• À propos de vidéos

     

    Avoir des amis dont vous aimez qu'ils soient comme vous est une forme de narcissisme. (Norman Douglas)

    Après avoir rédigé le bilan de mon cours du  8 décembre, j’ai inséré des vidéos pour illustrer le déroulement la séance. Bonne ou mauvaise idée ? Tout comme les photos qui ont pris une place de plus en plus importante depuis quelques mois... Bonne ou mauvaise idée ?
    S’agit-il d’un accès de narcissisme ? Probablement, mais pas pire que l’idée d’ouvrir un blog et d’y raconter mes histoires.
    Dans le doute, j’ai demandé son avis à mon vieil ami Alain qui m’a répondu que l’idée était excellente mais que « plus qu'aucune autre technique, la vidéo doit être irréprochable, indiscutable.»
    Il a jouté qu’ « il n'y aura(it) pas que des gens de bonne compagnie qui spontanément auront compris l'objectif. Le danger, ce sont les autres. Il y aura toujours de fâcheux pointilleux emmerdeurs qui iront chercher la petite bête toujours au-delà de ce que tu auras voulu simplement illustrer.  »
    J’accepte la critique sous condition qu’elle me soit favorable. Sinon, même s’il ne s’y glisse que des réserves, ça me fait râler ! Alors, j’ai pensé rétorquer : « Irréprochable ! Tu t’es regardé ? » ... puis j’ai médité cette évidence : « Le danger, ce sont les autres. »

    Choisis tes ennemis ; mais laisse les amis te choisir. (André Gide)

    Quels autres ? À qui mes articles sont-ils destinés ? Certes, être lu par des milliers de visiteurs me flatterait au plus haut degré. Encore que...
    J’ai toujours rêvé de publier un journal. Jadis, disciple de Célestin Freinet, j’avais créé un journal scolaire entièrement réalisé par mes élèves, composé à la main avec des caractères en plomb, illustré à la linogravure et imprimé feuille à feuille, au rouleau, avec de l’encre en tube. Plus tard, j’ai lancé une revue municipale dactylographiée sur stencils et tirée à la ronéo... J’ai livré mes élucubrations à la revue de la FFAK puis à la Lettre du Cera avant d’apporter quelques contributions à la revue fédérale...

    Aux vrais amis tout est commun. (Euripide)

    J’ai vraiment concrétisé mes aspirations quand la technologie du blog s’est popularisée. J’ai conçu le mien comme un album de souvenirs destiné à mes amis ou, pour ne pas galvauder ce mot, à tous ceux avec qui je me sens en sympathie.
    Par le fait du hasard de requêtes sur Google, quelques uns de mes articles ont été lus par des centaines de lecteurs... certains passent rapidement, ça ne correspond pas à leur recherche, d’autres, curieux, vont picorer dans le sommaire. Et d’autres, encore, pour de multiples raisons, rejettent les contenus, textes ou images, y puisent des arguments pour dénigrer notre Art ou ses cadres ou, plus bêtement, votre serviteur... qui n’en a rien à cirer.

    Des amis et des livres, ayez-en peu, mais bons. (proverbe espagnol)

    La générosité de « disciples » à qui j’ai consacré un peu de mon temps l’an dernier m’a permis d’acquérir un objet dont je rêvais depuis... l’âge de 10 ans ! Je rêvais de cinéma. Je rêvais d’une caméra. À l’époque, on ne connaissait que le format double 8 mm. L’excellent 9,5 mm avait disparu. Le 16 mm était réservé aux gens très fortunés. J’avais imaginé l’objet idéal, en forme de rasoir électrique (Philips venait de sortir le Philishave à 2 têtes) dans lequel une sorte de petit cube enregistreur aurait remplacé la bobine de pellicule.

    Philishave

     Puis est apparu le format super 8. J’ai enfin acheté ma caméra, l’équivalent d’un mois de salaire : une Bauer D3, en 1968, pour immortaliser l’évolution de ma petite fille née le 6 janvier puis de mon petit garçon né le 22 mars de l’année suivante.
    Les cartouches super 8 étaient coûteuses et, n'offrant que 2 mn 30 s d'autonomie, il fallait les utiliser avec parcimonie. Pas question de filmer au hasard, il fallait anticiper... J’ai tourné mes dernières séquences aux sports d’hiver, à la fin des années 70.
    Visionner les images était une véritable entreprise.  Il fallait d’abord mettre bout à bout les bobines de 15 m à l’aide d’une colleuse soit en taillant les 2 extrémités en biseau pour les encoller soit, plus simplement, en les raccordant avec un adhésif. Les films étaient montés sur des bobines de 90 m. Ensuite, il fallait louer un projecteur et un écran... Vive le DVD ! J’ai ainsi quelques bobines de souvenirs qui attendent d’être converties (ressuscitées...) en numérique et d’être de nouveau partagées.

    bauer J’ai renoncé au cinéma pendant de nombreuses années. Les premiers caméscopes étaient lourds et encombrants, très chers et les vidéos de qualité bien inférieure au super 8 même si le passage du VHS au HI8 avait considérablement fait évoluer la qualité de l’image. La cassette n’était pas d’un usage aisé et rendait le montage très complexe.
    Enfin  sont apparus les premiers caméscopes numériques à carte mémoire puis à image HD, de plus en plus compacts mais à un prix toujours aussi prohibitif.
    À la rentrée de septembre, en visite à la FNAC, au rayon photo/vidéo, je vois un joli petit objet noir, de la taille de mon antique Philishave à 2 têtes, capable d’enregistrer des films en HD sur cartes mémoires et d’obtenir d’excellentes photos. Le tout à un prix très, très abordable... au point que j’ai cru qu’il manquait un 0 à la fin !

    xacti C‘est ainsi qu’un rêve vieux de 60 ans s’est concrétisé.  J’ai « shooté » tous azimuts, je n’avais plus à craindre de gaspiller de la pellicule. La seule limite est la capacité de la carte mémoire et la durée de la batterie. Après avoir exploré les capacités de mon jouet, j’ai réfléchi à l’usage d’un si bel outil. Le lien avec mon activité essentielle, enseigner l’Aïkibudo, écrire à propos de l’Aïkibudo, raconter l’Aïkibudo, fut une évidence. Et je boucle la boucle : à qui mes articles sont-ils destinés ?

    Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche. (Michel Audiard)
    Quand j’ai mis mon premier article en ligne le 2 décembre 2005, le calendrier de mes interventions et le projet pédagogique de la saison, je ne m’adressais qu’à mes élèves. Je mettais à leur disposition la fiche technique du cours et mes commentaires. Plus tard, toujours à leur intention, j’ai raconté quelques anecdotes, quelques points de notre histoire.
    Il advint donc que mon blog fut assez vite référencé sur Google et reçut des visites quotidiennes. L’intérêt de mes publications dépassa le cadre intime de mes proches et atteignit une dimension... internationale, l’Aïkibudo est de renommée planétaire et le plus modeste blog consacré à notre Art est susceptible d’être visité aux antipodes !
    Je continue à rédiger mes articles pour les élèves qui ont suivi mes cours et les lecteurs assidus qui y participent par procuration. La fiche pédagogique austère a laissé place à un récit agrémenté de citations, de délires philosophiques, de photos... C’est un peu comme les projections de diapos, je pense que ça n’intéresse que ceux qui ont vécu les événements rapportés !
    Alors, quand j’ai confié mon caméscope à Pierre pour qu’il filme mes démonstrations, c’était pour fournir aux participants à mes cours un support complémentaire. En fait, ça me procure une surcharge de travail... je ne me plains pas, j’adore ça, mais quand il m’arrive de ne mettre mon compte-rendu en ligne que le samedi, je reçois des reproches du type : « Il t’en a fallu du temps, cette semaine, pour publier ton article ! ».

    Choisis bien tes mots, car ce sont eux qui créent le monde qui t'entoure. (Pensée Navajo)

