• Bilan du cours du 31 mai 2017

     

    L'intelligence, c'est comme les parachutes, quand on n'en a pas, on s'écrase. (Pierre Desproges)

    « Chères lectrices, chers lecteurs »... Zut ! Pour avoir l'air politiquement correct, je commets une répétition. Si j’écris « Chers lecteurs et lectrices », la syntaxe est correcte puisque le masculin l’emporte sur le féminin mais ce n’est plus politiquement correct parce que les dames passent avant les messieurs et si j’écris « Chères lectrices et lecteurs », c’est la grammaire qui souffre. Pour parodier Jules-Édouard Moustique, j’aurais pu écrire « Lectrices, teurs » ou, m’adressant au public de mon cours, dire « Élèves, élèves » à la façon de Pierre Desproges qui commençait ses réquisitoires au Tribunal des Flagrants Délires par ces mots : « Françaises, Français, Belges, Belges  ».
    Pauvres politiciens embourbés dans la novlangue, croyant respecter l’égalité des sexes en précisant à tout bout de phrase « Chères machines, chers machins » à un tel point que ça ne frôle même plus le ridicule puisque c’est devenu grotesque, la cuistrerie contemporaine atteint des sommets. On ne sait plus que « Chers électeurs » englobe l'ensemble des électeurs et des électrices tout comme lorsqu'on dit « les hommes », cette expression fait référence à l'ensemble de l'humanité, femmes et hommes.
    Croyant manifester leur respect de la stricte égalité femme/homme, les nouveaux cuistres politiquement corrects créent 2 espèces différentes, les femmes et les hommes. Or, 2 espèces peuvent-elles être égales ? Non, puisqu’elles sont différentes, peut-on dire qu’une marguerite est égale à un coquelicot ?
    Si elles sont différentes, l’une est peut-être supérieure à l’autre. Ouvrir la porte le premier et s’effacer pour laisser passer une dame, est-ce de la galanterie ou la manifestation du sentiment de supériorité envers la femme exprimé par un homme ?
    L’emploi du verbe « se faire » est-il lui aussi marqué par le nouvel égalitarisme féministe ? Ce mercredi  matin, Nicole Ferroni a dit dans sa chronique sur France Inter : « Je me suis faite flasher… ». Que nenni, Nicole, vous vous êtes « fait flasher ». Avant de sortir pour une opération séduction, vous pourriez dire : « Je me suis faite belle » mais, dérapant sur le pavé humide, jamais vous ne diriez : « Je me suis faite mal » !
    La cuistrerie dégouline sur les ondes. La grammaire, la syntaxe, l’orthographe sont malmenées sur Fesse Bouc et les réseaux prétendument sociaux, les amoureux de la belle langue écrite ou parlée sont en souffrance, mais que fait L214 ?

     

    Gémir sur un malheur passé, c’est le plus sûr moyen d’en attirer un autre. (William Shakespeare)

    « Avez-vous fini de grognasser, vénérable Sensei Dédé, il serait temps que vous vous prépariez à partir pour votre cours ! – Tu l’as dit, bouffi, je vais même partir un peu avance et rouler en pépère, misérable petit vermisseau. »
    Rouler en pépère, tu parles, je n’ai jamais vu un tel embouteillage sur la route de Neufchâtel, ce qui faisait craindre le pire sur l’A 28. J’ai réussi à m'échapper en me faufilant sur la petite rue Herbeuse qui me fait passer sous l’autoroute et rejoindre Bois-Guillaume. Petit problème, je dois traverser la route de Darnétal qui mène... à l’A 28 : bouchon total ! Je parviens toutefois jusqu’au feu, je persuade un automobiliste d’avancer un peu, un autre de reculer un peu et, toujours sur la très longue et étroite
    rue Herbeuse, je me faufile jusqu’à Bihorel. Las, l'avenue du maréchal Juin est tout aussi encombrée car elle aussi mène à l’A 28 ! J'ai un l'instant l'idée de faire demi-tour aux prochains feux et de prévenir Guillaume que je renonce à aller au Dojo. Je réussis quand même à atteindre la côte de la Lombardie, j'arrive à Darnétal où on roule à tous petits tours de roue rue de Longpaon et, enfin, à 19 h bien sonnées, je m'arrête sur notre parking où Guillaume vient d’arriver sur sa Triumph.

