• 76 balais : évolution et changement

     

    Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. (Charles Darwin)

    Les vieux Budoka ont-ils été des gens ordinaires ? Ont-ils eu des aspirations particulières ? Leur carrière est-elle le fait d’un déterminisme, de choix successifs ou de contingences, d’événements dus au hasard ?

    La chenille devient papillon, le cochon devient saucisson, c'est une grande loi de la nature.  (François Cavanna)

    Évolution et changement

    Une vie toute simple exprimée en quelques visages

     
    Je n'évolue pas, je suis. Il n'y a, en art, ni passé, ni futur. L'art qui n'est pas dans le présent ne sera jamais. (Pablo Picasso)

    Évolution et changement

    Alors que s’achevait l’automne de ma vie et que se profilaient sur mes tempes les frimas de son hiver, je me suis replongé encore et toujours dans mes rêves d’enfance et les attentes de mon adolescence me sont remontées en pleine face.


    Au fil du temps, mes œuvres me paraissent de plus en plus étrangères. Sans doute leur propre évolution est-elle la preuve tangible et indubitable de ma vie. (Kiju Yoshida)

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    J’ai 3 ans. Je rêve d’un monde où les garçons ne jouent pas au soldat et où on ne me prendra plus pour une petite fille aux boucles blondes (en bas, 2ème à gauche) ! Je déteste déjà les uniformes et les croyances toutes faites. Je préfère la compagnie des filles à celle des guerriers. On ne dit pas encore : « Faites l’amour, pas la guerre... » ! À 4 ans, je n’ai peur de rien. Je cours très vite, plus vite que mes concurrents de 6, 8 ou 10 ans... et puis je suis soudain victime d’une maladie bénigne de nos jours mais parfois mortelle à l’époque : les crises d’acétone. Quand je suis guéri... je ne sais plus marcher ! Je dois réapprendre à marcher ! Quant à courir... je n’en retrouverai le goût et le besoin que près d’un demi-siècle plus tard.


    Évolution et changement

    Évolution et changement

    J’ai 5 ans. Je rêve d’un monde sauvage. J’ai appris à lire dans la première BD d’après-guerre, Tarzan, et je me suis fait couper les cheveux. Je suis le « garçon d’honneur » de Miss Foucarmont. Je fais la tête parce que mes oncles m’ont fait croire que j’étais marié avec la demoiselle d’honneur. Je rêvais d’aller à l’école, pour avoir des amis, pour découvrir, pour être étonné... L’école m’a déçu, elle n’a rien à m’apprendre et les autres écoliers ne partagent pas mes rêves. Mes maîtres seront Mandrake le roi de la magie et le Fantôme du Bengale, je suis amoureux de Loana (qu’on appellera plus tard Sheena...) la reine de la jungle ! Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    J’ai 8 ans. Je rêve de cape et d’épée.  Un héros en collant vert vient de jaillir de nos écrans (bien qu’il ait été incarné par Errol Flynn en 1938). Robin des Bois manie l’arc, l’épée et le bâton avec virtuosité. Je fabrique des arcs, des flèches et des épées, je me taille de bâtons, je me bats à la règle à la sortie de l’école... Je découvre Prince Valiant et la geste arthurienne. Je suis chevalier de la Table ronde, je connais les règles de l’amour courtois, je combats les dragons pour un regard de l’inaccessible Guenièvre et je parcours le monde à la queste du Graal. Un peu plus tard, je découvre un nouveau monde, très différent celui-là, celui de Jack London et de James Oliver Curwood. J’écris mon « premier roman » qui se déroule dans le « grand silence blanc ». Mon frère fait du Judo au collège, il a mis un ami de mes parents à genoux et j'admire son invincibilité.

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    J’ai 13 ans. Je rêve de d’Artagnan et de Cyrano de Bergerac. Je rêve d’amours romantiques qu’il faut conquérir à la pointe de l’épée. L’internat, dès 10 ans, m’a laminé. Je suis devenu un vilain petit canard. Les filles ne me recherchent plus, je me réfugie dans mes rêves, dans la lecture et l’écriture. J’écris de grandes épopées en vers. Mon physique ingrat me rend introverti alors que je suis éperdument amoureux de mes jolies camarades de classe.

