• Bilan du cours du 21 mai 2014

     

    Il ne suffit pas de parler, il faut parler juste. (William Shakespeare)

    Ce soir, après une journée ponctuée d’orages, dans un Dojo à l’abri du climat électrique ambiant, ils seront 7 fidèles et talentueux pratiquants à venir subir mon esprit tatillon.
    J’ai été tellement pointilleux cette année que je m’étais promis d’offrir une bonne séance basée sur le Wa no Seishin et la canalisation, ce qui aurait pu promettre un cours plein de fluidité et de détente.
    Les Yudansha sont talentueux et les Kyu sont prometteurs. Ils s’appliquent à reproduire au mieux les mouvements que je leur propose, reçoivent sans rechigner mes remarques, mes corrections, mes mises au point. Pas de temps perdu pendant les 2 heures de cours...
    J’ai connu ça, au cours de ma carrière professionnelle, des classes adorables avec de très bons élèves tout mignons, attentifs, sérieux, appliqués, travailleurs. Et, avec le temps, je me suis aperçu que j’étais beaucoup plus exigeant avec eux qu’avec les groupes plus quelconques. Il en est des promotions comme des cuvées, certaines offriront un délicieux nectar, d’autres dériveront en médiocre piquette.

    Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui. (Claude Lévi-Strauss)

    Et si j’étais aussi un peu trop exigeant avec ceux-là ? Et si je houspillais exagérément Guillaume ou Sébastien ? Je sais bien qu’ils sont bons, excellents, même à leur niveau. C’est pour ça que je leur en demande toujours plus ? Et les filles, me direz-vous, je les laisse à leur condition féminine ?
    Les filles, vous rétorquerai-je, ont une qualité de perception et de fluidité qui leur permet de compenser leur moindre force physique. Voyez-les sur les vidéos ! Leur forme de corps est superbe. Des promotions évidentes l’an prochain.

    Si tu veux être aimé, aime. (Sénèque)

    Les garçons sont souples et forts physiquement. Ils ne ménagent pas leur vieux Sensei. Quand je regardais les démonstrations du vieux et sublime Mifune Kyuzo, je pensais que ses jeunes et vigoureux partenaires le ménageaient. Mon expérience me suggère que ce n’était pas forcément le cas. Nous demandons à nos jeunes pratiquants d’être « sincères ». Et je peux vous affirmer qu’ils le sont. Et même si mes lombaires me le reprochent le lendemain, je n’ai rien à leur reprocher car je sais que leur sincérité est une marque de respect.

    Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres. (Alexis de Tocqueville)

    Je me laisse aller à être aimable : il faut que je me reprenne ! Donc, Guillaume se charge de l’échauffement avec maîtrise et j’interviens après la séance de roulades. J’attends de mes disciples autre chose que des mécanismes bien rôdés. Je vais donner un peu de piquant à l’exercice.
    La chute m’est probablement définitivement interdite, je dois donc décrire avec précision ce que j’attends à Guillaume, le maître chuteur.

    Premier exercice : partir en chute avant, se relever avec un Mae Geri avant de reposer le pied avant, Henka, roulade avant, se relever avec Mae Geri avant de reposer le pied avant, Henka... Impeccable application de Guillaume que je filme illico. Application par les élèves que je filme.
    Je suis ravi.

    L'amitié fait le tour du monde et nous convie tous à nous réveiller pour la vie heureuse. (Epicure)

    F...-C...! comme dirait mon ami Roinel et que je n’oserais jamais proférer. Quand je visionne la vidéo, en rentrant, je m’aperçois que ce n’est pas du tout ça. Guillaume frappe Mae Geri, pose le pied, part en roulade avant, se relève, Henka, Mae Geri, gna ! gna ! du pipi de poussin ! à la portée d’un 7e Kyu ! va falloir refaire ça la prochaine fois.

    Second exercice : Guillaume frappe Tsuki Jodan et chute dans l’élan. Pas de problème cette fois-ci.

    Troisième exercice : Guillaume porte Tsuki Jodan à Jeannot de profil et qui esquive à plat-ventre. Guillaume chute par-dessus dans l’élan du Tsuki. L’intérêt de cet exercice est de faire prendre conscience que l’obstacle est avant tout psychologique : la chute est identique à celle qui se pratique seul. On augmente la difficulté en demandant au partenaire de s’accroupir puis de simplement se pencher en se saisissant les genoux pour assurer l’équilibre.

