Bilan du cours du 20 avril 2016

On naît. On meurt. C'est mieux si entre les deux on a fait quelque chose. (Francis Bacon) 

Première journée de plein soleil, on aurait presque chaud si ce n’était qu’en avril on ne se découvre pas d’un fil ! Je me sens épuisé, mon énergie m’a quitté et pourtant, je prends la route du Dojo avec un espoir, celui que la magie du Tatami opère son effet...
Le parking est bondé, je me dirige vers mon stationnement de repli à moitié occupé. Qu’importe, il fait beau.
Stéphanie est déjà là tout sourire à l’entrée de son vestiaire. Mélanie m’a prévenu hier qu’elle est en formation à Paris et qu’elle serait en retard. Dommage, elle serait privée du bonheur de diriger l’échauffement.
Dans le nôtre, Jeannot et Kamel papotent. Jeannot est mal réveillé. Il me regarde comme si je surgissais d’une boite... il se demande même ce qu’il fait là, il ne se rappelait plus qu’il y avait cours. Consommerait-il des substances illicites ?
Survient Guillaume qui me prévient que Mélanie est coincée à la sortie de Paris dans les embouteillages.
Pas de nouvelle d’Harold depuis 1 mois. Jean-Charles qui avait fait une réapparition a cessé de donner signe de vie... Béatrice m’a prévenu qu’elle ne se sentait pas la force d’affronter les 50 ou 60 km qui la séparent du Dojo. Ils seront finalement 10.

On devient jeune à soixante ans. Malheureusement, c'est trop tard. (Pablo Picasso) 

Mes cours semblent difficiles. C’est en fait que je privilégie le fond sur la forme. Un mouvement sans sensation n’est que gesticulation. Mes capacités physiques limitées ne m’ont jamais permis de faire étalage de ma force. Même aux temps anciens où je testais mes talents dans les tournois de Judo, je ne remportais mes combats qu’en usant du Tai Sabaki et de la canalisation.
On me l'a jadis reproché et on a pu me préférer des personnages plus musclés.
Mes actuels disciples reconnaissent la difficulté de mon enseignement et trouvent passionnante la recherche d’une sensation qui change totalement la pratique.
D’accord, tout est relatif, ça ne vient qu’après des heures et des heures d’approche mais quand on est tout là-haut, qu’on domine le panorama, c’est si bon et si relaxant !

On naît. On meurt. C'est mieux si entre les deux on a fait quelque chose. (Francis Bacon) 

Je pars chaque soir en me promettant de donner un petit cours pépère et, ce soir, j’ai programmé une série de Wa no Seishin sur Ryote Dori, basée sur les sensations éprouvées dans la pratique de Oshi Kaeshi.
Je confie à Jeannot la charge de se réveiller en dirigeant l’échauffement qu’il devra donc conclure avec Oshi Kaeshi.
On peut pratiquer cet éducatif comme exercice de musculation : en ce cas, Uke se tient rigide comme une planche et Tori le repousse, le ramène à lui, le repousse...
Sinon, c’est un exercice de contrôle d’une poussée sur Ryote Dori : il peut se pratiquer sous forme statique avec un va et vient simultané des 2 partenaires ou en déplacement, Tori faisant reculer Uke à chaque poussée.

Oshi Kaeshi en musculation

Oshi Kaeshi en déplacement

Ce n'est pas d'un tête-à-tête ni d'un corps à corps, c'est d'un cœur à cœur que nous avons besoin. (Pierre Teilhard de Chardin) 

Oshi Kaeshi débouche sur un Wa no Seishin. Il s’agit d’une poussée, en entrant, complété par une traction en effectuant O Irimi ou plus simplement Henka après l’entrée. L’intérêt de Henka et de mettre l’accent sur l’action du bassin. Il ne s’agit pas de remplacer la poussée par la traction, les 2 s’additionnent.
Le positionnement des mains est fondamental. Tori place ses mains en supination pour contrôler la saisie. La main qui pousse suit la courbure intérieure du bras, la poussée finale impliquera le poignet, le coude de Uke comme si l’intention était de l’entrer dans l’épaule arrière pour le faire sortir par l’épaule avant : c’est en fait la trajectoire que doit suivre l’énergie développée par Tori. C’est le jeu de sa main sur le poignet de Uke qui permet d’obtenir cet effet.

