• Bilan du cours du 19 janvier 2011

     

    Toutes les souffrances peuvent s'oublier si la peine est partagée par des amis et que l'amitié la console. (proverbe)

    Je ne peux pas dire que j’attendais ce cours sans appréhension. Je suis un peu embrumé, un peu étourdi depuis ce vendredi matin... Comme me dit Christophe : « Contentons-nous d’être hommes... » et, en tant qu’homme, je ne suis que ce qu’a fait de moi mon histoire, c’est elle qui donne la tonalité à mes cours.
    Quand je pars de chez moi, vers 17 h 45, la tonalité est au gris clair, comme ces lointains photographiés sous une légère brume. Pour être un peu plus clair, je n’ai rien préparé, je suis dans le flou, je dirai à mes élèves, après le salut : « Mes bons amis, je n’ai rien préparé, que souhaitez-vous travailler ? Si vous le souhaitez, je peux rentrer chez moi. »

    Bilan du cours du 19 janvier 2011

    Je suis parti un peu plus tard que d’habitude car je ne me sens pas en état de travailler les katas de Kobudo. J’ai laissé mon bokken à sa place.
    Pour la peine, je tombe en plein dans les embouteillages, ce qui a le don de m’exaspérer. Je formule quelques propos malsonnants qui ont le don de me sortir de ma rêvasserie et de me faire sourire. J’ai parfois un tempérament rabelaisien.
    Quand j’arrive au dojo, Pierre, Jeannot et Jocelyne sont déjà sur le tatami. Pierre et Jeannot se livrent à des exercices plutôt ésotériques avec leur bokken tandis que Jojo les observe, perplexe.
    À 19 h, le cours peut commencer. Sont présents onze Yudansha, dont trois 4e dan, et deux Kyu, le grand Stéphane qui, lui aussi, a progressé de façon spectaculaire et Sylvain.
    Je les observe en savourant la chance que j’ai de les voir sur mon tatami. Je dois prendre mon temps à apprécier ce bonheur car Pierre me suggère que ce serait une bonne idée de commencer le cours.
    Je redescends sur le tatami et nous nous mettons en place pour le salut.

    Je suis toujours en quête d'un bonheur inaccessible car j'ai sans aucun doute mis la barre trop haut. Peu importe puisque ce sont les rêves qui me font bien vivre.  (auteur inconnu)

    Quand mes idées sont à sec, quand mon énergie renâcle à se manifester, je propose un échauffement tout simple, sous forme de randori Te Hodoki. Pour commencer, je suggère qu’il soit fluide et souple puis, au fur et à mesure que les formes deviennent plus précises, je demande des saisies plus fermes, des dégagements mobilisant plus de force.
    Les corps semblent chauds. Nous finissons cette première phase avec Nigiri Kaeshi. Cet éducatif est une bonne transition entre le Te Hodoki et la forme technique.
    L’échauffement a atteint le niveau où il devient possible de libérer le corps sans risquer de se blesser. Je vais tester le niveau de maîtrise des roulades et autres chutes. Ceux qui se sont heurtés à quelques difficultés la dernière fois ont un sourire en coin.
    Roulades avant alternées droite et gauche, souples et silencieuses. Roulades arrière enchaînées. Enchaînements roulade avant / roulades arrière... Jeannot soupire.
    Je fais venir au centre ceux qui éprouvent des difficultés. La plupart du temps, elles sont dues à la direction du regard. La tête, mal positionnée, place le corps à contresens, la rotation ne se fait plus...
    Ensuite, j’insiste sur l’utilité du brise chute et la position de réception dans la chute dite « plaquée ». En chute avant, le brise chute permet de se relever si la jambe avant, tendue, est bien positionnée.
    La chute vraiment « plaquée » est latérale, rien à voir avec notre Yoko Ukemi, spécifique à notre École. L’entraînement se fait à deux, celui qui chute est soigneusement retenu par un partenaire.