    Nos bonnes actions sont souvent plus troubles que nos péchés. (Marcel Aymé)

    Qu’est-ce qu’un Wa no Seishin ? Littéralement, signifie « esprit de la paix ». 
    C’est un mouvement en canalisation. Comme tous les mouvements pratiqués dans notre bel Art Martial, me ferez-vous remarquer, ce que j’approuverai. Le mouvement de canalisation s’effectue sans saisir Uke, ce qui est trompeur car un observateur peut penser que ce dernier est consentant. Si c’est le cas dans la phase d’apprentissage, le Wa no Seishin trouve toute son efficacité à un niveau de maîtrise suffisant.
    Enfin, Uke est entraîné sur son avant. Les formes les plus simples le font chuter en ligne. Ensuite, le Tai Sabaki utilisé peut créer une forme plus sophistiquée que j’assimile à une jolie calligraphie, 
    S, C ou L , dessinée en 3 dimensions dans l’espace.

    花七日 

    Hana Nanu Ka
    Fleur de sept jours.

    Jyunte Dori : centrer en effectuant Nagashi pied avant, avancer la jambe intérieure en poussant avec la main en supination.

    Jyunte Dori : rotation du bassin en « ramassant » avec la main saisie, avancer la jambe intérieure en « relevant », projeter en tournant la main en pronation.

    Jyunte Dori : centrer en effectuant Nagashi pied avant puis repousser latéralement le bras de Uke vers son visage.

    Jyunte Dori : effectuer un Nagashi pied arrière et poser le genou extérieur au sol en appuyant du tranchant de la main sur la main de Uke qui chute dans l’axe de son attaque.

    Jyunte Dori : effectuer un Nagashi pied avant complété par une rotation du bassin puis effectuer un pas latéral arrière pour faire passer Uke derrière Tori et le projeter en posant le genou extérieur au sol.
    Misère ! La dernière fois, j’ai tarabusté Sébastien jusqu’à ce qu’il parvienne à faire une double rotation du bassin, ce qu’il s’efforce de faire alors que ce n’est pas l’objet de l’exercice ! Alors, pour lui faire plaisir, je propose cette application :

    Jyunte Dori : effectuer un Nagashi pied avant pour entraîner Uke, amplifier le mouvement de rotation de bassin pour accélérer le déplacement de Uke et le faire passer derrière Tori qui porte un Koshi Nage « flotté » : il reste droit, Uke s’enroule simplement autour de sa hanche sans « peser ». Sur la vidéo, Jeannot à tendance à se pencher pour porter un Koshi Nage « chargé ».

    Dosokute Dori : quand Uke avance pour saisir, Tori entre à 45°, ce qui déséquilibre Uke sur son pied avant et le fait tourner. Dans son déplacement, Uke se retrouve dans le dos de Tori et tente de le saisir en Ushiro Ryote. Tori continue son déplacement en posant le genou arrière au sol et en projetant ses bras vers l’avant. Sur la vidéo, on voit que Jeannot a bien perçu la sensation de Irimi alors que Guillaume s’efforce de créer un déséquilibre en tournant les épaules.

    光陰矢の如し 

    KôInYa No GoToShi.
    Le temps comme une flèche.

    C’est le Randori qui révèle les compétences acquises. Si l’intellect essaie de prendre le dessus au début et engendre beaucoup de maladresses, on constate que dès que le corps est libéré, les mouvements s’effectuent avec aisance et efficacité.

    Sans bruit, je monte...
    sans bruit, je descends les marches...
    partout, la poussière,
    la poussière du printemps
    m'enveloppe de son parfum.

    (Kaidan o oto naku nobori orite kuru haru no hokori no nioi no naka o)

    (階段 お 音 なく 上り 降りて 来る 春 の 誇り の 匂い の 中 お)

     

    青春の
    過ぎにし心
    苺食う

    seishun no
    suginishi kokoro
    ichigo kuu

    Printemps de
    ma vie dépassé
    je croque une fraise

     

    signature message 

    6e dan 2F3A 1991

    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

    mort-de-rire-copie-1.gif

    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

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