     

    Le jazz est vif, douloureux, doux, tendre, lent ; il apaise, il bouleverse, c'est de la musique et ce qu'il rythme est vrai, c'est le pouls de la vie. (Andrée Maillet)

    Le secret de cette étonnante décontraction après avoir passé plus d’une heure pour parcourir une vingtaine de kilomètres ? J’écoute Open Jazz, sur France Musique. Un bon Jazz est tonique sans énerver, relaxant sans endormir, on sifflote les mélodies en gardant toute sa vigilance. Je suis de bonne humeur quand je descends du Berlingo.
    Mélanie et Jeannot ont pris les choses en mains et l’échauffement est terminé quand je monte enfin sur le Tatami où les élèves acceptent volontiers mes excuses pour ce retard inhabituel.

     

    Penser contre a toujours été la façon la moins difficile de penser. (Jacques de Bourbon Busset)

    J’ai préparé mon cours autour de Bo no Kata. Effets du décalage horaire, je vis encore dans le passé et j’ai en tête le Bo no Kata que nous pratiquions jadis, au bon vieux temps de l’Aïkido-Jujutsu du Yoseikan. Je sens Jeannot un peu crispé. Sous son apparente laxité, il a des côtés rigoristes et comme je m’informe de la cause de ce pli soucieux qui lui fait rapprocher les sourcils, il m’explique qu’avec l’avènement du Katori Shinto Ryu, les choses ont un peu évolué. Ce que je lui concède, une des caractéristiques de notre Art étant aussi l’aptitude à s’adapter en toutes circonstances.
    Je confie donc l’exercice à Jeannot qui s’en empare avec délicatesse et le régit avec la plus grande précision depuis l’étude des bases jusqu’à l’exécution en Kumitachi.

    Bo no Kata par Mélanie et Guillaume.

     

    L’amour n’est pas seulement un miracle né d’une rencontre, il est, jour après jour, ce que l’on veut qu’il soit. (Martin Gray)

    Nous allons étudier quelques exercices de défense contre la première attaque Tsuki Chudan. Ne rêvons pas, devant un adversaire muni d’un bâton et ayant l’air de savoir s’en servir, la meilleure stratégie est la fuite. Prenons donc cette série d’exercices comme un entraînement sur les sensations.
    Uke est en Hidari Kamae, Tori en Migi Kamae. Tori fait une ouverture et entre en « tombant » sur l’arme de Uke. Une rotation du bassin (Nagashi sur place) lui permet d’esquiver le coup pendant que sa main gauche saisit la main avant de Uke en pronation et que sa main droite saisit la main arrière en supination. Le bassin continuant sa rotation, Uke subit une action sur le coude qui l’oblige à avancer. Quand le bassin amorce une rotation en sens inverse, Tori remonte sa main en supination en « montrant le ciel » et oblige Uke à reculer en montant sur la pointe des pieds. Une bascule sur l’avant provoque la projection.

    Premier essai de Mélanie et Guillaume.

    J’ai précisé un aspect de cet exercice : la recherche de la courbe dessinée par la pointe du Bo. Exercice réussi.

     

    J'ai beau chercher la vérité dans les masses, je ne la rencontre que dans les individus. (Eugène Delacroix)

    Je propose un exercice très proche, avec quasiment la même entrée, le même déroulement du mouvement : Tenbin Nage. Les élèves vont découvrir ce qui fait toute la différence entre les 2 mouvements, c’est la main avant de Uke. Dans le premier exercice, chacun, machinalement, a utilisé la position « Katori », avec les pouces se faisant face. Dans cette position, le coude a tendance à fléchir pendant la poussée, ce que justifie le mouvement de va-et-vient.
    Cette fois-ci, la main avant de Uke est dirigée doigts vers l’avant. Quand Tori entre, le bras de Uke reste tendu, Tenbin Nage se place naturellement.
    Où l’on redécouvre que la technique apparaît à l’issue du mouvement, on ne l’a pas choisie.