Exercice privilégiant la poussée

La main extérieure se trouve fréquemment en pronation, paume au dessus du Tatami... elle ne produit aucune action, il suffit alors à Uke de la lâcher. Cette main doit se positionner paume vers le poignet, tranchant en poussée sur la main de Uke. La traction se fait jusqu’à la projection, soutenue pas la poussée de l’autre main. Les 2 mains de Tori montrent le chemin suivi par son énergie et, par le fait, la direction de la chute de Uke.

Exercice privilégiant la traction

Se donner du mal pour les petites choses, c’est parvenir aux grandes, avec le temps. (Samuel Beckett)

L’exercice suivant privilégie la traction. Nous avons déjà étudié ce type de déséquilibre le 24 février et  le 9 mars, notamment. Cette entrée provoque un déséquilibre très court de  Uke qui est alors projeté avec une légère poussée.
L’intérêt pour Tori est un important travail sur les jambes et une bonne perception de son propre équilibre.

Application avec Chidori

On devient jeune à soixante ans. Malheureusement, c'est trop tard. (Pablo Picasso) 

Tout ça ne fonctionne que si Uke exprime une intention, celle de saisir pour enchaîner un atémi, un coup de tête par exemple.
Jeannot vient vers moi sans intention particulière, sa saisie est pesante, je ne peux rien faire car, en fait, son bras se plie dès que j’amorce la poussée, je n'éprouve aucune sensation et je n’ai envie de rien faire. Ensuite, il vient me saisir en prolongeant sa saisie avec l'intention d’un coup de tête, je la balance sans difficulté.
Nous allons donc envisager ce problème du « bras mou ». La vidéo qui suit montre l’action produite par la poussée sur un bras tonique puis sur une tenue insuffisante : Uke n’assure pas sa saisie. On voit ainsi que la poussée de Tori s’effectue suivant la même direction dans les 2 cas : Bras tonique -> Wa no Seishin, bras mou ou saisie insuffisante -> Kubi Nage.
Attention, j’emploie Kubi Nage pour différencier la projection de celle d’un Koshi Nage. Je n’engage pas ma hanche, la projection est obtenue par la même action que celle utilisée pour le Wa no Seishin.

on voit bien que Guillaume et Jeannot entrent avec l’intention de porter Koshi Nage. J’insiste donc sur le fait que c’est simplement le mouvement de mon corps qui entraîne la projection. Je ne cherche pas à crocheter la tête de Uke, mon bras passe naturellement derrière sa tête dans la continuité de la poussée.


C’est compris, les projections sont fluides, les projections sont obtenues dans la continuité du mouvement

Les secrets les mieux gardés sont ceux qui jamais n'ont été demandés. (Jacques Prévert)

Randori final. Un groupe de 4 Yudansha et 2 groupes de 3 Kyu.  Consignes : 2 attaques successives de chaque Uke pendant lesquelles Tori essaie d’appliquer des techniques sur Ryote Dori en suivant les principes abordés ce soir puis changement de rôle.

Un bon Randori pour se débarrasser de ses derniers restes d'énergie

Ce qui est admirable, ce n'est pas que le champ des étoiles soit si vaste, c'est que l'homme l'ait mesuré. (Anatole France) 

Nous avons beaucoup sué. Au milieu du cours, j’ai senti mon visage ruisseler et mes jambes vaciller. J’ai connu un moment d’inquiétude d’autant que ma voix était mal assurée. En fait, nous étions tous en sueur.
Et Guillaume et Jeannot ont été bien aimables de m’accorder quelques minutes pour tourner les vidéos.
Dans le vestiaire, les sourires éclairaient les visages marqués par la fatigue. Guillaume se tourne vers moi et me dit : « C’était un cours difficile mais quel bon cours ! Comme tout paraît facile quand on a compris le sens de ce que l’on fait. »
Il n’a pas dit exactement ça mais c’est ce que j’en ai retenu et sa musique était très agréable pendant toute la durée du retour.

6^e dan 2F3A 1991

7^e dan FIAB 2011

2^e dan FKSR 1986

A.照り絵 / 七段 教士 

Oublie tes peines et pense à aimer

あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru