• Bilan du cours du 11 mars 2009

     

     

    Comme c’est devenu une habitude, ce cours s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle il doit être possible de faire n’importe quelle technique sur n’importe quelle attaque, étant considéré comme évident que certaines réponses apportées seront plus pertinentes que d’autres.

    D’autre part, les techniques sont systématiquement classées en extérieures ou intérieures, en fonction de l’entrée, cette notion se définissant en fonction de la position de Tori par rapport au bras de Uke au moment de l’entrée.

    Ce classement n’est pas absolu, ce n’est pas un dogme : nous avons vu qu’il est possible de placer Kote Gaeshi, technique extérieure, sur Omote Yokomen Uchi et Shiho Nage, technique intérieure, sur Ura Yokomen Uchi...

    Dernier élément qui conditionne la technique opportune : la position de la main qui saisit soit en pronation soit en supination. Ainsi, Kote Gaeshi répond à extérieur et pronation. Shiho Nage répond à intérieur et supination. Ouf ! Certains commencent à éprouver une petite migraine qui risque de s’amplifier par la suite puisque nous allons explorer les possibilités d’application de Yuki Chigae qui introduit une notion supplémentaire : la symétrie.

    Yuki Chigae est une technique extérieure, Tori saisit avec la main en supination. Si Uke change de côté d’attaque mais que Tori répond de la même façon que précédemment, il peut placer Shiho Nage... Vous suivez ? Ça commence à taper sous la voûte  crânienne ? Résistez encore un peu.

     

    Pour échauffer les neurones (le neurone, pour certains, s’il faut les en croire) après avoir terminé l’échauffement musculaire, nous revoyons Kote Gaeshi et Shiho Nage sur Jyunte Dori en distance Chika Ma. Quand une technique est connue, appliquée convenablement, il devient possible de soulever une nouvelle difficulté, de travailler une nouvelle compétence de façon à atteindre un nouveau pallier. Ce travail préparatoire est l’occasion d’appliquer la sensation de Tai Sabaki sur place en travaillant la mobilité des hanches.

     

    Ensuite, nous passons à l’étude de Yuki Chigae.

     

    Jyunte Dori. Le dégagement place Tori à l’extérieur du bras de Uke. La reprise de la main en supination et le passage sous le bras (Yuki Chigae peut se traduire par « se croiser en route sans se rencontrer ») permettent de placer un Yuki Chigae sommaire. Reste à appliquer les points clés : se mettre en sécurité, déséquilibrer, contrôler (Yuki Chigae fait partie des Hikitate Waza, les techniques de contrôle debout).

     

    -        déplacement latéral pour éloigner l’épaule correspondant au bras libre donc dangereux

    -        monter le coude au-dessus de l’épaule de façon à empêcher Uke de tourner sur lui-même (opportunité de Kaeshi Waza en renversement)

    -        contrôle de la main pouce sur pouce, petit doigt sur petit doigt, la main libre (bras extérieur) contrôle les doigts de Uke et fixe un axe coude/doigts

    -        placement du bras de Uke dans « l’axe de la couture du kimono » et rotation de la main saisie vers l’intérieur (l’index haut vise l’œil de Uke...)

     

    Yuki Chigae se conclut, pour les débutants ou au début du cours, avec une projection sur l’arrière.

     

    Si au lieu de me dégager comme dans le Te Hodoki de base, je m’écarte en oblique arrière en tirant la main de Uke paume vers le sol, je peux la reprendre de ma main libre en supination, pouce sur pouce, petit doigt sur petit doigt, effectuer une rotation vers l’intérieur : opportunité de Kote Kudaki, Robuse... Et si ma main dégagée vient prendre le relais  de l’autre (sans rupture de la saisie) qui, ensuite, vient contrôler les doigts de Uke, j’obtiens... Yuki Chigae. Ce n’est pas une entrée fondamentale, mais c’est possible. De plus, si je prolonge mon action en spirale sur le poignet, je fais plonger Uke vers l’avant : possibilité de chute avant ou d’immobilisation. Pas besoin de description complète, vous trouverez vous-mêmes en pratiquant.

