• Bilan du cours du 25 mai 2011

     

    L'Aïkibudo n'est pas un livre que l'on lit... mais une émotion que l'on vit... (Sylvain Lirette)

    Sylvain m’a offert, proposé, confié cette pensée... Une petite phrase qui (lui) est venue comme ça pour expliquer à un élève de moins penser lorsqu'il pratique (il a tendance à tout décortiquer). Je pourrais la placer en introduction de chacun de mes articles, de chacun de mes bilans. Je pourrais la placer en conclusion. Je pourrais la placer en remplacement de chacune de mes citations... En fait, sur le tatami, je parlerais plutôt de sensations. Encore que... Certains mots français sont trop riches en nuances. Émotion risque de faire référence à émotivité, sensation à sensibilité, voire à sensiblerie, notions difficiles à intégrer dans un exposé sur le Sen no Sen....
    Pourtant, à moins d’être un psychopathe glacé comme une lame de rasoir, le meilleur d’entre nous doit bien éprouver une émotion quand il perçoit le poing qui se dirige vers son meilleur profil, le bâton qui s’abat sur son front lumineux ou la lame qui file tout droit vers le point le plus tendre de son abdomen !
    Alors, la citation de Sylvain, je la prends tout entière et je vous la propose comme un très beau sujet de réflexion.


    La vie c’est comme la bicyclette : quand on arrête de pédaler on tombe. (Einstein)

    Les fidèles sont là : 2 Kyu et 6 Yudansha, pressés d’en découdre. Ils étaient sur le tatami dès 18 h 30, en action avant le début du cours, qui répétant les Te Hodoki, qui se livrant à un randori souple, qui répétant quelques gestes techniques. Je les observe, en général mes observations influencent la trame de mon cours sans, toutefois, la modifier.
    Ce soir, le ciel est limpide, le soleil entre abondamment par la longue baie vitrée orientée à l’ouest. C’est l’organisation sur le tatami qui va également être modifiée. Il fait très chaud, ce sera soirée sans Hakama.
    Certains en sont ravis, il n’y aura pas de corvée de pliage à la fin du cours. D’autres sont un peu plus méfiants car les erreurs, les postures relâchées seront bien plus visibles.


    Chaque progrès donne un nouvel espoir, suspendu à la solution d’une nouvelle difficulté. (
    Claude Levy-Strauss)

    Pour commencer le cours en douceur, je propose à 2 volontaires désignés d’office de nous faire un rapide résumé du dernier cours. Hélas, hélas, hélas, leur mémoire est défaillante, ils essaient de rassembler un échantillon épars de techniques comme si mon cours n’était pas construit... De plus, il apparaît qu’ils n’ont pas réfléchi à la question que je leur avais posée à la fin de ce dernier cours !
    Il m’a donc fallu leur rappeler mon intention : leur faire sentir comment la technique se présente en fonction de la distance d’attaque, avec la même entrée intérieure puis extérieure.

    Une poule est l'artifice qu'utilise un œuf pour produire un autre œuf. (Umberto Eco)

    J’ai donc entrepris une révision détaillée en mettant en relief les différentes étapes de chaque mouvement.
    J’ai bien précisé que je suis obligé, pédagogiquement, de décrire un polygone alors que le mouvement est circulaire. Quand j’explique un point précis, je l’amplifie de façon à apporter la sensation voulue. Au cours de l’exécution, tous ces points seront insérés dans la courbe du mouvement qui ne présente aucune aspérité.
    Ainsi, la dernière fois, j’avais montré le passage de la flexion à la torsion dans l’exécution de Neji Kote Gaeshi. Or, quand j’entre dans le mouvement de Uke en plaçant ma force sur la sienne, une flexion se place dès que je porte Kote Gaeshi dans l'axe, cette flexion évolue en torsion dès que je tourne mes hanches en préservant la tonicité de mes bras et la tension du bras de Uke.

    Ayez surtout le souci de séparer les choses du bruit qu’elles font. (Sénèque)

    L’Aïkibudo ne se comprend pas, ne se décortique pas, il se pratique, il s’éprouve, il se ressent. Quand la sensation est là, il sera peut-être temps d’essayer de comprendre pour pouvoir expliquer.
    Quand un élève dit à son partenaire : « Vas-y, toi, moi je ne le sens pas. », il devrait cesser de tenter de disséquer et se contenter de faire.
    Cet enchaînement de techniques sur différentes distances montre que si on fait toujours la même chose (la même entrée avec la même action du corps et des bras) diverses techniques se présentent, chacune pouvant être considérée comme une évolution de la précédente.

    Fin et commencement sont des rêves. (Proverbe Sioux)

    Ainsi de Neji Kote Gaeshi, Hiji Gaeshi, Ude Garami... Je ne parle pas de formes fondamentales, je ne parle pas des modèles présentés dans les Kihon. Je parle d’une sensation qui apparaît en fonction de la relativité d’une distance, qui évolue en fonction de ma détermination et qui aboutit à une projection ou à une immobilisation. L’intention n’est pas dans l’origine du mouvement, le but n’est pas la fin du mouvement, c’est un mouvement qui se décrit et raconte une histoire.

    La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche. (Proverbe africain)

    À ce niveau d’exécution, les mots peinent à traduire une sensation, une émotion ? Chercher à comprendre à tout prix avant de se lancer dans l’aventure n’est peut-être pas la bonne façon d’agir. Je crois qu’il faut d’abord avoir confiance et, surtout, faire confiance. Autrement dit, faire preuve d’humilité. Quand le mouvement sera réussi, il sera temps d’analyser ce qui a été produit et d’en être fier.
    En fait, je prends à mon compte la pensée de Sylvain. Et j’en fais ma conclusion. Je pourrais parler de transmission orale, de Tradition orale mais on m’a déjà rétorqué que les temps ont changé...

    L'Aïkibudo n'est pas un livre que l'on lit... mais une émotion que l'on vit... (Sylvain Lirette)


    Car le monde et les temps changent

     

     

    « Le mouvementStage National en Haute Normandie »