    Rédiger le texte me prend 2 jours : rédaction du premier jet le jeudi, choix des citations en fonction de l’ambiance du cours et des touches d’humour dont je veux teinter mon récit pour ne pas sombrer dans la rédaction d’un rapport. Lente maturation jusqu’à la relecture et la réécriture le vendredi.  Choix des photos, traitées, recadrées et mises au format de la publication.
    Je visionne les vidéos, 20 à 30 minutes d’images dont il faut que j’extraie des clips d’une durée de quelques dizaines de secondes chacun et des photos. L’image 16/9 au format natif MP4 occupe quasiment la surface de mon écran 17,3"... Et encore, j’ai renoncé au full HD pour ces reportages !
    Je réduis les images au format 400x224 à l’aide d’un excellent petit logiciel, SUPER, qui les convertit ensuite en MP2 ce qui me permet de réaliser le clip avec VIRTUALDUB. J’essaie de sélectionner les images au mieux : début et fin comportant si possible une posture de garde, pas de coupe au milieu d’un commentaire, traitement éventuel de la luminosité car les séquences sont tournées sans éclairage d’appoint... mon jouet n’est pas pourvu d’une torche.
    Le clip définitif, exporté au format AVI est à son tour converti, avec SUPER, au format FLV, beaucoup plus léger, puis téléchargé dans ma bibliothèque de vidéos, gérée par WAT.
    Enfin, mise en page sur l’éditeur d’Over-Blog, tests de prévisualisation, relecture, chasse aux fautes de frappe, publication, gestion du sommaire et de la page d’accueil. C’est parti. Il n’y a plus qu’à attendre les critiques. Les premières vidéos semblent avoir été appréciées si j’en crois les commentaires du « bilan du 8 décembre ».
    Philippe m’a écrit : « Cher Sensei; quelle bonne idée de mettre en ligne la vidéo : je peux vous redemander à souhait(s) la démonstration et ce sans aucune fatigue. »
    Depuis, elles font partie de la narration. Pour moi, elles ne sont que ce qu’elles sont : une illustration du cours, un clin d’œil, souvenir destiné à ceux qui ont vécu le cours. L’explication est sommaire ou inaudible ? Un talon se lève un peu trop ici, je ne me remets pas en garde après la projection mais je me tourne vers l’objectif ? C’est une séquence saisie en direct, pas une démonstration de prestige à Bercy !

    Ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité. (Montaigne)

    Alors, qu’en est-il de ces «fâcheux pointilleux emmerdeurs qui iront chercher la petite bête toujours au-delà de ce que (j’aurai) voulu simplement illustrer » ?
    Primo, je ne publie pas pour eux. Secundo, s’ils n’ont aucune raison d’apprécier mes publications, ils n’ont aucune raison de les lire. Ainsi de cet « ami » qui aurait dit que ce que j’enseigne : « ce n’est pas de l’Aïkibudo, c’est de l’Aïkido » avec, je pense, l’intention de stigmatiser l’inefficacité de ma technique... Ce qui, par ailleurs, n’est pas gentil en ce qui concerne notre discipline cousine ! Bref, cet « ami », qui par ailleurs usait encore le fond de ses culottes courtes sur les bancs de la maternelle quand je marquais mes premiers (et derniers...) « ippon » sur les tatamis, pourquoi viendrait-il visionner mes clips, à moins qu’il n’ait un doute sur son jugement péremptoire et n’espère après tout apprendre quelque chose, sait-on jamais ?

    Dieu me garde de mes amis ; mes ennemis, je m'en charge. (Antigone II roi de Macédoine)

    En fait, c’est dans un article publié le 30  janvier 2007, Non-résistance et non-violence, que j’ai pour la première fois utilisé des vidéos pour illustrer le fil conducteur d’une pensée hautement philosophique ! Les séquences avaient été filmées par un spectateur avec son APN*... J’avais effectué les montages avec Windows Movie Maker.
    Au mois de mai dernier, j’ai inclus dans mon reportage sur Lembrun mai 2010 2 clips APN* parce que j’avais envie de faire savoir que mon petit-fils était peut-être une graine de champion de Judo...
    J’avais presque fini de rédiger ce texte. C’était le 12 ou le 13 janvier... Betty n’avait déjà plus la force de combattre pour survivre malgré tout l’amour qu’elle nous portait et que nous lui rendions...  Le vendredi matin, j’ai senti mon cœur se déchirer....
    Xavier m’a dit, au téléphone : « C’est bien, les vidéos, Maître, il faut continuer à en mettre. Comme ça, on a l’impression de participer aux cours ! »
    J’ai donc repris ce dernier article et, pour l’illustrer, j’ai fouillé dans les rushes en quête d’une  séquence originale... Je cherchais quelques inédits d’Aïkibudo quand j’ai retrouvé les rares images animées que je possède de Betty, filmées en automne, pendant une de ses périodes de rémission qui nous ont fait naître tant d’espoir. Ses bons yeux, ses beaux yeux me parlent... Je sens sa bonne odeur de bon chien... Mes doigts s’entrecroisent dans la douceur de son pelage... J’ai choisi cette courte scène très intime que je lui dédie et que j’offre à ceux qui partagent l’amour de notre Art avec celui d’un bon toutou.

     

     La mélancolie
    C'est un chat perdu
    Qu'on croit retrouvé
    C'est un chien de plus
    Dans le monde qu'on sait
    C'est un nom de rue
    Où l'on va jamais

    (Léo Ferré)

     

    *APN : appareil photo numérique

     

     
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