• Bilan du cours du 26 juin 2019

     

    L’espoir est le pilier du monde. (Proverbe zoulou)

    Canicule ? Presque. Heureusement, notre verte Normandie est protégée des vents sahariens et le vent qui souffle en continu dans mon jardin passe d'abord sur la source de la Fontaine Nourrice pour nous offrir sa fraîcheur mais il fait quand même 31° dans le Berlingo, à 18 h 30, au moment de partir pour le Dōjō. Il fait si chaud que j’entrouvre les vitres pour créer un courant d’air, pourtant propice au torticolis, et que j’oublie d’écouter le jazz sur France Musique. Et j’ai beau rouler à 110 sur l’autoroute, le thermomètre semble figé sur le 31.

    Le sentier est unique pour tous, les moyens d'atteindre le but varient avec le voyageur. (Proverbe tibétain)

    Le parking est quasiment vide. Les premiers arrivés attendent le dernier cours de la saison avec un grand sourire dans la semi fraîcheur de l’entrée.
    Plus de la moitié du Tatami est inondée de soleil. Nous nous disposerons sur la moitié restée à l’ombre pour le salut.
    Inutile de s’échauffer avec cette chaleur, isn’t it ?, comme disent les grands Bretons. Un travail au rythme lent, très progressif, devrait permettre de tenir jusqu’à 20 h 30.
    Dernier cours de l’année, on utilise les armes. Ce soir, ce sera Tanto. J’ai l’intention de travailler sur Shomen Uchi, une attaque que nous utilisons très rarement puisque nous travaillons le plus souvent à mains nues et qu’en ce cas, Shomen Uchi n’a guère de sens.
    « Pourquoi le Tanto, Sensei André, pourquoi pas le Tambo ? – Tu as raison, petit bousier, il eût été judicieux d’utiliser une matraque, objet contondant très adapté aux coups portés sur le haut du crâne. Toutefois, le Tanto implique un état de vigilance supplémentaire à cause du tranchant dont Tori doit se protéger en se défendant. »
    Les 2 protagonistes seront en Gyaku Hanmi no Kamae.

    La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche. (Proverbe africain)

    1ère hypothèse : Sen no Sen Robuse forme Irimi.
    Au moment où Seme monte le bras, Tori entre en glissant le pied avant, bras tendus, main avant au poignet, main arrière au coude. Il avance le pied arrière en direction du pied arrière de Seme en maintenant les bras tendus, il pousse le coude vers l’avant et tire le poignet au niveau de sa hanche. Il tourne autour de son pied avant en exerçant une poussée sur le coude de Seme en oblique arrière. Seme a l’épaule écrasée verticalement vers le sol. Tori pose son genou sur l’épaule de Seme pour l’immobiliser.

    Tori entre au moment où Seme monte le bras pour armer. Il ne doit pas laisser à Seme le temps d’avancer car son bras commencera alors à descendre et l’entrée décrite sera alors impossible.
    Je n’ai pas précisé ce détail. On voit donc que les 2 premiers essais de Mélanie sont hésitants, elle s’arrête après l’entré car elle se heurte à un obstacle. Au 3ème essai, l’entrée est juste, Rémy avance le pied alors qu’il est déjà contrôlé et il est nettement repoussé sur son arrière. Mélanie entre le pied arrière comme pour bousculer le pied avant de Rémy qui doit se préserver de la chute en prenant appui au sol. Mélanie tourne autour de l’épaule de Rémy pour le fixer au sol.
    Si les gestes sont précis et le contrôle serré, le genou est bien placé pour provoquer l’immobilisation.
    Un élève à l’esprit quelque peu ergoteur me demande pourquoi Tori n’avance pas directement le pied arrière. Ce serait possible à condition de pouvoir faire un pas suffisamment long pour renverser Seme. En avançant d’abord le pied avant, j’augmente d’autant ce fameux pas du pied arrière qui aura été précédé d’une action du bassin permettant d’amplifier l’action sur le bras de Seme.

    Le sentier est unique pour tous, les moyens d'atteindre le but varient avec le voyageur. (Proverbe tibétain)

    2ème hypothèse : Tai no Sen Robuse forme Tenkan
    La forme décrite précédemment est difficile à réussir car Tori a tendance à monter les bras quand le bras de Seme commence à descendre. Dans ce cas, les pouces de Tori risquent d’être malmenés !
    Quand Seme attaque, Tori entre en glissant le pied avant, main avant au niveau du coude de Seme.  En pivotant le bassin, il rabat le bras de Seme. Dans le premier temps de O Irimi, sa main avant glisse vers le poignet pendant que l’autre main saisit le coude. Dans le second temps de O Irimi, il appuie verticalement sur le coude en tirant le poignet vers sa hanche.
    Deux possibilités :

    - accentuer la pression sur le coude et immobiliser
    - accentuer la traction du poignet en amplifiant la rotation du bassin : projection.