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    Évolution et changement

    J’ai 15 ans. Je rêve du Judo dont on disait qu’il permettait au faible de vaincre le fort et de s’initier au « mystérieux cri qui tue ». Je vis mal d’être enfermé à l’École Normale. Je dessine à la plume le portrait des jolies condisciples dont j’ai été séparé et je leur écris des poèmes d’amour. Le vilain petit canard est devenu un adolescent chevelu, ce qui était très mal vu en... 1956 ! Pendant les vacances, mon père me propose d'aller voir un des tout premiers postes de télévision, dans une auberge. La mise en route de l'écran aux coins arrondis est laborieuse. Quand l'image apparaît, je vois un groupe de personnes sur le toit d'un immeuble. Au centre, un petit vieux barbichu, à genoux, projette de jeunes gens vêtus d'amples jupes noires et souples comme des chats. Je suis séduit par ce spectacle.

       

    Évolution et changement

    J’ai 19 ans. Je rêve d’être grand et fort. J’ai mon premier poste d’instituteur avec... 52 élèves ! J’ai sauté le pas, je me suis inscrit à un cours de Ju Jutsu... par correspondance. Dynam Ju Jutsu. J’apprends à visualiser des situations. Balayages, fauchages, clés de bras s’enchaînent au rythme d’une heure de méditation quotidienne. Je n’ai que ça à faire le soir, dans le pigeonnier où je me retrouve isolé. Quant à en vérifier l’efficacité, c’est une autre histoire et je vous en parlerai plus tard. Pour l’instant, je soigne mon apparence. Coupe au rasoir. Costume, chemise blanche à boutons de manchettes et cravate à pois, en soie, chaussures en daim noir constituent ma tenue quotidienne quand je ne porte pas le blazer...
       

    Évolution et changement

    J’ai 20 ans. Je cesse de rêver, le beau jeune homme élégant est devenu un troufion censé préparer l’entrée aux « Écoles d’Officiers de Réserve ». Je n’ai toujours aucun goût pour l’uniforme et les armes à feu mais j’ai acquis des compétences inattendues grâce au Dynam Ju Jutsu. Je mets en péril un sergent formateur en close combat et je capture un officier « ennemi » ! Ma carrière d’officier de réserve s’est arrêtée avant d’avoir commencé et j’ai été envoyé chez les Zouaves à Alger puis, à la fin de la guerre, à Verdun pour y achever mes exploits guerriers. C’est là que je me suis retrouvé de corvée de balayage dans un hangar, en compagnie d’un judoka très chahuteur. Comme il m’agaçait, je finis par lui porter une clé de bras, j’appris bien plus tard qu’il s’agissait de Robuse, et je le projetai dans un tas de chaussures déclassées...

       

    Évolution et changement

    J’ai 22 ans. Je rêve d’être un artiste. Je réalise quelques bandes dessinées, je dessine des portraits au pastel, rehaussés à la plume. Mais il s’agit avant tout de survivre car les temps sont difficiles et un salaire de jeune instituteur ne permet pas de faire des folies. Le retour à la vie civilisée est un choc. Le monde a changé. Les ados nés du baby boom commencent à prendre le pouvoir. J’éprouve des moments d’intense solitude. Une nouvelle vie commence. Je possède peu de choses parce que je n’aime que les belles choses.

       

    Évolution et changement

     J’ai 23 ans. Je rêve d’Arts Martiaux. Plein d’espoir, j’ai donc poussé la porte de l’École de Judo Jean Lemaître. J’ai été initié au Judo puis au Karaté mais je n’y ai pas trouvé les  sensations correspondant à mon attente. Au bout d’un trimestre, j’ai enfin plaqué mes premiers accords dans l’univers de l’Aïkido Yoseikan et j’y ai entendu mes premières harmoniques.
       

