• Bilan du cours du 25 février 2015


    Ce n'est pas quand il a découvert l'Amérique, mais quand il a été sur le point de la découvrir, que Colomb a été heureux. (Fiodor Dostoïevski)
     
    Nous sommes en période de vacances scolaires. Le temps est paré d'une grisaille en attente de bruine intermittente. Je ne me presse pas pour prendre la route, j'aurai ainsi peut-être la chance d'avoir une place libre au parking.
    Que nenni, ces dames ne sont pas en vacances et leurs voitures garées à la va-comme-tu-peux ne laissent aucun espoir. Je dois me garer plus loin mais, au moins, il ne pleut pas.
    Je pénètre dans le Dojo en même temps que Mélanie, Stéphanie et Kamel. Une odeur de peinture et de « travaux » nous saisit. Le vestiaire des filles est dans un grand désordre, pots de peinture, escabeaux, outils jonchent le sol.
    « Qu'importe, dis-je aux filles, nous vous accueillons dans notre vestiaire. ». Les dites filles ricanent sottement et préfèrent se replier vers la réserve au matériel. Soyez aimables !

    On ne peut pas attendre que l'inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue. (Jack London)
     
    Nous sommes en période de vacances scolaires. À croire que la majorité des pratiquants a obtempéré au diktat de la grande migration hivernale : seuls 5 vaillants fidèles disciples s'alignent au Shimoza ( 下座 ). Stéphanie est au centre de la file, face au Kamiza ( 上座 ), à mi-chemin entre le Shimoseki ( 下關 ) et le Joseki ( 上席 ). Son regard brillant capte celui de son vieux Sensei préféré qui sait y lire la supplique.. Qu'il en soit fait comme tu le désires : « Stéphanie, à toi l'honneur de diriger l'échauffement. »
    « Sensei, je n'ai pas consulté la fiche, murmure-t-elle soudain intimidée - Qu'importe, fie-toi à ton intuition, prends exemple sur la généreuse maestria de Mélanie ! Quant à la fiche, tu sais bien que j'en donne le lien dans chaque bilan... ».

    Bilan du cours du 25 février 2015


    La liberté ne peut pas être une institution. La liberté n'existe que dans le mouvement de conquête de la liberté. (Alain Robbe-Grillet)
     
    L'échauffement ayant été dirigé avec élégance, nous finissons sur une série de O Irimi en ligne effectués en décontraction tout en respectant les aspects techniques, en particulier la mobilisation du bassin.
    Je demande à Stéphanie d'expliquer la posture de garde. Après s'être fait rappeler les termes Migi (  droite) et Hidari ( gauche), elle décrit les appuis, jambe arrière tendue, jambe avant fléchie, la poussée au niveau de l'abdomen...
    En fait, je m'intéresse à la position des mains en Chudan no Kamae. Cette position découle de la tenue du Bokken. Les bras sont semi-fléchis (on dit que la Tsuka se trouve à une distance de 2 poings du nombril). Si j'avance vers Uke, la pointe de mon bokken se trouve à hauteur de sa gorge. Pour prendre la garde Aïkibudo, je positionne mes mains comme si elles tenaient le Bokken (je prends le centre...). Mon abdomen est protégé. Si Uke tente une attaque Gedan, la main gauche peut l'esquiver. Si c'est une attaque Jodan, la main droite avance pour la contrôler.
    Uke ne peut attaquer en Chudan que si Tori crée une ouverture. C'est ce que nous avons abordé la dernière fois, Tori entre en ouvrant sa garde vers le haut pour inciter Uke à attaquer. C'était une action en Sen no Sen...

    Bilan du cours du 25 février 2015

    Ce n'est pas la vérité qui blesse, c'est le mensonge éhonté. (William S. Burroughs)
     
    Ce soir, nous allons travailler sur l'attaque Tsuki Jodan. Uke prend l'initiative de l'attaque, Tori réagit simultanément en entrant O Irimi. C'est une situation de Tai no Sen, la plus fréquente dans notre pratique mais qui, mal utilisée, induit un comportement stéréotypé, mécanique, finalement sans sensation. La perception de la protection apportée par la garde est fondamentale. Si Tori a un léger retard dans sa réaction, il ne peut plus entrer, il doit esquiver en effectuant Nagashi : c'est la sensation de Machi no Sen. On parle parfois de Go no Sen : cela sous-entend l'utilisation de la force comme en Chika Ma.