     

    Fais de ta plainte un chant d'amour pour ne plus savoir que tu souffres. (Proverbe touareg)

    3ème hypothèse : Tai no Sen Mukae Daoshi
    Tori entre avec plus de détermination que dans le cas précédent et sa main avant entre dans l’articulation de l’épaule. Technique déjà décrite à de multiples reprises.
    En pivotant le bassin, Tori repousse l’épaule de Seme. Dans le premier temps de O Irimi, il appuie sur cette épaule, pouvant contraindre Seme à poser la main au sol, et va chercher l’autre épaule qu’il tire en effectuant le second temps de O Irimi.
    Quand il effectue la technique Mukae Daoshi proprement dite, pendant le temps de cisaillement, l’épaule de Seme est coiffée par son aisselle, limitant ainsi les mouvements du bras de Seme qui pourrait utiliser son Tanto.
    Quand il renverse Seme pour l’amener au sol, il serre le coude contre son flanc, bloquant ainsi le bras de Seme.
    Quand Seme touche le sol, Tori place sa main libre sur son visage, repousse le flanc de Seme avec le genou qu’il pose dans le creux sous la côte flottante et glisse son bras sur le bras de Seme en effectuant un armlock. Quand il peut saisir le poignet de Seme, il glisse le bras, coude au-dessus du genou et porte un armlock qu’il peut mettre à profit pour placer Seme à plat ventre.


    Petit problème : Mélanie ne descend pas suffisamment en conduisant Kamel au sol : elle perd le contrôle du bras sous l’aisselle. En descendant jusqu’au sol, genou dans le flanc de Seme, l’action de la main sur le visage et l’armlock se portent simultanément, sans perte de contact.

    L’intelligent parle de ce qu’il a vu, et le sot de ce qu’il a entendu dire. (Sagesse populaire Yiddish)

    4ème hypothèse : Machi no Sen Kote Gaeshi
    L’attaque de Seme est trop rapide pour que Tori ait le temps d’entrer. Il doit transférer son poids sur le pied arrière en tournant le bassin. Sa main arrière se pose sur le poignet de Seme et accompagne sa descente. La main avant s’écarte latéralement pour ne pas être blessée... Habituellement, j’insiste sur le fait que les 2 mains se déplacent simultanément en gardant le même intervalle. Nous avons ici l’exception qui confirme la règle.
    Tori effectue alors un Nagashi en maintenant son bras de l’axe et entraîne Seme face à lui  comme pour le faire déraper en décrivant une courbe d’abord descendante puis ascendante, se refermant vers l’épaule de Seme qui subit Kote Gaeshi et tombe à plat dos. Son bras étant fléchi, il est facile de le renverser à plat ventre.


    On note 4 étapes dans l’exécution du Tai Sabaki :
    1- Mélanie exprime une sensation de Irimi puis recule au lieu d’effectuer Nagashi
    2- elle effectue Nagashi... en sautant et en tournant
    3- elle effectue Nagashi puis recule en tirant le bras de David vers elle
    4- elle effectue un mouvement assez conforme à la description ci-dessus sinon le fait que la sensation est plus en Tai no Sen (la main avant monte vers le bras de Seme) que Machi no Sen qui implique d’abord un transfert du poids avec effacement du corps. Elle devra plus entraîner David devant elle pour que la sensation du Kote Gaeshi soit développée.

    Rien ne sert de tirer sur un brin d'herbe pour le faire pousser... (Proverbe zen)

    Ce cours nous aura permis de constater que les notions de Sen no Sen et de Machi no Sen, qui se rapprochent d’une situation réaliste, sont délicates à percevoir. Notre pratique se fait essentiellement en Tai no Sen, les 2 partenaires se déplaçant simultanément avec harmonie. Il faut revenir à la notion d’efficacité sans pour autant dénaturer notre Art en s’inspirant de techniques de combat à la mode.
    Il est très difficile de maintenir un rythme lent pendant une longue durée. La vitesse donne l’impression d’escamoter ses erreurs habituelles, ses manies. Mais rien n’échappe à l’œil scrutateur d’un vieux maître tatillon !
    La chaleur vite épuisante provoque elle aussi un relâchement de l’attention qui laisse remonter ces erreurs. Difficile de trop reprendre, rectifier sans donner aux élèves une sensation de harcèlement.
    À 20 h 30, les keikogis sont trempés, les visages ruissellent de sueur et arborent un teint rubicond, il est temps de s’arrêter.
    Après la douche, le pot de l’amitié. Ça remplacera agréablement le Randori !

    Fin et commencement sont des rêves. (Proverbe Sioux)

    Dernier cours de l’année. Bien sûr, il y aura bientôt le stage du Temple sur Lot, le 40ème anniversaire !
    Je pense toujours que je m’approche à grande vitesse de mon dernier cours tout court.
    « Vous êtes bien pessimiste, Sensei André ! – Que nenni, petit cancrelat, que nenni. Quand on atteint un âge respectable, l’échéance semble plus proche. – Vous dites ça par coquetterie, pour vous entendre dire que vous êtes toujours dans une forme surprenante... – P’t’êt’ ben, petit cloporte, p’t’êt’ ben. J’apprécie les flatteries quand elles se mêlent d’affection, c’est une aimable forme de flirt. Mais l’usure est là, il est temps de la réparer. Que será será. »

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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