    Évolution et changement

    J’ai 25 ans. Je rêve de fonder une famille. Je contemple mon jeune passé car tout va bientôt brutalement changer. Je perçois très vite la surface des choses alors on peut me croire doué. Mon professeur de Judo m’a très vite poussé vers la compétition. J’ai remporté mes premiers combats. Très vite, sans fioritures : un, deux, trois, quatre, cinq... Soto Maki Komi. Ippon. Je suis allé à Royan suivre pendant un mois le stage de Judo et d’Aïkido Yoseikan. Si j’y ai confirmé d’incontestables aptitudes, j’ai découvert l’immensité du domaine de connaissances techniques à acquérir. J’ai rencontré la femme de ma vie. Un soir de décembre, cette vie bascule. Un terrible accident. Une plaie béante au front. La courbure cervicale inversée. Mon profil élégant est définitivement modifié. Les vertèbres dorsales sont malmenées... je les sentirai chaque jour de ma nouvelle vie.
       

    Évolution et changement

    J’ai 45 ans. Je suis devenu un Budoka respecté dans ma région et bien au-delà. Je rêve d’amener mes disciples au plus haut niveau. À force de volonté, j’ai continué à progresser. Alain Floquet m’a décerné le 5e dan l’année précédente. Les compétences de mes jeune disciples sont très appréciées, enviées, même. J’ai créé une superbe région riche de 350 pratiquants. Elle fonctionne comme un grand club dont tous les Yudansha et les 1er kyu se réunissent chaque semaine pour un entraînement en commun.
       

    Évolution et changement

    J’ai 48 ans. Je rêve d’autres horizons. Mes pas vont me porter à Québec et à Montréal. C’est le commencement d’échanges qui dureront jusqu’en 1993. Cette année-là, rancœurs et jalousies saperont l’harmonie de la Belle Province où notre École éclatera et, pour rester fidèle aux principes qui ont guidé ma vie, je devrai renoncer à y donner mes stages, ce que je n’ai jamais cessé de regretter.
       

    Évolution et changement

    J’ai 50 ans. Le Maître m’a élevé à la dignité de 6e dan. Pourtant, j’ai perdu mes rêves. Le monde que j’ai construit repose sur du sable. J’ai l’impression d’être seul à croire aux vertus de loyauté, de fidélité, de solidarité. J’ai lâché prise et j’aurai besoin de beaucoup de temps pour renaître. Tout sera différent, désormais. Je continue à tisser des rêves, à échafauder des projets mais ils resteront douloureusement blottis comme une boule, derrière le plexus. Je vois avec tristesse mon univers s’effriter...
       

    Évolution et changement

    J’ai 60 ans. Je rêve d’un temps passé où j’étais jeune et beau et où toute une région me suivait avec enthousiasme. Ce temps est révolu et c’est celui des petits chefs  et des ambitions médiocres... Quelques amis viennent timidement me rendre visite dans ma retraite et s’enquérir de mes projets. Une lettre expédiée du Québec m’apprend que je suis toujours présent dans le cœur de mes anciens stagiaires. J’ai toujours des amis.
       

    Évolution et changement

    J’ai 62 ans. Je rêve d’un nouveau départ. J’ai repris quelques activités, je me rends dans les clubs qui m’invitent. Je participe aux séminaires des Kodansha mais j’ai du mal à participer aux stages de not’ bon Maître car je ne parviens plus à me situer, je ne sais pas où est ma place, si j’ai encore une place. Je me sens un étranger dans ce monde que j’ai contribué à créer.
       

    Évolution et changement

    J’ai 64 ans. Je rêve de nouvelles conquêtes. J’ai retrouvé mon énergie, je déborde de projets, d’envies. Les fondateurs de la toute jeune Fédération Aïkibudo Québec m’ont contacté pour animer leur premier stage de longue durée. J’hésite, il y a une éternité que je ne m’y suis pas risqué. En fait, je ne demande qu’à être convaincu. Ma renaissance aura donc lieu de l’autre côté de la grande mare aux canards.