    À la première attaque, Kamel est en position Katori, on voit son bras fléchir, Guillaume laisse le mouvement se dérouler comme dans le premier exercice. Ensuite, la position des mains a changé, Tenbin Nage apparaît.

     

    L'idéologie, c'est ce qui pense à votre place. (Jean-François Revel)

    Tori et Uke se plaçant en Hidari Kamae, Tori devra entrer intérieurement. Sa main avant va chercher la main arrière de Uke en supination, sa main arrière saisit la main avant en pronation.  La rotation de son bassin fait subir une poussée à l'arme de Uke dont l’attaque est canalisée. Tori entre quand son bassin a achevé sa rotation puis monte les bras de Uke en plaçant le Bo horizontalement, il glisse dans le plan des épaules de Uke qu’il renverse selon une forme de Shiho Nage. Toute la difficulté est de maintenir le Bo horizontal jusqu’à la projection pour empêcher Uke de tourner. Un vieux conditionnement consiste à tirer le Bo dans un plan vertical pour venir le placer sous son bras, ce qui permet à Uke de tourner...

    Sensei pas content, Jeannot n’a pas atteint la perfection attendue de sa part, Kamel aurait dû tourner.

    Kamel fait n’importe quoi, Sensei grogne.

    Sylvain y est presque mais ne sent pas la ligne horizontale au-dessus de lui. Même constat pour Mélanie.

    Pas mal, cette fois-ci. Mélanie peut mieux faire. « Évidemment, c’est votre préférée, Sensei lubrique. – Que nenni, misérable petit cafard, elles sont toutes mes préférées ! »

     

    Qu’importe de quoi parlent les lèvres, lorsqu’on écoute les cœurs se répondre. (Alfred de Musset)

    Maintenant, c’est Tori qui va utiliser le Bo en incitant Uke à le saisir. Dans le premier cas, Tori va au devant de Uke avec le Bo orienté pointe vers le sol. Quand Uke saisit le Bo, Tori exécute une courte rotation du bassin qui canalise Uke vers l’avant puis, au retour de son bassin, il renvoie la pointe du Bo vers le haut dans un mouvement circulaire qui projette Uke.

    Eddy est hésitant mais parvient à exécuter un mouvement convenable. Guillaume en fait trop : c’est Uke qui se déplace, pas Tori dont l’action essentielle est « Nagashi sans bouger les pieds »...

    Et voilà, il suffisait de l’expliquer. L’impression peut être d’une entrée directe qui est justifiée en cas d’une attaque déterminée de Uke.

     

    Le destin patiente toujours, quelque mauvaise volonté que nous mettions à le joindre. (Henri Bosco)

    Si Tori présente son Bo la pointe tournée vers le haut, quand il va s’effacer sous la poussée de Uke, la pointe du Bo va décrire un arc de cercle descendant qui, en remontant va s’appuyer sur l’épaule de Uke et obtenir une projection en Kataha Otoshi. Une immobilisation est possible, ce n’est pas l’objet de l’étude de ce soir.

    Jeannot se déplace trop, c’est son style, mais il faut bien comprendre que c’est Uke qui se déplace, pas Tori.

     

    Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. (Robespierre)

    Certains regardent la pendule, il serait temps de clore le cours, mais ce n’est pas possible sans un Randori. Il faut au moins un quart d’heure de Randori à la fin de chaque cours. Le travail technique ne sert à rien s’il n’est pas immédiatement mis en application en Randori. C’est là que les sensations vont naître. Sans sensations, il n’y a qu’une gesticulation stérile. Les automatismes, les conditionnements naissent de l’absence de Randori.
    Ce soir, un groupe de 3 Yudansha, un autre de 4 Kyu va se livrer à un exercice de pratique en autonomie : 3 attaques successives pour chaque Kyu avant changement de Tori, 4 attaques pour chaque Yudansha.
    Les derniers cours de la saison laisseront la part belle aux Randori.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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