• Bilan du cours du 22 mai 2013

     

    En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout. (Albert Camus)

    Ça faisait plus d’un mois que je n’étais pas monté sur le tatami. Cours du 24 avril ajourné pour cause de vacances scolaires. Cours du 8 mai annulé pour cause de 8 mai et d’absence du prof parti se refaire une santé dans les eaux sulfureuses d’Allevard les Bains… comme si il n’y avait que les eaux, de sulfureuses !

    J’étais encore dans le regret d’avoir manqué le stage intensif et son brassage d’amitiés internationales et sous le coup des 9 heures de route avalées la veille quand je suis monté dans mon vieux Berlingo pour me rendre à mon cher Dojo de Saint Léger du Bourg Denis.

     

    Tandis que les nouveaux admirateurs nous lisent, les anciens nous oublient. (Jules Renard)

    Une trop longue absence crée-t-elle l’oubli ? Le vieux Sensei aurait-il l’aura aussi usée que ses articulations ? Je me suis finalement retrouvé face à 5 fidèles pratiquants, les cadres du club et 2 kyu qui en constituent l’ossature. Pas de nouvelles de nos amis Caudebécais. Long, très long silence radio de Pedro et de Ludo…

     

    L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. (Woody Allen)

    À près de 80 ans, mon ami Monmon est toujours à vitupérer, à s’indigner, à se livrer à quelques Shiai de Kendo pour évacuer son trop plein d’énergie. Il tient son club d'une poigne solide. J’aurais plutôt tendance à m’effacer. Littéralement. Je deviens plus léger. Moins opaque.

    Bilan du cours du 22 mai 2013

    Je ne crois pas en l’au-delà mais j’emmènerai quand même des sous-vêtements de rechange. (Woody Allen)

    Deviendrai-je transparent ? Peut-être, si mes quelques misères internes consentent à me laisser en paix… arthrose et idées noires sont de mauvais compagnons.

     

    Le sexe entre deux personnes, c’est beau. Entre cinq personnes, c’est fantastique... (Woody Allen)

    En face de moi, au début du cours, 5 élèves sont en place pour le saut. Mélanie est au centre : c’est donc elle qui dirigera l’échauffement. Très original, l’échauffement selon Mélanie. Il y a un peu de tout, certes, mais dans un ordre très personnel. D’ailleurs, nous finissons par le premier exercice de la fiche !

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    Un petit mot sur la contraception orale. J’ai demandé à une fille de coucher avec moi et elle a dit « non ». (Woody Allen)

    Le petit nombre d’élèves ne me permet pas de faire le cours dynamique que j’avais conçu sur le thème du Randori. Je vais insister sur la précision du contrôle et du déplacement. L’engagement du corps, avec précision et détermination, offre l’efficacité en échange d’un minimum d’énergie. Engager le corps signifie que le mouvement part du bassin, en respectant son axe et sa verticalité. C’est de ce mouvement du bassin que découlent les actions des bras, des mains. De cette chaîne d’actions naît la fluidité…

     

    La différence entre le sexe et la mort, c'est que mourir, vous pouvez le faire seul, et personne ne se moquera de vous. (Woody Allen)

    Je vais être amené à pinailler, à reprendre, à corriger, à exiger toujours plus de précision, toujours plus d’engagement… Du coup, j’ai laissé la boîte à images sur le bord du tatami. Pas de vidéos ni de photos. Place à l’imagination.

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    いつまでもあると思うな親と金 

    ITsuMaDeMo ARu To OmoU Na Oya To Kane
    Les parents et l'argent que l'on pense éternels

    Le thème est l’entrée sur Ura Yokomen Uchi. Les applications seront Robuse puis Ushiro Kiri Otoshi. Pour l’étude du contrôle, je demande aux élèves de se munir d’un objet contondant, Tambo ou Tanto, pour rendre l’attaque plus concrète. Ce qui me permettra de disserter sur une des spécificités de notre art : la « sincérité » des attaques.

    L’organisation la plus évidente est un entraînement de type Randori, 4 Uke attaquent successivement à droite puis à gauche. Changement de rôle après 2 tours.

     

    生酔い本性違わず 

    NamaYoI HonShô TagaWaZu
    Même si une personne est saoule, son caractère ne diffère pas

    Premier exercice : entrée sur Ura Yokomen Uchi

    Tori avance le pied avant en sortant légèrement de l’axe de Uke. Il contrôle le bras de Uke, juste derrière le coude, avec le dos de la main. Quand il « tombe », sa main tourne et repousse le bras de Uke.

    Les erreurs :

    - l’entrée est trop courte

    - le contrôle se fait trop bas (Uke peut entrer le coude vers le visage de Tori), le contrôle se fait trop haut (Uke peut frapper)

    - le contrôle se fait avec le poignet au lieu du dos de la main (test : Tori pince le coude de Uke à la fin de l’entrée.

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    捕らぬ狸の皮算用 

    ToRaNu Tanuki No Kawa ZanYô
    Évaluation des gains d'une peau de Tanuki (chien viverrin) que l'on n'a pas encore pris.

    Second exercice : Robuse sur Ura Yokomen Uchi

    Nous laissons les objets contondants à partir de cet exercice, il va falloir acquérir plus de fluidité car l’exigence de précision entraîne un comportement « scolaire », une fixation sur les erreurs.