       

    Évolution et changement

     J’ai 67 ans. Je rêve de jeunesse éternelle ! Je veux encore progresser, encore apprendre, encore tisser des rêves, encore échafauder des projets. J’ai dirigé mon deuxième grand stage au Québec. Un stage plein d’engagement physique et de bonheur de pratiquer. Le stage du sourire et du kimono trempé. Mon chant du cygne, peut-être ? Je m’entraîne plus fort que jamais mais pour courir après quelles chimères ?
       

    Évolution et changement

    J’ai 69 ans. Je rêve que tout ceci n’est pas qu’un rêve. Je rêve que j’ai encore de nombreuses décennies devant moi pour continuer à tisser des rêves et échafauder des projets et progresser et apprendre encore. En fait, j’espère encore disposer de quelques belles années ! La boucle est bouclée. L’évolution n’aura été qu’une simple révolution. Il paraît que j’ai une certaine « aura » d’ancien. Pourtant, suis-je vraiment si différent du petit garçon de 10 ans qui courait sur les traces de Robin des bois ?


    S'il n'est pas permis de vivre très vieux, qu'on nous laisse au moins naître plus tôt. (Pierre Dac)

    Le corps a vieilli mais c’est toujours l’enfant qui pose des questions, qui tresse des rêves, qui échafaude des projets. Et qui demande au vieil homme ce qu’il a fait pour lui. Je lui dis que j’ai fait ce que j’ai pu, que le monde des adultes est dur et cruel, qu’il ne laisse aucune place au rêve, qu’il faut vivre, gagner sa vie, éduquer ses enfants... Il me répond que je ne dois pas être triste, que rien n’est perdu, qu’il est toujours temps de tresser des rêves, d’échafauder des projets... et c’est reparti pour une vie !
    Une vie toute simple et banale, somme toute... Les rêves d’un vieux Budoka ont été les mêmes que ceux de tout un chacun. Le déroulement de sa vie aurait pu être tout aussi banale sauf que...

     Évolution et changement« Vieil homme, qu’as-tu fait de mes rêves ? »

    L’évolution est le fruit du hasard, de la chance. De rencontres. Au gré d’une conversation ou d’une lecture. De la révélation d’un Art avec lequel on se découvre en harmonie. Avec lequel notre corps, notre sensibilité produisent des harmoniques. L’Aïkibudo peut être de ceux-là, un merveilleux outil qui permet de dégager le diamant de sa gangue de pierre. Ni plus ni moins que la musique, la peinture, l’écriture, la menuiserie, le jardinage s’ils sont pratiqués avec passion et détermination.


    Il ne semble pas qu’il y ait une plus grande finalité dans la diversité des êtres vivants ou dans l’action de la sélection naturelle que dans la direction où souffle le vent. (Charles Darwin)

    Le Darwinisme a été parfois mal compris, souvent mal interprété, faussement vulgarisé. La théorie de l’évolution n’a jamais affirmé qu’il s’agissait de la survie des plus forts, des mieux adaptés au détriment des plus faibles. La force, l’adaptation au milieu sont des facteurs favorisants mais pas suffisants. La survie est aussi due à la chance, au hasard. Une espèce très forte et bien adaptée à son biotope peut disparaître brutalement à cause d’un événement extérieur, inattendu. Un tremblement de terre. La chute d’une météorite. L’irruption d’une espèce voisine porteuse de parasites, de bactéries, de virus contre lesquels les autochtones ne sont pas immunisés...
    « La contingence est liée à l’idée de hasard émergeant de la rencontre entre des systèmes indépendants les uns des autres, comme la vie confrontée aux changements provoqués par les catastrophes terrestres... Or toute l’évolution se fonde sur de multiples contingences depuis les gênes jusqu’aux systèmes écologiques. La vie restera toujours une inconnue pour toute tentative de mise en équation. (...)
    Le « miracle de la vie » n’est pas un miracle accompli par une intelligence supérieure, mais tout simplement par une évolution faite de milliards d’années d’essais, d’erreurs et de sélections non dirigées. (...)
    Mon ordinateur provient d’une suite de découvertes et de bricolages depuis l’invention de la pile par Volta. Chaque fois, une invention a fait suite à une autre, et elles ont souvent été indépendantes les unes des autres et ont pris plusieurs siècles. Il en va exactement ainsi dans l’histoire de la vie.  La science avance, pas les archaïsmes. » (Pascal Picq in Lucy et l’obscurantisme)


