• Bilan du cours du 4 octobre 2017

     

    C’est une belle journée de plein soleil. Je pars sous un ciel d’un bleu foncé assez différent  du tendre pastel auquel nous sommes habitués. En contrepartie, il fait frais. Ce soir, après le cours, je rentrerai sous un magnifique clair de lune mais n’anticipons pas trop car, à l’heure où je rédige ces lignes, nous sommes revenus au régime brouillasse !
    La circulation me paraît dense, le parking, devant le dojo, est bondé et les petites aires de stationnement voisines sont chargées. Qu’importent quelques dizaines de mètres à pied, il fait beau et je suis plutôt en bonne condition physique. Le chirurgien ne voit aucune urgence dans le fait de me poser un genou métallique (Ouf ! Je me croyais prêt à subir l’outrage mais je me sens soulagé...) et le cardiologue ne juge plus utile de me faire ingurgiter des drogues pour contrôler les égarements de mon vieux cœur : vive la liberté et les emballements en cas d’efforts intenses.
    Si on ajoute une vingtaine de séances de kiné, renforcement musculaire en salle puis en piscine, je suis redevenu un p’tit vieux capable de tenir sa place sur son Tatami. « Poulvou qué ça doule ! - Tu l’as dit, Letizia ! ».

     

    Nous devons nous y habituer : aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n'y a pas de signalisation. (Ernest Hemingway)

    C’est encore la rentrée. Pas de nouveaux sur le Tatami. Quelques absences, toutefois, parmi les anciens dont certains ont dû prendre des vacances tardives et d’autres sont partis vivre sous d’autres cieux. Ils seront donc 7 ce soir. C’est un nombre premier qui ne me facilite pas la mise en place des activités. J’aime bien organiser des groupes de 3 qui permettent un travail dynamique, les groupes de 2 favorisent l’étude, l’analyse du mouvement et des groupes de 4 ou 5 font entrer dans l’esprit du Randori et de l’organisation de l’espace.

     

    Dans la vie, rien n'est à craindre, tout est à comprendre. (Marie Curie)

    Mon projet repose sur l’entrée esquive canalisation, ce qui signifie détecter tous les automatismes, tous les « tics » régionaux et les éliminer. C’est parfois douloureux car on a l’impression de tout remettre en question alors qu’il ne s’agit le plus souvent que de rectifier l’angle d’ouverture d’un pied qui conditionne l’ampleur de la rotation, l’orientation du regard qui modifie le centrage de la force et le transfert du poids qui favorise la mobilisation du bassin.
    « C’est dur ! » m’avouent mes talentueux élèves qui rectifient peu à peu leurs attitudes. « C’est trop difficile, André est trop exigeant ! » m’avait-il été reproché il y a 20 ans, ce qui m’avait conduit à me désintéresser de la région que j’avais créée.

     

    Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse. (Léo Ferré)

    Pas de Hakama, ce soir, bien que ce soit la rentrée car je vais porter mon attention sur les pieds et les jambes.
    « Ça change tout le temps ! » râle Stéphanie. Que nenni, ma belle, il s’agit simplement de s’adapter aux circonstances. Le Hakama est un vêtement de cérémonie, qu’on ne porte surtout pas pour faire la guerre, il est trop coûteux et se transmet par héritage. Il faudrait effectuer la salut en portant le Hakama qu’il faudrait ôter pour s’entraîner.
    Bien sûr, on va le porter lors de circonstances prestigieuses, démonstrations, stages...

     

    Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. (Marc Chagall)

    Quelques minutes d’échauffement sous la houlette de Jeannot complétées par quelques séries de roulades suffisent à mettre les élèves en condition.
    J’enchaîne avec une série de O Irimi en ligne. Ce n’est plus un enchaînement, c’est une étude technique précise. Nous allons utiliser les lignes dessinées entre les éléments du Tatami.
    On se place sur une ligne, pied gauche à gauche de la ligne, pied droit à droite de la ligne qui représente le plan de symétrie du corps. On visualise une attaque Tsuki Chudan qui est matérialisée par la ligne.
    Exécutons le mouvement de façon séquentielle. Le coup part. Tori entre en transférant son poids sur le pied avant ce qui lui permet de tourner son bassin : on constate que le corps s’est écarté du plan de la ligne d’attaque.
    La rotation du bassin entraîne la jambe arrière pour finaliser le O Irimi. Le retour se fait de façon décontractée.
    On répète cet exercice une dizaine de fois.

     

    Eddy effectue son exercice d’abord en continu puis de façon séquentielle. Il constate qu’il est en retrait, déséquilibré sur son arrière. Pas facile de sentir le transfert du poids sur le pied avant.

