• Bilan du cours du 3 juin 2015

     

    Il est parfois moins admirable d'user de son pouvoir, que de se retenir d'en user. (Henry de Montherlant)

    Le décalage horaire semble persister dans ses effets et je persiste à m’endormir vers 23 h de Montréal pour me réveiller vers 8 h bien de chez nous, ce qui fait des périodes de sommeil trop courtes et des passages à vide au cours de la journée.
    J’ai été ravi de découvrir le magnifique Tatami du Centre Yoseikan de Trois Rivières, j’ai été heureux de retourner sur le Tatami de Blainville et je suis heureux de revenir sur mon cher Tatami de Saint Léger du Bourg Denis.
    Monter sur le Tatami, c’est franchir le miroir, c’est un acte magique. Pendant ces 2 ou 3 heures, tout est au mieux. Le corps est comme libéré, prêt à tout donner... à faire oublier tout conseil de modération.
    En aurais-je un peu manqué, de modération, pendant ces 12 heures de stage complétées de 6 heures de cours ? À moins que ce ne soient les 14 heures passées dans un avion, sur un siège un peu trop étroit, un peu trop court, un peu trop près du précédent ?
    C’est ce que semble me suggérer mon genou droit déjà abîmé. Comme une tendinite sur le bord droit. Station debout prolongée désagréable. Appuis à prendre avec précaution sous peine de rappels à l’ordre douloureux.
    Mes démonstrations seront limitées au strict minimum. Heureusement, je peux compter sur mes talentueux Yudansha, Jeannot, Guillaume et Mélanie qui sont capables d’exécuter parfaitement ce que je leur demande. Jeannot tout en fluidité et canalisation, Guillaume avec élégance dès qu’il a franchi l’inévitable étape de doute, Mélanie précise et décontractée avec un zeste de retenue.

    L'art est un jeu entre tous les hommes de toutes les époques. (Marcel Duchamp)

    Il fait beau, un ciel de carte postale mais la température reste fraîche, temps idéal pour un entraînement un peu intensif. Le parking est vide, je retrouve ma place préférée. Laure-Line et Sébastien, les fidèles Caudebécais, Jeannot et Guillaume arrivent en même temps que moi. Nous sommes rejoints par Mélanie et Stéphanie à l’entrée du Dojo où se trouvent déjà Franck et Harold. Un petit Kyu arrivera un peu plus tard, un peu dépassé par un cours dense et intense destiné aux candidats au Shodan.

    Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres. (Simone de Beauvoir)

    Je n’ai pas pu rédiger le bilan du dernier cours, ayant dû prendre l’avion pour Montréal le lendemain matin. Celui-ci en reprendra l’idée générale en l’approfondissant.
    Mon cours sera construit sur le thème de l’esquive/canalisation sous forme d’éducatifs :

    • esquives O Irimi Chudan puis Jodan sans toucher Uke
    • esquives canalisation de Uke
    • esquives canalisation/déséquilibre de Uke
    • esquives canalisation : projection de Uke
    • Randori : je devrais observer des canalisations convaincantes.

    Ces exercices seront pratiqués par groupe de 3 : Tori effectue O Irimi face à des attaques alternées à droite et à gauche.
    Il faut que je sois très présent, très observateur afin d’apporter les corrections individuelles, ces petites erreurs qui font que bien que tout semble avoir été effectué comme il le faut, ça ne passe pas vraiment... Donc, pas question de perdre un temps précieux avec le caméscope.
    Tout ça représente 2 heures de cours dense, intense où j’apporte essentiellement des conseils concernant un talon qui se soulève trop, provoquant un sautillement au lieu d’un pas glissé, un fessier trop vers l’arrière qui ne permet pas de poser le genou au sol sans effort, une respiration mal synchronisée : inspiration dans l’entrée, expiration (Kiai...) dans la projection, rôle du regard qui permet de se retrouver toujours bien positionné...
    À ce sujet, 2 concepts viennent expliquer cette stratégie :

    • 決め: Kime (de Kimeru, décider, affirmer, fixer). J’ai pensé à Ki (l’énergie, le souffle) et Me ( l’œil) mais ce ne sont pas les mêmes Kanji. J’ai été trompé par l’homophonie, de la même façon que d’autres ont pu être trompés par l’homophonie Aï entre (aimer) et (convenir, être d’accord)
    • 目付け: Metsuke (endroit où se porte le regard, c’est l’œil, 付け c’est l’adhérence).

