• Bilan du cours du 6 octobre 2010

     

    N'essayez pas de devenir un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur. (Albert Einstein)

    La rentrée s’est déjà faite pour la plupart d’entre vous, c’était la mienne ce mercredi soir. Premier cours de la saison, premier cours d’un projet à mettre en place et à développer. Cette année, je compte travailler, au travers du concept de Te no Michibiki, sur la prise de conscience de quelques gestes fondamentaux : s’observer afin de gommer les automatismes, prendre conscience de ses tics, de ses erreurs, de ses faiblesses...

    Beau public, ce soir : trois 4e dan, dont deux tout frais promus, un 3e dan, deux 2e dan, trois 1er dan dont un tout neuf et un 1er kyu... L’initiation des débutants n’est pas à l’ordre du jour, nous allons pouvoir effectuer un travail de fond, de réflexion, d’observations pédagogiques.

     

    L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle est approuvée par beaucoup. (Gandhi)

     

    A titre d’échauffement, exécution du Te Hodoki sur Jyunte Dori. Premiers automatismes, premières erreurs : la consigne est toujours la même : centrer, amener dans l’axe. C’est la courbure de la main qui détermine le geste convenable. Premier aperçu de Te no Michibiki. Ensuite, passage de la distance Chika Ma à la distance Ma

    Première application : Nagashi, entraîner Uke comme dans le Te Hodoki, le renvoyer sur son arrière (comme Ushiro Hiki Otoshi). C’est dans l’esprit du Wa no Seishin, ne pas ressaisir, la main reste au dessus.

    Constatations : si le centrage n’est pas exécuté convenablement, la mise en déséquilibre est difficile, voire impossible, Uke est trop loin. Observer le rôle de la main dans l’initialisation du mouvement (ramener dans l’axe) puis dans la projection (déséquilibre arrière)

    Seconde application : Irimi, passer sous le bras, monter la main au-dessus de la tête, dans l’axe, pivoter, projeter vers l’avant... dans l’axe (comme Yuki Chigae).

    Constatations : si la main ne monte pas dans l’axe, si elle monte trop haut, si elle passe derrière la tête, Tori est dans l’incapacité d’entraîner Uke.

    Troisième application : Nagashi, la main saisie exécute une courbe en montant dans l’axe, Irimi, extension du bras pour projeter.

    Constatations : la courbe ascendante peut sembler visuellement différente suivant le partenaire qui attaque : Uke est fluide ou statique, léger ou dense... il faut s’adapter.

    Quatrième application : Nagashi, la main saisie exécute une courbe en montant dans l’axe, rotation, renversement de Uke (comme Shiho Nage Tenkan).

    Constatations : c’est un test de stabilité et de précision pour Tori. Uke doit déterminer sa chute, avant ou arrière s’il ne subit pas de contrainte.

    Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage, L'Art est long et le temps est court. (Charles Baudelaire)

    Est-il possible de reproduire sur Dosokute Dori les formes travaillées sur Jyunte Dori ?

    Exécution du Te Hodoki : le rôle de la main qui se dégage est compris de façon intuitive, il va falloir le comprendre objectivement en passant à la distance Ma.

    Première application : Irimi, passer sous le bras, saisir l’avant-bras de Uke à 2 mains, comme le bokken, au-dessus de la tête, projeter en frappant Shomen Uchi.

    Constatations : les gestes sont plus précis, peut-être plus « scolaires » mais observés et compris.

    Seconde application : Nagashi, entraîner Uke dans le sens de son attaque, renverser le poignet, ramener dans l’axe, Kote Kudaki.

    Constatations : le Kote Kudaki est faible, voire inopérant si la main de Uke n’est pas ramenée dans l’axe, si Tori veut placer la technique en force.

    Troisième application : Nagashi, entraîner Uke dans le sens de son attaque, renverser le poignet, ramener dans l’axe, repousser en déséquilibre avant.

    Constatations : c’est un exercice fluide où la seule contrainte est la justesse du placement des mains. Ce Wa no Seishin renvoie une image de sobriété mais tous les éléments étudiés y sont rassemblés

    Quatrième application : même exercice avec 2 partenaires, l’un attaquant à droite, l’autre à gauche. L’exercice est démontré par 3 jeunes Yudansha.

    Constatations : cet éducatif met en relief une faiblesse dans les déplacements. Logiquement, il s’agit d’un enchaînement de O Irimi, l’exercice s’exécute comme un battement de pendule... Et j’observe O Irimi puis Nagashi, O Irimi, Nagashi... voire O Irimi suivi d’un pas en arrière.

    Les spectateurs ne voient pas ce petit défaut, leur attention est captée par l’observation des points clés de la séance : le concept de Te no Michibiki est-il bien mis en application... là-haut mais je demande de regarder en bas, d’observer les pieds. Ils regardent les pieds mais ne voient pas le déplacement jusqu’à ce que... Telle est la fragilité de notre témoignage : on ne voit que ce qu’on sait voir, en fonction d’une bibliothèque d’images, d’archétypes, de bribes de souvenirs plus ou moins confus et rescénarisés !

    Maintenant, il faut comprendre ce qui se passe. L’erreur, si erreur il y a, a été observée et discutée avec le premier exécutant : le déséquilibre dû à un Uke léger et un autre puissant en est-il la cause ? La seconde commettant la même « erreur », a-t-elle été influencée ? Même chose avec le troisième...

    Il est possible que ce soit l’indication d’une faiblesse physique, il serait intéressant de pouvoir observer les traces de ces jeunes gens sur un sol meuble : profondeur de l’empreinte (est-elle égale pour les 2 pieds ?), longueur de l’enjambée, les pas se dessinent-ils le long d’une ligne droite ou suivant une courbe qui se décale régulièrement à droite ou à gauche ? (pour ceux que la science de l’étude des traces intéresserait, je recommande la lecture des enquêtes du policier navajo Jim Chee, dans les romans de Tony Hillerman et celles de l’inspecteur aborigène Napoléon Bonaparte dans les romans d’Arthur Upfield : des merveilles de lenteur !).

     

    Il faut faire vite ce qui ne presse pas pour pouvoir faire lentement ce qui presse. (proverbe chinois)

    Bilan ? Un cours bien sympathique, très agréable. Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup observé, beaucoup réfléchi. Des hypothèses ont été émises et elles ont été vérifiées. De la pratique nous avons tiré une approche théorique qui a permis une remise en cause d’automatismes et de corriger des erreurs. La théorie insérée dans la pratique a d’abord mis un frein à l’exécution du mouvement puis a libéré le corps quand le geste est devenu juste. Jaâfar pose toujours des questions, Jojo a toujours tendance à ergoter, ces deux-là ne me laisseront jamais dire ou démontrer n’importe quoi. Pas question de me laisser aller à l’à peu près. En résumé, ce fut une efficace école des cadres informelle.


    Traitez les gens comme s'ils étaient ce qu'ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu'ils sont capables d'être. (Goethe)

      St Léger 06 10 10)

     

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