• 23 MARS

     

    C’était le 23 mars 1969. Je m’étais levé à 6 h pour arriver à temps au « Central », le Dōjō fédéral de la rue du Faubourg St Denis, je devais être en Keikogi blanc, ceinture marron, Hakama blanc, à 9 h, au bord du Tatami car je me présentais à l’examen pour le 1er dan d’Aïkido Yoseikan.
    Mon petit garçon était né la veille au soir, à 21 h 10, je m’étais couché tard et je ne peux pas dire que j’étais parfaitement réveillé. Mais je me rappelle encore la tête des jurés, tous plutôt antipathiques. Ils me fichaient le trac alors que quelques années plus tard, je découvrirais qu’ils étaient des techniciens passablement médiocres et qui ont d’ailleurs fini par trahir leur École.
    Je n’avais pas pu prendre ma licence pour la saison précédente car nos moyens financiers étaient très, très bas, ce n’est pas pour rien que mon salaire a quasiment doublé après les événements de mai 1968. Je n’avais donc pas pu participer au traditionnel stage d’été, à Royan, du 15 juillet au 15 août, animé cette année-là par le jeune Hiroo Mochizuki, 32 ans...
    Or c’est à cette occasion qu’il présenta les notions de distance, de Ma et de Chika Ma et des formes techniques correspondantes et quand je me retrouvai face au jury, j’ignorais tout de ces nouveautés, j’en étais resté aux saisies et avant-saisies ponctuées de solides armlocks.
    La suite des événements me fit comprendre que je n’étais pas le seul dans ce cas et, après un Randori qui me valut la note maximum, je me contentai d’improviser quand un juré me demander de démontrer Kote Gaeshi flexion et torsion sur Jyunte Dori en Chika Ma et en Ma.


    Voilà à quoi a pu ressembler mon passage de grade

    Ce fut le cas de la plupart de mes compagnons d’infortune, parisiens ou provinciaux, et nous fûmes presque tous renvoyés à nos chères études. En rentrant chez moi, je ne manquai pas de me rendre à la maternité du Belvédère, à Mont Saint Aignan pour faire la connaissance de mon petit garçon.

    22 mars

     Cette décision du jury du Shodan n’était pas la meilleure façon de faciliter le développement de notre art et les dirigeants techniques se réunirent au cours de la semaine pour statuer sur ces résultats navrants et, en fonction des notes obtenues, voir qui serait susceptible d’être racheté. Mes excellentes notes en Randori et en pédagogie (pour le 1er dan, il fallait expliquer une technique de son choix sur l’attaque de son choix et faire la démonstration sur un partenaire) me valurent de figurer sur la liste des nouveaux promus ce qui fit que je m’empressai de teindre mon Hakama en noir (Histoire d’un Hakama qui fut blanc) et me permit d’ouvrir un club dès la rentrée suivante, quand faut y aller, faut y aller, mais ceci est une autre histoire.

     

    Histoire d'un Hakama qui fut blanc 

    7e dan FIAB 2011
    2e dan FKSR 1986

    A.照り絵 / 七段 教士 

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    Oublie tes peines et pense à aimer

    あなたの悩みを忘れて、愛について考える 

    Anata no nayami o wasurete, ai ni tsuite kangaeru

    mort-de-rire

     

     

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