    La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu'il y a de moins accompli et de plus fragile en elle. (Friedrich Nietzsche)

    Nous sommes des êtres contrastés. Plus grandes sont nos qualités et plus grands sont les défauts qui leur font pendant. Le personnage le plus sombre a une part lumineuse, pas de chance si ce n’est pas celle-ci qui s’est révélée. Plus un objet est illuminé par le soleil et plus son ombre est opaque... Sri Aurobindo disait qu’il fallait descendre dans les profondeurs les plus ténébreuses, les plus effrayantes de soi-même, affronter et nettoyer ses noirceurs avant de remonter et accéder à un niveau de conscience plus élevé.


    L'homme raisonnable s'adapte au monde. Celui qui est déraisonnable persiste à vouloir adapter le monde à lui-même. Aussi tout progrès dépend de l'homme déraisonnable. (Bernard Shaw)

    L’évolution d’un individu est elle aussi soumise à des contingences, à quantité d’essais et d’erreurs, au hasard.
    Hasard d’une rencontre. À l’occasion d’un Shodan où j’accompagnais un condisciple, je fus séduit par la personnalité d’un jeune juré fraîchement nommé 5e dan.
    Hasard d’une rencontre. Un condisciple avec qui j’avais tissé des liens d’amitié me permit d’ouvrir mon premier club et de faire la connaissance de jeunes professeurs de Judo. Mes nouveaux élèves de la banlieue ouest ne savaient pas qu’il fallait se laisser faire. Ils avaient une certaine expérience des bagarres de rues. Ils n’avaient pas l’intention de me rendre la vie facile. Je fus obligé de m’aguerrir, de devenir réaliste, efficace et... technique.
    Hasard de rencontres. Les jeunes professeurs de Judo me demandèrent d’agrémenter de démonstrations leurs rencontres interclubs suite à quoi je fus sollicité pour des compétitions officielles. Pour me remercier, la Ligue offrit à mon groupe un stage de 3 jours au CREPS d’Houlgate. Je sollicitai la venue du jeune 5e dan rencontré plus haut. Ce fut la naissance d’une amitié qui dure depuis plus de 45 ans et qui m’a placé au cœur du grand mouvement d’où allait naître l’Aïkibudo.
    Alors que j’aurais pu être un inconnu timide et solitaire, le hasard de ces rencontres m’a fait jouer un rôle de leader.
    Cette évolution a permis la montée vers la lumière d’une compétence jusque là cantonnée aux zones d’ombre.


    N'est-ce pas la plus noble, la plus gratuite des activités que celle d'écrire pour ne pas être lu ou de parler en sachant que personne ne nous écoute ? (Jean Dion)

    J’aime écrire. Depuis que j’ai su écrire. C’est pourquoi j’écris cet article. Pour vous faire profiter (?) de ma longue expérience et aussi  parce que j’aime savoir que mes textes sont lus.
    En fait, je souhaite avant tout que notre histoire ne soit pas oubliée et j’essaie, au gré de mes anecdotes et de mes « billets d’humeur », de raconter l’épopée de l’Aïkibudo.
    Alors, je parle beaucoup de moi, par nécessité et sans (trop de...) narcissisme. J’ai été placé au cœur de l’histoire, je n’ai donc pas assez de recul pour me placer en observateur et je ne peux pas faire un travail d’historien puisque je suis toujours vivant !
    Alors, j’écris le plus souvent au second degré... Après avoir longuement lu et relu, écrit et réécrit, après avoir pesé chaque mot, chaque image, chaque aphorisme, chaque anecdote... S’il vous plaît, ne me prenez pas au pied de la lettre et accordez-moi le droit de me railler moi-même et de ne céder ce privilège à personne d’autre que quelqu’un parmi mes amis les plus proches...