     

    Les vrais amis sont ceux sur lesquels on peut compter même quand on en a besoin. (Jean Lefebvre)

    Nous reprenons cet exercice par groupes de 2 : Uke qui attaque Tsuki Chudan, Tori qui effectue O Irimi. Quoi de plus élémentaire ? Si ce n’est que Uke attaque franchement en suivant la ligne.
    Ici Tori esquive, là il reçoit l’atémi dans le flanc.
    Erreur classique : Tori entre en tournant, donc avec le pied déjà orienté vers l’intérieur. Il reste dans l’axe de l’attaque et reçoit le coup. Il doit entrer avec le pied ouvert vers l’extérieur. La rotation du bassin fait tourner le pied vers l’intérieur mais le corps est sorti de l’axe de l’attaque.
    Autre erreur : Tori entre en sortant trop de la ligne d’attaque, Uke le suit inconsciemment et le touche.
    Il faut donc esquiver au plus près de Uke. Tori va effectuer O Irimi en s’appuyant sur le bras de Uke, d’abord, puis sur son corps.
    Séries d’une dizaine d’entrées à droite puis à gauche.

     

    Jeannot connaît son côté faible. En exécutant de façon séquentielle, il sent l’origine de l’erreur : le regard dirigé vers le poing de Uke, ce qui provoque un retrait du bassin et réduit l'angle de rotation.

     

    La vie est faite d’illusions. Parmi ces illusions, certaines réussissent. Ce sont elles qui constituent la réalité. (Jacques Audiberti)

    Exercice suivant : O Irimi est suivi de Henka. Puis Henka pour revenir en effectuant un O Irimi informel et détendu. On exécute ainsi un O Irimi très technique, très concentré suivi d’un retour décontracté.
    Séries d’une dizaine d’entrées à droite puis à gauche.

     

    Encore le regard dirigé vers le poing. Guillaume est assez fluide pour effectuer un mouvement correct mais  qui serait parfait en conservant le regard horizontal.

     

    Une 2ème série : Guillaume analyse trop son exercice. Je conseillerai de moins intellectualiser, de se contenter de faire.

     

    D’un œil, observer le monde extérieur, de l’autre regarder au fond de soi-même. (Amedeo Modigliani)

    Exercice suivant : en exécutant Henka, on pose le genou au sol.
    Plus question d’exécution séquentielle, il s’agit maintenant de dérouler l’exercice de façon équilibrée, fluide et de plus en plus rapide.

     

    La réflexion est détournée vers la nécessité de poser le genou au sol. Plus de problème dans l’entrée esquive !

     

    Et puisqu'en tout cas on est malheureux, autant que ce soit parce qu'on est amoureux. (Guy Béart)

    J’explique qu’il faut « tomber » sur l’attaque. Pour cella, dans un premier temps, on tombe sans pivoter le bassin, en contrôlant le poing de Uke. Si Tori regarde le poing, l’attaque pénètre. S’il regarde les yeux de Uke, il contrôle l’attaque et repousse le bras. Ceci permet de comprendre comment se déplacer, en restant droit.
    « Ça donne envie de travailler en Sen no Sen », me dit Guillaume. Certes, et c’est l’objet de l’exercice suivant.
    Jusqu’ici, nous avons travaillé essentiellement l’esquive du corps, sans utiliser les mains. Nous y ajoutons la canalisation : canalisation avec la main avant, contrôle du bras de Uke avec la main arrière, contrôle serré pendant la phase Nagashi, projection pendant la phase Henka.

     

    Mélanie résume tout ce qui a été dit ci-dessus. Rôle du regard dans l’entrée esquive puis canalisation. Rien de nouveau, n’est-il pas, mais revu à chaque étape avec un niveau d’exigence plus élevé. Plus les élèves progressent, plus le Maître devient exigeant.

     

    Aussi longtemps qu'on s'entend, qu'on partage, on vit ensemble. (Simone Veil)

    Maintenant, il s’agit d’expérimenter ces nouvelles compétences contre plusieurs adversaires. Le petit nombre de participants est propice à un Randori en cercle. Tori est au centre, face à 6 adversaires qui attaquent successivement droite, gauche. Il utilise le retour de Henka pour aller au devant de l’adversaire suivant. Il doit s’organiser dans l’espace de façon à se placer face à cet adversaire. C’est là qu’intervient la notion de Metsuke (目付け: endroit où se porte le regard, c’est l’œil, le regard, 付け c’est l’adhérence). Dès qu’il entre dans l’attaque de Uke 1, Tori « colle » son regard à celui de Uke 2 de façon à se retrouver dans la bonne garde, face à lui, au retour de Henka.
    Désolé, j’étais trop occupé à prodiguer mes conseils pour penser à utiliser mon caméscope.

     

    Chaque époque rêve de la suivante. (Walter Benjamin)

    Un bon Randori, toutes attaques, toutes techniques, pour se détendre. Un groupe de 4 Yudansha, un groupe de 3 Kyu. Un très bon travail. Un beau clair de lune pour rentrer chez soi.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

    Ne songez au passé que lorsque vos souvenirs sont agréables. (Jane Austen)

    Jeudi matin. Bobo. Une sorte d’hématome douloureux à la base du métacarpien de l’index droit. Handicapant. Difficile de soulever un objet lourd, d’ouvrir une porte, de dévisser un pot de confiture... Qu’es-aco ?

     

     

     

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