    La jeunesse sait ce qu'elle ne veut pas avant de savoir ce qu'elle veut. (Jean Cocteau)

    L'application de O Irimi sur Tsuki Jodan va permettre d'aborder les notions d'entrée extérieure ou intérieure. Je tiens à ce que chaque exercice commence par une attaque à droite. En l'occurrence, Tori se positionne en Migi Kamae.
    Outre l'imperméabilité de la garde, un principe important est de « tomber » sur l'attaque. C'est la notion de Sutemi ( 捨て身) qui évoque l'idée de risquer sa vie.
    Uke attaque Tsuki Jodan. Tori entre simultanément en glissant le pied avant, sa main droite venant au contact du coude de Uke, en restant dans l'axe, à la façon dont on vient contrôler le Bokken. La main tourne (mouvement du Shinogi) et écarte ainsi le bras de Uke sans sortir de l'axe. Le pied arrière passe devant le pied avant. Rotation du bassin, le bras extérieur passant au-dessus du bras de Uke, la main intérieure glisse jusqu'au poignet qu'elle saisit. Rotation du bassin, second pas de O Irimi, un armlock provoque le déplacement de Uke. Nouvelle rotation du bassin, genou au sol, pour projeter Uke dans la dynamique de la canalisation.

    Bilan du cours du 25 février 2015
    Franck n'entre pas franchement, il est de côté et tente de repousser le bras de Jeannot

     Tori se relève en pivotant en sens inverse : il est alors en Hidari Kamae. Uke attaque toujours à droite. Tori effectue le même déplacement que précédemment mais à l'intérieur. La main avant contrôle au niveau du coude, la main extérieure vient porter un atémi au niveau du cou de Uke. Le déroulement de O Irimi projette Uke en Kubi  Otoshi.
    L'application se fait de façon dynamique avec 2 partenaires.

    Bilan du cours du 25 février 2015Les entrées de Stéphanie sont bonnes mais elle ne sait plus utiliser la rotation du bassin
    dans les entrées intérieures.

    Le monde n'a pas besoin qu'on y mette de l'ordre ; le monde est ordre, incarné. C'est à nous de nous harmoniser avec cet ordre. (Henry Miller)
     
    Ce travail permet de mettre l'accent sur un défaut observé la dernière fois : les bras montent au lieu de rester dans l'axe. C'est dû à une tendance à monter sur la pointe du pied pour entrer, ce qui crée ensuite une poussée ascendante. Il faut s'efforcer de sentir le contact du tatami sur toute la plante du pied...


    Les déplacements de Franck sont corrects mais il oublie l'atémi et contrôle l'épaule au lieu de la tête.


    Tiens, tiens, tiens... Jeannot serait-il perplexe ?


    Mélanie applique la sensation du Sen no Sen mais son entrée est un peu courte.
    Comme elle ne « tombe » pas franchement,
    elle n'est pas au contact de Uke et perd l'équilibre en fin de parcours.


    Stéphanie a compris le sens de l'exercice.
    Il ne lui reste plus qu'à entrer avec détermination pour le maîtriser.

    Ceci étant « compris » intellectuellement - il reste à l'appliquer - nous allons passer aux applications techniques. Trop travailler en canalisation avec l'accent mis sur la justesse technique peut devenir fastidieux !

    Qui voit la figure humaine correctement : le photographe, le miroir ou le peintre ? (Pablo Picasso)
     

    Sur l'attaque Tsuki Jodan (Tai no Sen), entrée extérieure, nous allons appliquer Robuse avec projection Irimi. C'est une simple application de l'exercice de base. À la fin de O Irimi, Tori amène le poignet de Uke à sa hanche en exerçant une pression sur le coude. À ce stade, il serait possible d'effectuer une rotation du bassin pour immobiliser Uke. J'ai préféré choisir la roulade avant provoquée en avançant la jambe intérieure et en poussant le bras dans l'épaule.

    Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. (Samuel Beckett)
     

    Sur l'attaque Tsuki Chudan (Sen no Sen), entrée intérieure, nous appliquons Kataha Otoshi avec projection Tenkan. Jeannot et Guillaume ne sont pas assez dans le Sen no Sen. Il y a bien une amorce d'ouverture mais l'entrée manque de détermination ce qui donne parfois une impression de Machi no Sen.

    Plus mes élèves progressent, plus je deviens exigeant (Moi)

    Ce qui reste à corriger : pas d’entrée mais des esquives, on n’est jamais vraiment dans le Sen no Sen mais, Tori agit la plupart du temps en Machi no Sen, il n’est pas en garde, Uke attaque sans attendre une ouverture... évidemment puisqu'il n'y a pas de garde !

    Bien sûr, ma citation vient tempérer mes observations. Et puis ça me rajeunit, ça me rappelle une époque où le jeune Sensei s'efforçait de faire de nous des « petits Floquets » ! Pour ces jeunes gens, j'ai l'ambition de les conduire vers la perfection.
    « Sensei, ne croyez-vous pas que si on croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser, le problème c’est qu'ils sont faits pour être rêvés* ? - Stupide petit scarabée, au lieu de rêver ta vie, vis ton rêve** ! »
    Ces pensées profondes ayant été verbalisées, nous pouvons nous livrer à un petit Randori final.

     
    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

    *   d'après une citation de Coluche
    ** d'après une citation anonyme

     

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