• 50 ans de ceinture noire : le Jubilé

     

     

    Le 2 avril 1959, un jeune homme de 19 ans vit un événement hautement symbolique : il reçoit le grade de 1er dan d’Aïkido Yoseikan et le droit de porter la mythique ceinture noire.

    Alain Floquet vient de poser le pied sur la Voie infinie des Arts Martiaux. Cinquante ans plus tard, c’est un grand Budoka qui a été fêté à l’occasion de son Jubilé les 8, 9 et 10 mai 2009.

     

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé 

     

    « Au très estimé Maître Alain Floquet,

    [...]

    Ces dernières années, l’on entend un grand nombre de prétendus budôkas japonais se vanter d’aller enseigner à l’étranger ; en vérité le Budô n’est pas chose à prendre à la légère comme ces gens semblent le penser.

    Je considère que vous, Maître Floquet, êtes l’un des rares en ce monde à enseigner le vrai et authentique Budô. C’est pourquoi mes vœux les plus sincères vous accompagnent pour que vous puissiez poursuivre votre Mission d’enseignement au monde entier.

    [...]

    Du Japon, Yoshi Torikaï. »

     

     

      Au 21 de l’avenue de la Porte de Châtillon, l’Institut du Judo dresse ses murs à quelques pas du périphérique. Ce matin du 8 mai, nous descendons une volée de marches, nous suivons un couloir qui conduit à un vaste dojo au sol couvert de près de 500 m² de tatami. Sur un espace délimité virtuellement, l’équipe de techniciens peaufine les derniers détails de la démonstration prévue pour la « commémoration martiale ».

    Dans cette vaste salle aux murs aveugles, l’ambiance est fébrile. Le trac est palpable. La matinée s’achève, il faut se préparer à accueillir, cet après-midi, près de 350 stagiaires venus de tous les continents.

    L’Aïkibudo est présent tout autour de la planète, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, en Asie en Afrique et en Océanie. Français, Belges, Canadiens, Hollandais, Italiens, Lettons, Marocains, Moldaves, Néo-Calédoniens, Portugais, Tchèques, Roumains, Russes, Suisses et Ukrainiens se sont alignés face au Kamisa : un Tori rouge, un rameau de cerisier en fleurs dans un vase, un Katana et un Kodachi posés sur leur support. Au-dessus sont placés les portraits des Sensei qui ont accompagné Maître Floquet dans son parcours martial : Mochizuki Minoru, Sugino Yoshio et Takeda Tokimune. De l’autre côté du Tori, 3 photographies créent une note d’émotion, une pensée pour les 3 amis, Daniel, Franck et Ginette, qui nous ont quittés récemment.

    Premier cours, vendredi à 15h. La file d’attente n’en finit pas malgré toute la préparation et l’énorme travail mis en œuvre pour recevoir tout le monde. Du coup, le cours débute avec un peu de retard. Les stagiaires s’accumulent dans le dojo. On est déjà en sueur. Demain une centaine de pratiquants supplémentaires sont attendus. Où les mettra-t-on ?

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé

    Second cours d’Aïkibudo le samedi matin, le Tatami est plein comme un œuf ! Six lignes de pratiquants s’étendent sur toute la longueur du dojo pour le Ritsu Rei, le salut de cérémonie. Chacun est vigilent, veille à ne pas chuter sur l’autre.

    Le Maître organise l’entraînement en vagues successives permettant à chacun de pouvoir s’exprimer… et récupérer. Et finalement, on trouve des solutions, on se crée des espaces et on a le sentiment de vivre un moment d’une extrême intensité.

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé

    L’après-midi, le cours de Katori Shinto Ryu dans une immense salle au parquet couvert de 1000 m² de tatami donne une nouvelle dimension à l’événement. D’une seule voix, les stagiaires poussent des Kiai puissants lors des révisions des coupes de base. On mesure le travail, l’énergie qu’il a fallu mettre pour construire ce groupe.

     

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé

     

    Cependant, techniciens et personnalités doivent se diriger vers la salle de spectacle du centre sportif Jean Dame où va se dérouler la commémoration martiale de l’événement, en présence de personnalités, dont le premier secrétaire de l’ambassade du Japon.

    Moment d’émotion en préface : dans la pénombre de la scène, un guitariste, Philippe Étienne, joue les variations de Yukijiro YOKO, écrites sur le thème d’une célèbre chanson traditionnelle japonaise, Sakura.

    La cérémonie est ouverte officiellement par Maxime Delhomme, président de la FFAAA et Didier Ferrier vice-président de la FFAAA et président de l’Aïkibudo.

    Le ton solennel et martial est donné d’emblée par Maître Michel Martin qui présente l’art du Kyudo. Suivront le Koshiki no Kata par des maîtres du Judo, un prestigieux kata de karaté par l’équipe de France championne du monde de Kata, la boxe française par le professeur de l’ASPP et son élève, le Kendo où la prestation de Maître Floquet, aux côtés des jeunes experts de la Fédération, nous rappela qu’il avait vaincu 2 combattants titulaires du 6e dan lors des premiers championnats du monde, en 1970 alors qu’il n’était que 1er dan. L’Aïkibudo self defense fut démontré sous forme d’un intermède humoristique. Naginata, Aïkido, Daïto Ryu Aïkijujutsu, Katori Shinto Ryu, Kinomichi et Aïkibudo suivirent, présentés par des techniciens d’exception qui nous ont rappelé qu’il existait bien une grande famille des Arts Martiaux.

    André Bourreau, 9e dan de Judo, pour la FFJDA, et Prema Svoboda, président de la Fédération Internationale d’Aïkibudo, prononcèrent les discours de clôture.

    Dernier cours ouvert à tous le dimanche matin. Après une révision du Tsuki Uchi no Kata en Kumi Tachi, deux ateliers sont proposés : Aïkibudo self défense et Daïto Ryu.

    Le cours de l’après-midi a permis à Maître Floquet de rassembler les Kodansha, les cadres régionaux et les cadres techniques de tous les pays présents. Il rappela que l’Aïkibudo est d’abord une Voie non-violente, une pratique souple basée sur le sens du mouvement où la technique n’est pas un but mais un aboutissement. Il rappela que Mochizuki Minoru fut le disciple de Mifune Kyuzo qui incarna la Voie de la souplesse dans sa pratique du Judo. Maître Mifune était un expert dans la pratique des Sutemi qui furent intégrés dans l’enseignement de l’Aïkido Yoseikan. Ces Sutemi, portés avec fluidité, fournirent le thème du dernier entraînement avant la clôture du stage.

    André Tellier

     

    Témoignage

    Retour sur un rêve éveillé!

    Il est clair qu'au-delà de la technique, les liens d'amitié qu'aide à favoriser la pratique de l'Aïkibudo finit par transcender l'ensemble, et encore une fois, je crois que c'est là la vraie mission du Budo, réunir les gens en tissant des liens très solides qui vont au-delà des intérêts personnels de l'individu. Encore une fois, nous en avons eu la preuve lors de ce Jubilé, outre les petits accrocs organisationnels, chacun des individus présents a contribué à ériger le succès de cet événement. Chacun l'a vécu à sa manière, mais le dénominateur commun demeurait l'Aïkibudo. C'est à travers nous tous que le partage se fait et on réalise rapidement que l'Aïkibudo est bien vivant!  C'est la tête remplie d'images et de sensations que nous sommes retournés dans notre quotidien, et ce, avec quelques difficultés. Comment expliquer ce que nous venons de rêver?

    Encore longue vie à l'Aïkibudo et à son fondateur!

    Mario Pelletier

     

    50 ans de ceinture noire : le Jubilé

     

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