• Bilan du cours du 1er avril 2009

     

     

    Après avoir exploré depuis le début de la saison le concept selon lequel il est a priori possible de faire « tout sur tout », après avoir fait le tri des réponses pertinentes et observé ce qui semble fondamental ou variante, il convient de se reposer sur des bases théoriques délimitant un cadre cohérent.

    Je considère que la découverte d’un Art Martial doit d’abord être ludique : nous n’avons pas l’intention de former des G.I’s ni des Marines... Le débutant aura d’abord assez à faire en allant à la découverte de son propre corps, de ses aptitudes, de ses forces et de ses manques. Ensuite, il devra prendre conscience des sensations de son partenaire, avec leurs ressemblances et leurs différences. Tout ceci en effectuant ses premiers pas sur la Voie des Arts Martiaux, en allant à la découverte de techniques, d’un langage qui se situent à mille lieues de sa sphère de communication habituelle.

    Le côté ludique de l’apprentissage n’est pas antinomique d’une certaine rigueur, d’une programmation soigneusement dosée à l’aide desquelles le savoir se construit.

    Les bases théoriques que je propose se limitent à un simple exercice de classification tout à fait traditionnel :

    -         techniques extérieures ou intérieures

    -         saisie en pronation ou en supination

    -         entrée Irimi ou O Irimi en fonction de la garde choisie par rapport à celle de Uke

    -         armlock par-dessus ou par-dessous

    -         application de la technique en entrant (forme Irimi) ou en s’effaçant (forme Tenkan)

     

    La notion d’entrée intérieure ou extérieure se comprend en fonction du placement à l’entrée par rapport au bras de Uke. Les techniques sont classées en fonction de leur forme fondamentale sachant bien que des exceptions, des variantes sont possibles...

    Techniques extérieures : Kote Gaeshi, Yuki Chigae, Mukae Daoshi, Hachi Mawashi...

    Techniques intérieures : Shiho Nage, Tenbin Nage, Kote Kudaki, Hiji Kudaki, Robuse, Ura Ude Nage, Kataha Otoshi...

     

    Pourquoi se fatiguer avec des bases théoriques ? Ne suffit-il pas de pratiquer ? Notre Art ne sert pas à fabriquer des robots ou des acrobates. C’est le vecteur d’une culture que nous nous engageons à transmettre dès que nous avons pris l’engagement de continuer à progresser sur sa Voie.

    Un artiste ne se contente pas d’exprimer son Art : il le comprend, il sait ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Il ne vit pas enfermé dans son Art, il est en interaction avec son environnement, avec les autres formes d’Art qui se manifestent dans son Univers.

    L’Aïkibudo a atteint une forme d’Universalisme. Il s’est construit sur 3 grands Arts Martiaux Traditionnels qui sont eux-mêmes le produit de syncrétismes... dans la culture du Japon médiéval, bien étrangère à notre culture française du XXIème siècle !

    Ces Arts se sont construits de façon pragmatique, empirique puis de façon systématique. Les Maîtres fondateurs n’étaient ni des soudards ni des bretteurs. Ils possédaient une immense culture et un cerveau apte à effectuer des travaux d’analyse et de synthèse. Leur inclination philosophique leur a fourni l’habillage nécessaire à la constitution d’un Art complet et éducatif.

    Je prétends que notre Aïkibudo fait partie de ces grands Arts qui ont atteint une dimension universelle. C’est un Art moderne, un Art du XXIème siècle, adapté à la mentalité des humains de ce siècle et habillé de culture et de philosophie typiquement françaises, ce qui n’est pas la moindre de ses originalités.

    Bigre ! C’est tout ça que je voulais développer dans mon cours de ce 1er Avril ? Ce n’est même pas une blague et comme d’habitude je n’ai pas réalisé tout ce que j’avais prévu. Je finirai mon exposé théorique, et pratique, au prochain cours...

    Et les élèves de Saint Léger ? Quel taux de migraine avaient-ils atteint à la fin du cours ? À priori, le sourire semblait encore généralisé. Pronation, supination, ça pourrait bien en avoir agacé quelques-uns. Non pas parce que ça leur a semblé difficile, au contraire, ces notions ont été comprises. Intellectuellement. Mais le corps, lui, continue à faire ce qu’il a appris. Quoi de plus agaçant que de savoir ce qu’il faut faire et de constater que son corps répond à un conditionnement ?

    Ça permet de comprendre que notre but est de devenir assez libres pour nous adapter, devenir aptes à répondre à toute sollicitation même inhabituelle de façon adaptée mais non pas conditionnée. Un petit bagage théorique n’est peut-être pas inutile pour y parvenir.


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