    Sur les ailes du Temps, la tristesse s'envole. (Jean de La Fontaine)

    Pour finir le travail sur les roulades et les chutes, je propose une série d’éducatifs issus des sensations de Nigiri Kaeshi.

    - garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

    Uke attaque en Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant une rotation des hanches. Sa main descend en supination, remonte en pronation puis redescend pendant qu’il avance la jambe homologue à la main saisie. Uke est projeté dans l’axe de son attaque.

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     - garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

    Uke attaque Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant une rotation des hanches. Sa main descend en supination, remonte en pronation pendant que les hanches tournent en sens inverse puis redescend pour projeter Uke sur son arrière.

    - garde inversée (Gyaku Hanmi no Kamae) :

    Uke attaque Ryote Dori. Tori se laisse saisir tout en effectuant Nagashi pied avant. Puis il effectue un Nagashi pied arrière en faisant passer Uke derrière son dos. Il le projette en posant au sol le genou homologue à la main saisie.

     

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    Si tu pleures trop parce que tu as perdu ton soleil, tes larmes t'empêcheront de voir les étoiles. (proverbe)

    Je vais broder la suite de mon cours sur le thème de Koshi Nage. C’est une extension de l’éducatif précédent. Il suffit de rester debout et de tourner un peu plus...
    Un peu plus... Je dis souvent à mes élèves qui se désolent parce qu’ils ne parviennent pas à réaliser le mouvement que je viens de démontrer et qui leur paraît si simple, si évident : « Va un peu plus loin, accentue un peu plus ta traction, tourne un peu plus, effectue un Tai Sabaki un peu plus ample... ».
    Un peu plus... Une belle technique, sophistiquée, alambiquée (?) n’est qu’une technique élémentaire qu’on n’a pas pu appliquer avec toute la simplicité souhaitée... alors, on en a fait un peu plus.
    Deux formules vont se présenter :

    - une forme académique, proche du Kata, d’une démonstration « de prestige »
    - une forme dynamique que je préconiserais au cours d’un randori

    Lorsque tu as du chagrin, hâte-toi de pleurer car la peine ne se conserve pas.

    En fait, je faisais tranquillement ma démonstration avec Guillaume. Guillaume attaquait, je canalisais et je portais la technique telle qu’elle se présentait.
    Curieusement, Jaâfar ne posait aucune question. Était-il morose, voire distant ? C’est donc Ludo qui a pris le relais en me demandant une précision technique... Diable, si je sais comment je fais ! Heureusement, mon esprit analytique et rationnel a repris la main. « Dépenser un minimum d’énergie pour obtenir un maximum d’efficacité... avec un souci d’esthétique, d’élégance... c’est l’esprit de l’Aïkibudo... ».
    Ludo m’a demandé si je devais porter Koshi Nage pieds écartés ou pieds joints. En fait, mon souci est de préserver mes précieuses vertèbres lombaires qui me concèdent une tranquillité relative au vu de ce que je leur impose à chaque cours. Elles me font bien quelques reproches le lendemain mais elles ne sont pas trop rancunières et me laissent généralement en paix dès la fin de la semaine.
    Dans le premier scénario, j’ai affaire à un seul adversaire. À partir du moment où j’ai fixé Uke, j’ai le temps (relatif) de me placer, de rapprocher mes talons et d’enlever Uke dans une projection qui se déroule dans un plan vertical. C’est un Koshi nage stricto sensu.

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    Dans le second scénario, je suis en situation de randori contre plusieurs adversaires. Je n’ai pas le temps de me placer conformément au Kata, j’enroule Uke autour de mes hanches dans un plan oblique, proche de l’horizontale, pour dégager rapidement mon champ d’action. Peu importe si mes pieds sont écartés, aucune pression ne s’exerce verticalement sur mes lombaires.

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     Mélanie est légère et se confronte à de robustes partenaires. La charge supportée est nocive pour son jeune squelette et il lui manque un peu de puissance pour exécuter la seconde forme. Il lui est toutefois possible d’effectuer l’entrée puis de l’amplifier à l’aide d’un Tsugi Ashi, ce qui provoque un déséquilibre avant suffisant pour faire chuter Uke.