    Après l’entrée, Tori place le pied arrière légèrement devant le pied avant en amorçant une rotation du bassin. Sa main arrière vient se placer sur l’épaule de Uke, le tranchant appuyant sur l’articulation pour obliger Uke à descendre.

    La rotation du bassin permet d’effectuer le second pivot de O Irimi. Tori maintient ses bras dans l’axe. De ce fait, pendant la rotation du bassin, ses mains glissent sur le bras de Uke pour se placer en Robuse. Le transfert du poids du corps sur le pied intérieur permet de contraindre Uke à descendre.

    L’application en Randori contre 4 adversaires attaquant alternativement à droite et à gauche ne doit causer aucun problème, Tori doit se retrouver dans la bonne garde à chaque phase du Randori.

    Les erreurs :

    - le pied arrière fait un trop grand pas vers l’avant (le contrôle de l’épaule n’est plus efficace)

    - Tori exerce une contrainte insuffisante sur l'épaule : main à plat, pression exercée à côté de l'articulation, Uke ne descend pas, l'action de Robuse est impossible.

    - Tori ne maintient pas ses bras dans l’axe (Le corps perd sa vertcalité, Uke n’est plus contrôlé, il peut contrer)

     

    敵も然る者引っかくもの 

    Teki Mo SaRuMoNo HikKaKu Mono
    Griffé par un adversaire redoutable

     

    Troisième exercice : Ushiro Kiri Otoshi sur Ura Yokomen Uchi

    Après son entrée, Tori effectue un grand pas au lieu de placer le pied arrière contre le pied avant. De ce fait, il ne peut plus contrôler l’épaule avant, il va donc chercher l’épaule arrière. Dans le second temps de O Irimi, il entraîne Uke en descendant en Kiba Dachi.  Quand Uke tente de se relever, Tori place sa main avant sous le menton de Uke et pousse dans le dos avec son autre main. Il effectue un Nagashi pour s’effacer et laisser tomber Uke.

    L’application en Randori contre 4 adversaires attaquant alternativement à droite et à gauche ne doit causer aucun problème, Tori doit se replacer face à l’adversaire suivant en effectuant un Nagashi pied avant.

    Les erreurs :

    - une poussée insuffisante dans le dos

    - Tori ne s’efface pas pour laisser chuter Uke

    - mauvais appuis : le corps perd sa verticalité

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    Le crime paie. On ne fait pas beaucoup d’heures et on voyage beaucoup. (Woody Allen)

    Ces simples exercices occupent la totalité d’un cours de 2 heures, si on excepte les 10 minutes d’échauffement et les 5 minutes de Randori final.

    Le Randori final est indispensable. C’est là que les corps se détendent, que les élèves oublient de s’observer, de se fixer sur leurs erreurs…

    Les erreurs sont des étapes dans l’évolution. On progresse sur ses erreurs, en s’en servant comme autant de marches pour s'élever vers plus de maîtrise de soi.

     

    Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d'un mot ! (Honoré de Balzac)

    Pendant le Randori, on se libère, on entre avec une intention et le mouvement peut en décider autrement. Qu’importe, il faut acquérir de la fluidité et la sensation du mouvement. La précision se travaille pendant les exercices, le Randori teste le niveau de l’évolution.

     

    C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs. (André Breton)

    Mes 5 élèves ont-ils trouvé leur compte pendant ces 2 heures passées à pinailler, à rectifier les erreurs, à pointer les tics, les habitudes. Je m’efforce d’effacer tout conditionnement, de remplacer les réflexes par le sens de l’adaptation à une situation  nouvelle. Certains ont l'impression de tout remettre en cause. Est-ce cela que les pratiquants attendent ? Est-ce trop difficile comme il me l'a été reproché jadis ? Est-ce pour ça que les effectifs s’amenuisent ?

     

    Si aujourd'hui, ici-bas, une foule d'individus désirait le bonheur plutôt que le malheur des autres, il suffirait de quelques années pour que la terre soit un paradis.  (Bertrand Russell)

      ange 2

    Le temps qui m’est imparti s’amenuise lui aussi. La carcasse est de moins en moins résistante et les lendemains déchantent. Mon sens de l’humour semble lui aussi s’émousser.

    Depuis quand suis-je en train de devenir transparent ?

    En avril 2011, notre Sensei nous a promus, mon ami Edmond Royo et moi, au 7e dan (validé par la Fédération Internationale d'Aïkido, pas par la 2F3A dont les voies sont très hermétiques). Il l’a annoncé au stage national de Saint Léger du Bourg Denis. Il l’a rappelé au stage national de Vanves. Et puis... rien... Aucune réaction. Confirmation dans le rapport national 2011/2012... Nada. Invisibilité.

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    En juin 2012, un très bel article a été publié dans la revue Aïkido Magazine, une évocation sous forme d’interview de la carrière parallèle de 2 « piliers » de l’Aïkibudo, mon ami Edmond Royo et votre serviteur. Rien. Pas d’écho. Pas de commentaire. Transparence ? Indifférence ?

    piliers.jpg cliquer sur l’image pour télécharger l'article complet

    Bilan du cours du 22 mai 2013

    Pourquoi philosopher alors qu’on peut chanter ? (Georges Brassens)

    Je laisse ma guitare dans son étui. Il pleut bien suffisamment comme ça !

    Georges aussi pouvait faire pleuvoir.

     

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    A.照り絵 / 七段 教士 FIA

    Bilan du cours du 22 mai 2013

     

    mort-de-rire

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