    En fait, les 2 concepts s’additionnent : Metsuke, c’est la perception de l’environnement, Kime c’est l’esprit de décision, la détermination qui se manifestent en portant le regard sur un endroit précis, dans notre cas, c’est l’adversaire suivant qu’il faut percevoir dans l’environnement et canaliser avec détermination...

    Dans un grain de sable voir un monde et dans chaque fleur des champs le Paradis. (William Blake)

    Ainsi, pas de vidéos tournées dans l’action pour transmettre l’ambiance du cours. J’ai donc demandé à mes assistants de bien vouloir rester après le cours pour me permettre de garder trace des exercices proposés. Nous sommes tous fatigués.
    Ce qui était si clair, si ordonné pendant le déroulement du cours est brumeux à présent, je dois faire effort pour me rappeler la dizaine d’éducatifs que j’ai proposés.
    Jeannot, Guillaume et Mélanie se sont donnés à fond pendant 2 heures et sont en sueur. Je leur demande de se remettre en condition comme si de rien n’était ! Une petite répétition puis une séquence de 15 secondes, c’est le minimum pour une vidéo qui se veut pédagogique et explicite, ça paraît très long quand les jambes ont été durement mises à contribution. Mélanie a des vapeurs quand je lui dis qu’il lui faudra bientôt tenir 1 mn ½ !
    Il est bien évident qu’il n’est pas question de présenter des exercices parfaitement exécutés, ce qui ne présenterait pour cela aucun intérêt, il aurait suffi de répéter jusqu’à l’obtention du résultat souhaité. Il s’agit d’une première prise après exposé des consignes. Cela permet de constater les différents points faibles qu’un professeur peut avoir à traiter.

    La fontaine de l'espoir ne tarit jamais dans le cœur des hommes. (Daphné du Maurier)

    Un simple échauffement sous forme de « Randori Te Hodoki » suffira à se mettre en route : on commence très souplement, avec une quasi fluidité, sur une dizaine d’échanges puis on durcit peu à peu les saisies jusqu’au travail en force.
    Ensuite, je fais venir Harold au centre : démonstration de O Irimi Tsuki Chudan. Un moment de perplexité, il n’a pas saisi la consigne, puis tout s’éclaircit, démonstration concluante et application en ligne sous sa direction.
    Que Stéphanie me pardonne, je ne sais plus si c’est bien à elle que j’ai confié la série de O Irimi Tsuki Jodan... les ravages d’un sommeil fragmenté !
    Les éducatifs seront donc exécutés par groupes de 3 : Tori reçoit 12 attaques puis change de rôle.

    Il ne faut pas se mettre en colère contre les choses : cela ne leur fait absolument rien. (Madame de Staël)

    Esquives O Irimi sur Tsuki Chudan. Éléments à mettre en évidence : la garde, tomber sur Uke pour provoquer l’attaque, esquive/rotation du bassin.
    La première vidéo est une remise en place, nous avons réglé quelques problèmes administratifs à la fin du cours, nos amis se sont refroidis et déconcentrés. La seconde vidéo permet de voir que tout s’est replacé.
    Les erreurs constatées : les élèves frappent au lieu de canaliser, ce qui provoque à chaque fois un arrêt. Sur la vidéo, Jeannot devrait ramener plus franchement la main avant dans l’axe.



    Il y a des gens qui se croient le talent de gouverner par la seule raison qu'ils gouvernent. (Napoléon Bonaparte)

    Esquives O Irimi sur Tsuki Jodan. Éléments à mettre en évidence : la main avant contrôle le bras de Uke entre le coude et l’épaule, ce qui déterminera le contrôle ultérieur à la nuque ou à l’épaule. Le bras reste semi tendu, la main ne monte pas plus haut que l’épaule de Uke. C’est une légère rotation du bassin accompagnée d’une rotation de la main qui déséquilibre Uke.
    Les erreurs constatées : Uke marque un temps d’arrêt après le contrôle du bras. Guillaume devrait être plus dans la canalisation et garder le bras tendu : il tire sur le bras de Uke au lieu de l’écarter.


    L'artiste ne doit pas copier la nature mais prendre les éléments de la nature et créer un nouvel élément. (Paul Gauguin)

    Esquives O Irimi sur Tsuki Chudan suivie d’une poussée.
    Les erreurs constatées : Jeannot se trompe d’attaque, Mélanie ne peut pas tomber sur l’attaque, elle est en retrait.