     

     J’offre un petit moment de décontraction en proposant Uma Dôshi... qui n’est appliqué qu’en technique « d’accompagnement » qu’on pourrait apparenter aux Hikitate Waza mais point trop n’en faut... ce n’est qu’anecdotique !

    Bilan du cours du 19 janvier 2011

     La mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens. (Léo Ferré)

    En conclusion de ce travail, je propose deux techniques s’adaptant particulièrement à la double saisie de Uke.

    - Juji Garami : les points clés reposent sur l’extension des bras de Uke de façon d’une part à le déséquilibrer vers le sol, d’autre part à permettre de porter la clé. Entrer comme pour effectuer le second éducatif. La main saisie reprend le poignet « Dosokute Dori » et le tire vers le sol. L’autre main saisit le poignet « Jyunte Dori » par dessous, le tire horizontalement de façon à placer les bras de Uke en croix. Tori avance la jambe intérieure en portant la clé qui contraint Uke à chuter.

     

     - Shiho Nage : les bras de Uke se retrouvent entrecroisés sur son visage. Entrer Shiho Nage sur le bras « Dosokute Dori », reprendre le second bras par-dessus, conclure en gardant les bras croisés.

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    Ces techniques ne posent guère d’autres problèmes particuliers que ceux dus à une traction insuffisante des bras de Uke.

    Les pleurs des vieillards sont aussi terribles que ceux des enfants sont naturels.  (Honoré de Balzac)

    Deux volontaires, je n’ai pas eu le temps de les désigner d’office, Ludo et Mélanie, viennent au centre présenter les éducatifs et les techniques étudiés ce soir.
    Les formes sont en général assez justes, le sens du mouvement est perçu. Les progrès sont spectaculaires, je me plais à le répéter. Garde, entrée, déséquilibre, projection, tout est là. Il n’y a guère de mise en danger de soi-même, d’opportunité de Kaeshi Waza en renversement à ce niveau de la progression et du degré d’exigence auquel je peux prétendre.
    Le randori est traditionnellement vécu comme une sorte de ré-création, il est devenu depuis quelque temps une véritable re-création ! Même au cours d’une activité ludique, mes Yudansha sont vigilants et cherchent à mettre en pratique les conseils que j’ai dispensés. Que peut demander de plus un vieux Maître ?

    La tristesse est un mur élevé entre deux jardins. (Khalil Gibran)

    Ce soir, champagne ! Que fête-t-on ? Rien de particulier, sinon que nous allons manger la galette des rois, ce qui était prévu il y a 2 semaines mais que nous n’avons pu faire à cause des intempéries qui ont dissuadé de se déplacer la plupart des fidèles de ce cours. J’ai dérogé à mes habitudes et j’ai volontiers trinqué avec le vin pétillant.
    Le pratique de notre Art génère un bien-être qui germe puis fleurit tout au long du cours. À la fin d’un cours où les échanges ont été généreux, nous ressentons un profond sentiment d’amitié qui ne s’exprime pas par des mots mais plutôt par des sourires qui flottent sur les visages, par des yeux qui brillent à l’évocation de souvenirs encore tout chauds...

    Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l'écrire. (Jacques Derrida)

    J’avais pioché un tas de citations et de proverbes choisis en fonction de mon humeur du moment et je ne savais pas trop comment les tisser dans la trame de mon récit.
    Je me suis monté un petit scénario sur le thème de l’amitié, ce n’est pas trop difficile, et j’ai essayé de les classer selon une gradation « dramatique », je les ai disposés en titres de chapitres, j’ai ajouté quelques images pour faire joli, quelques clips pour faire jaser  les pisse-froid et leur donner du fiel à moudre, le tout saupoudré de ce qu’il faut d’autodérision pour éviter que le cœur ne se dessèche à trop se prendre au sérieux et ne pas se laisser aller à se lamenter sur son triste sort.

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