    Notre vie vaut ce qu'elle nous a coûté d'efforts. (François Mauriac)

    Évolution et changement


    Combien ne veulent plus avancer parce qu’ils se croient arrivés. (Goethe)

    Et maintenant... J'ai repris l’écriture et la relecture de cet article resté au fond d’un tiroir depuis le 7 décembre 2010. Je pensais que notre vie était une sorte de cycle, une spirale ascendante mais, en fait, c'est une courbe de Gauss... Naissance, progression, régression puis plus rien. La vie sur terre a ainsi connu de multiples extinctions, alors, une simple vie humaine...

    76 balais : évolution et changement

    Mai 2011. Le club de Saint Léger du Bourg Denis fête de façon grandiose ses 30 ans accompagnés des 20 ans de mon 6e dan, de mes 50 ans d’Arts Martiaux, de mes 70 balais... Le Sensei annonce qu’il me propose au 7e dan...

    Septembre 2015. La CSDGE de l'UFA, dans sa grande mansuétude, me condescend la validation de mon 7e dan après 4 ans d'obstruction. Allelujah !

     

     Le poids des ans me rappelle brutalement à l’ordre sous forme d’articulations en vrac. Pas bon pour l’humeur. Finies les très longues balades avec Lara. Ça donne beaucoup de temps pour gamberger et... échafauder de nouveaux projets.
    Quand je vois tout ce chemin qui me reste à parcourir !

    Le vrai voyageur n'a pas de plan établi et n'a pas l'intention d'arriver. (Lao Tseu)

    76 balais : évolution et changement

    Mai 2012. La Fédération Aïkibudo Québec fête ses 10 ans et organise un grand stage, l’Aïkibudofest 2012 que j’ai l’honneur de diriger avec Daniel Dubreuil. C'est le dernier que j'anime. C'est là-bas que j'ai pu m'asseoir sur les talons pour la dernière fois... Je commence à compter les dernières fois, à voir s'effacer les choses que je ne ferai plus jamais... Quand on admire son dernier lever de soleil, quand on vit sa dernière journée, le sait-on ?



    On met longtemps à devenir jeune. (Pablo Picasso)

    Évolution et changement

    Mai 2015. C’est le 10e anniversaire de l’Aïkibudofest. Pour l’occasion, not’ bon Sensei accepte de la diriger. Je reçois une « invitation » in extremis et je débarque à Montréal l’avant-veille du stage ! Je renoue des amitiés nées il y a plus de 25 ans. Je me dis que c'est probablement la dernière fois que je traverse l'Atlantique. 

     

    76 balais : évolution et changement

     Mai 2016. 75 balais ! 3/4 de siècle ! Rien, en fait.
    Août 2016. À la fin du mois, je me sens très fatigué, poussif. En novembre, je frôle la catastrophe avec une très forte crise d'arythmie. Traitement radical : on arrête le cœur et on le relance avec un bon choc électrique. C'est reparti en douceur mais avec un soutien chimique... Je suis peut-être passé pas très loin de la toute dernière des dernières fois.

     

    76 balais : évolution et changement

    Mai 2017. Je suis invité aux 15 ans de la Fédération Aïkibudo Québec. J'y fêterai mes 76 années passées sur la planète bleue. Et je suis toujours optimiste, malgré ce que pourrait faire penser le choix du poème de Rutebeuf chanté par Joan Baez...
    J'ai l'outrecuidance de le pasticher :
    Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus
    Fils ou frères
    tant aimés Le vent je crois les m'a otés L'amour est morte...
    Les autres sont tout clair semés Aux 4 coins de la France Aux 4 coins de la terre Ce sont vrais amis que vent apporte

     

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc
    7e dan FIAB 2011

    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

    mort-de-rire-copie-1.gif

    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

    « Bilan du cours du 3 mai 2017Aïkibudofest 2017, les 15 ans de la FAQ »