvement de la distance Ma.
    J’avais négligé un paramètre : le déplacement pour porter Hachi Mawashi pose d’insolubles problèmes aux bassins rigides. Sans oublier les gestes parasites adjoints à un hypothétique Mukae Daoshi un peu fantasmé. Bref, comment donner du rythme quand le public est... pataud ?

    Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. (Voltaire)

    Le Te Hodoki appliqué sur Jyunte Dori a l’avantage de placer Tori à l’extérieur, ce qui est très bien puisque Hachi Mawashi et Mukae Daoshi sont des techniques extérieures. Oui, mais ! Pour retrouver la sensation du Chika Ma, il faut entrer à l’intérieur en distance Ma. Autrement dit, comment placer Hachi Mawashi en entrant comme pour effectuer Shiho Nage ? En fait, après l’entrée, Tori se retrouve placé comme après une attaque en Dosokute Dori. Élémentaire, non ? Peut-être pas tant que ça !

    幽霊の生体見たり枯れ尾花 

    YûRei No SeiTai MiTaRi KaReOBana.
    Voir le vrai visage d'un fantôme et se rendre compte qu'il ne s'agit que de l'épi  fané d'herbes des pampas.

    Jyunte Dori Chika Ma puis Ma

    Hachi Mawashi :

    « Tourner le pot de fleur ! » s’est esclaffé le jeune Noro Masamichi, il y a 50 ans, quand il s’entraînait avec Hiroo Mochizuki et Alain Floquet. Qu’entendait-il par là ?
    Nous utilisons plusieurs termes japonais pour désigner la tête :
    、Atama (employé en Kendo)
    頭部 Tobu (dans Mae Tobu Nage)
    Par contre, le kanji  Hachi peut très bien se traduire par pot, et nous trouvons : Hana Hachi pour pot de fleurs et 植木鉢 Uekibachi pour pot à fleurs.
    Maître Noro avait-il donc raison de se moquer de notre terminologie ? Que nenni car nous trouvons
    ou 巻き Hachimaki, le bandeau ou le serre-tête, 手拭い Hachimaki Tenugui, la serviette que le Kendoka place sous le Men  pour absorber la sueur.
    Mais pas de bol, sur les traducteurs en ligne, le Kanji se traduit invariablement par bol ! Et si vous lancez la requête sur Gogol, vous tombez sur des publicités pour... des pots à fleurs !
    Je cherche la traduction de Hachi Mawashi 鉢回し,
    Gogol le traduit par « tournant de la cuvette » et si je lance une requête  鉢回し, ça devient déprimant, on tombe sur des sites japonais de jardinage... qui vous recommandent de penser à tourner le pot régulièrement !
    Devant tant de complications linguistiques, comment s’étonner des difficultés auxquelles je n’allais pas tarder à me heurter.

    門前の小僧習わぬ経を読む 

    MonZen No KoZô NaraWaNu Kyô Wo YoMu.
    Un jeune bonze du devant de la porte sait réciter un sutra sans l'avoir appris.

    J’ai promis de ne plus parler de mon genou en vrac. Il n’empêche qu’il est bel et bien en rideau et me crée des soucis pour la reprise d’appuis en cours de rotation. Heureusement, je compense avec une très grande disponibilité de mon bassin.
    « Hélas, hélas, hélas », me dis-je, paraphrasant le grand Charles dans son célèbre discours du 23 avril 1961,

    (je m’approchais de mes 20 ans !), quelques-uns de ces jeunes gens ont bien du mal à placer le Te Hodoki puis à entrer la jambe intérieure au niveau du pied avant de Uke avant d’effectuer un pas croisé permettant une rotation du bassin en poussant le ventre vers le haut...

     
     
     

     

    他人の飯は白い 

    TaNin No MeShi Ha ShiRoI.
    Le riz d'autrui est (plus) blanc.

    Qu’importe, pensai-je, cette difficulté est propre au Chika Ma. Le mouvement induit en distance Ma libèrera les tensions et facilitera les placements. Que nenni. C’est que les bassins sont rigides. La rotation se fait au niveau des épaules avec des jambes qui reculent toutes seules. Bref, c’est tout raide.

     

     

    安かろう悪かろう 

    YasuKaRô WaruKaRô.
    Plutôt pas cher, plutôt mauvais.

    Jyunte Dori Chika Ma puis Ma

    Mukae Daoshi :
    Mukae signifie aller au devant
    Daoshi de
    倒す (de taosu : coucher) signifie étendre quelqu’un par terre et, par extension, renverser.
    Aller au devant de quelqu’un pour le renverser, l’image est parlante mais ce n’est finalement pas si facile ce soir !
    Le Chika Ma devrait être simple à appliquer.

     
     


     人はパンのみにて生けるにあらず 

    Hito Ha PaN NoMi NiTe IKeRu Ni ARaZu.
    Les humains ne peuvent pas vivre en ne mangeant que du pain.

    Des tics perdurent chez les anciens. Curieusement, ces mêmes tics apparaissent spontanément chez les débutants ! Ils résultent d’un manque de contrôle, d’une incapacité à se laisser aller, c’est aussi difficile de se laisser entraîner par Tori (Uke tente de s’asseoir) que de déséquilibrer proprement Uke (Tori le laisse tomber comme un paquet ou le dépose délicatement en lui tenant la tête, ce qui le place en déséquilibre et offre une opportunité de Kaeshi Waza).

     
     
     
     

    Cette série de courtes vidéos permet de prendre conscience des difficultés auxquelles se heurtent les débutants, de noter leur façon de les résoudre. S'il est nécessaire d'être précis dans ses explications, exigeant dans l'exécution des élèves pendant une première étude au ralenti, il ne faut pas négliger l'effet Randori qui libère le corps des tensions « intellectuelles » et permet au corps de s'exprimer à partir de sensations de plus en plus justes.

     

    天災は忘れたころにやってくる 

    TenSai Ha WasuReTa KoRo Ni YatTe KuRu.
    Les catastrophes arrivent toujours lorsqu'on les oublie.

    Rien de tel qu’un bon Randori, en effet, pour libérer le corps. Un premier tour de Randori en ligne est hésitant et au second tour, les techniques passent sans problème.

     

    signature message

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

    mort-de-rire.gif

    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

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