    Variante : j’entre à l’intérieur en menaçant le visage de Uke. Mon bras continue son mouvement circulaire et vient saisir la main de Uke en pronation, pouce sur pouce, petit doigt sur petit doigt... N’oubliez pas de veiller constamment à votre sécurité.

    Et ça vous dirait, un petit Kaeshi Waza en enchaînement ? Je place donc Kote Kudaki. Quand la clé est verrouillée, l’ensemble bras, avant-bras, poignet de Uke forme un Z et mon coude exerce une pression sur son coude pour le diriger vers le sol. J’accentue cette pression en l’accompagnant de pas glissés latéraux qui le contraignent à s’agenouiller. Je bascule son coude vers le haut en exerçant une traction du poignet vers l’avant pour l’amener à plat ventre. C’est là que commence le jeu du chat et de la souris... Ma main libre vient prendre le relais de l’autre, en supination, pouce sur pouce, petit doigt sur petit doigt, je pousse le bras vers l’avant de sorte que le coude dépasse l’épaule : Yuki Chigae au sol ! Une petite accentuation de la clé permet de contraindre le bras de Uke à monter à la verticale, ce qui l’oblige à se relever sur la pointe des pieds... Un petit lancer vers l’avant le fait basculer, une traction latérale amène le coude au niveau de ma hanche, une petite poussée  accompagnée d’une accentuation de la clé le conduit à plat ventre... Immobilisation ou prolongation du jeu du chat et de la souris, tout dépend de votre humeur.

     

    Gyakute Dori. Au moment où Uke tente de l’emmener, Tori déplace son poids sur la jambe arrière pour éviter d’être déséquilibré puis pivote pour porter Mawashi Geri (à ce propos, qui pratique encore le Keri Goho ? Le niveau de pratique des coups de pied, de Mawashi Geri en particulier, est largement en retrait du niveau... débutant !) . Simultanément, sa main libre vient percuter le poignet de Uke. Deux opportunités se présentent :

    -        utiliser le mouvement induit par Mawashi Geri pour passer sous le bras de Uke puis placer Yuki Chigae

    -        percuter en pronation le dessus de la main de Uke pour dégager la main saisie, continuer comme pour placer Ura Ude Nage et enchaîner Yuki Chigae

     

    Dosokute Dori. Pas latéral sur l’extérieur pour déstabiliser Uke latéralement. Petite rotation du poignet comme pour porter Kote Kudaki, reprendre le tranchant de la main de Uke, l’autre main vient se placer en appui côté pouce : se place ainsi un demi Yuki Chigae. C’est peut-être l’occasion de contrôler les compétences en Yoko Ukemi.

     

    Ushiro Eri Dori. A priori, je suppose que je suis saisi de la main droite. J’avance la jambe droite en tirant mes deux revers pour bloquer les doigts de Uke contre ma nuque. Je passe sous le bras de Uke avec un grand Nagashi pied avant. Je contrôle la main de Uke avec ma tête et je saisis sa main avec ma main gauche en supination. La main droite vient prendre sa place. Immobilisation. Projection avant, projection arrière, au choix...

     

    Deux heures sont vite passées. La migraine naissante a laissé place à un sourire permanent. On apprend aussi en jouant. Regardez les canidés qui jouent quasiment jusqu’à leur dernier souffle... Quels combattants ! Nous ne sommes pas des canidés, les humains ont besoin d’être régulièrement recadrés mais trop de rigueur crée des robots ! Notre Art a pour but de nous libérer, pas de nous enfermer.

     

    Pas de fiche technique, pas de considérations pédagogiques, je me suis contenté de décrire le déroulement d’un cours. En ce qui concerne les considérations et digressions « philosophiques », elles font partie du jeu : à ne pas prendre au sérieux mais à étudier sérieusement...

     

    Bilan du cours du 11 mars 2009
    Une spectaculaire application de Yuki Chigae :

    observez bien, ça va vite.

    Je suis d’accord avec vous, c’est une belle animation,

    encore un domaine où j’ai un certain talent.




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