    Regretter ce que l’on aime est un bien, en comparaison de vivre avec ce que l’on hait. (Jean de La Bruyère)

    Esquives O Irimi sur Tsuki Jodan avec canalisation aux épaules. Éléments à mettre en évidence : déséquilibrer en Kiba Dachi et prendre appui sur Uke 1 pour aller au devant de Uke 2.
    Jeannot ne marque pas assez le Kiba Dachi.


    Je n'ai pas échoué. J'ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas. (Thomas Edison)

    Esquives canalisation sur Omote Yokomen Uchi.
    Guillaume travaille « debout » : il faut marquer le Kiba Dachi comme précédemment.


    La gentillesse est le langage qu'un sourd peut entendre et qu'un aveugle peut voir. (Mark Twain)

    Esquives canalisation sur Omote Yokomen Uchi, Uke est projeté en Kubi Otoshi.
    Mélanie est faible sur les jambes : elle peine à garder l’équilibre quand elle pose le genou au sol parce qu’elle est en retrait, elle a tendance à s’asseoir.


    Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche. (Michel Audiard)

    « Randori canalisation » classique. On peut exploiter des variantes avec contrôle du bras type Kote Gaeshi ou Yuki Chigae en s’efforçant de retrouver les sensations de la forme classique.


    Si la matière grise était plus rose, le monde aurait moins les idées noires. (Pierre Dac)

    Esquives canalisation Ura Yokomen Uchi -> Ushiro Kata Otoshi. Sous cette forme, Ushiro Kata Otoshi est un Kaeshi Waza en enchaînement porté suite à une tentative de Mukae Daoshi faible : le contrôle de l’épaule est insuffisant, Uke tente de s’échapper vers l’avant en se relevant après le Kiba Dachi. Tori en profite pour lui poser son avant-bras sur l’épaule et le renverser en exerçant un levier avec le dos de la main sous le menton : il suffit alors de poser les 2 mains sur les épaules de Uke et de le pousser vers le sol.
    Guillaume est faible sur Jeannot, il ne marque pas le Kiba Dachi, il devrait lui être difficile de porter Ushiro Kata Otoshi si Jeannot n’était pas complaisant.


    Vous devez passer votre vie à aimer et à penser ; c'est la véritable vie des esprits. (Voltaire)

    Première vidéo : Mélanie est déconcentrée et se retrouve à contre-pied.
    Seconde vidéo : tout est en place. Bon exercice qui serait parfait si la fatigue ne se faisait sentir, Mélanie ne peinait pas à canaliser le bras de Uke qu’elle laisse descendre.



    Si vous n'essayez jamais, vous ne réussirez jamais, mais si vous essayez, vous risquez de vous étonner vous-mêmes. (Lama Thubten Yeshe)

    Comment remercier ces excellents pratiquants de se prêter avec bonne humeur au jeu des erreurs ? Peut-être en rappelant que c’est en s’appuyant sur leurs erreurs qu’un professeur fait progresser ses élèves. Il doit proposer des exercices propres à faire surgir ces erreurs, en faire prendre conscience ses élèves, trouver la cause et proposer les solutions.
    Nous pratiquons un Art, pas une simple discipline sportive. Nous cherchons à aller toujours plus loin sur la Voie de la perfection. Nous savons bien que cette perfection n’est qu’un but que nous n’atteindrons jamais : ce qui fait la richesse de notre Art est tout ce que nous faisons pour nous améliorer en suivant ce long chemin parfois fatigant, souvent exigeant mais tellement passionnant

    J'aime mieux forger mon âme que la meubler. (Montaigne)

    Je sors du Dojo avec Jeannot. Nous sommes très satisfaits du travail accompli par les 2 candidats au Shodan et de leurs progrès.
    « L’objectif, l’an prochain, c’est ton 4e dan et le 3e dan de Mélanie, vous serez dans les temps.- Mais, Sensei, je ne connais pas le programme... - Et alors, tu as la forme de corps. Quand on a la forme de corps, on apprend un programme en 2 week-ends ! - Quand même, Sensei, ce n’est pas un peu court ? - Oui, j’exagère un peu, nous programmerons quelques entraînements spécifiques comme nous l’avons déjà fait pour ton 3e dan. »
    Tant qu’on a des projets, on n’a pas trop le temps de vieillir !

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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