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    Des informations erronées concernant notre histoire et nos origines perdurent, continuent à se répandre dans le milieu des Aïkibudokas :

    - NON ! LE CERA N’A PAS ÉTÉ CRÉÉ EN 1973 ! Il serait intéressant de recenser les sites qui annoncent tout de go que « Maître Floquet a créé le CERA en 1973 ». Non ! NOUS avons créé le CERA au cours du dernier trimestre de 1974, Parution au Journal Officiel N°13 du 16 janvier 1975, page 685 :

    19 décembre 1974. Déclaration à la préfecture de police. Cercle d'étude et de recherche sur l'aïkido. Objet : étude et recherche des différentes techniques et leur pratique au travers des différentes écoles pratiquant l'aïkido. Siège social : 103, avenue Parmentier, 75011 Paris.(l’histoire que j'ai vécue est soigneusement narrée là : Une histoire du Cera ) 

    Cette erreur, gravée comme une certitude, est due à une simple coquille dans la préface rédigée par Claude Jalbert pour la première édition du « petit manuel gris » de not’ bon Maître. Claude avait dû confondre avec le 1er décembre 1973, date où a été annoncé le démantèlement des Écoles d'Aïkido françaises. 

    - NON : NOTRE ART N’A PAS ÉTÉ NOMMÉ AIKIBUDO EN 1980 :

    Au cours de L'assemblée générale de la FFAK du 28 juin 1980, Claude Jalbert annonça que le groupe Floquet désirait que notre école prenne le nom d’Aïkibudo (mais le groupe Nocquet avait dû renoncer à son nom de Groupe Ueshiba suite aux pressions de l'ACFA et s'appelait Cercle Aïki-Budo). Il expliqua qu'il avait été souhaité que l’Aïkido d'avant-guerre, celui que maître Mochizuki reçut du maître Ueshiba, soit distingué de l’Aïkido d'après-guerre, pratiqué par les maîtres Nocquet et Tamura, donc qu'il reprenne son appellation d'origine, à savoir Aïkibudo. Maître Floquet, consulté, aurait accepté cette appellation.

    On en rediscuta le 24 novembre 1982, à la première réunion du Conseil des Kodansha. Maître Floquet évoqua la possibilité de renommer son Art Aïkibudo suite à la demande de Mochizuki Minoru Sensei.

    En fait, ce n'est que le 19 mai 1983, lors d’une réunion organisée par l’UNA, sous couvert de la FFJDA, en l'honneur de Maître Mochizuki Minoru, que nous avons opté définitivement pour le nom d’Aïkibudo, tirant un trait sur le passé.  

    - NON ! L’AÏKIBUDO N’EST PAS L’ART PRATIQUÉ PAR UESHIBA MORIHEI SENSEI DANS LES ANNÉES 30. À cette époque, il enseignait le Daïto Ryu Aïki Jujutsu… Cette confusion est née du fait que, voulant se démarquer de l’enseignement de Takeda Sokaku, il aurait nommé son Art « Budo de Aïki », parfois écrit Aïki-Budo. Cette appellation avait donc été reprise par le groupe Nocquet intégré dans la FFAK sous le nom de « Cercle Aïki-Budo ». Mais nous nous appelons AÏKIBUDO. Sans trait d’union ! La confusion a été entretenue dans certains textes officiels de la 2F3A (statuts de Ligue ) où on  a pu voir écrit à de multiples reprises AIKI-BUDO ou sur certains sites « amis » (Fipam).

    Ce qui suit vient en complément du bref Qui sommes-nous ? publié le 2 septembre 2011 et de Un petit pan de notre histoire publié le 23 janvier 2013, après lecture de l'interview de Mochizuki Minoru Sensei accordée à Stanley Pranin le 22 novembre 1982 et relecture de mes propres notes prises durant près d'un demi-siècle...

     

    SANJURO OSHIMA ET LE GYOKUSHIN RYU JUJUTSU

    Il était une fois... Il y a très longtemps au pays du soleil levant... Un très vieil homme, Sanjuro Oshima, qui enseignait un très ancien style de Jujutsu, le Gyokushin Ryu Jujutsu... Il craignait de voir son Art disparaître...

    En 1924, il eut pour unique élève un brillant jeune judoka, Minoru Mochizuki. Au bout de 6 mois, il lui délivra le Shoden Kirigami Mokuroku (équivalent à un premier dan). L’enseignement était austère, le jeune Minoru préférait le judo, plus ludique. Sanjuro Oshima l’aurait prié de continuer la pratique, lui disant qu’il y avait énormément de Sutemi par la suite.

    Il raconte lui-même, le 22 novembre 1982 :

    Pendant que je m’entraînais avec le « démon » Sanpo Toku, j’étudiais aussi une forme ancienne du Jujutsu appelé Gyokushin Ryu. Ce système utilisait de nombreuses techniques de sacrifice et quelques autres qui ressemblaient à celles de l’Aïkido.

    À cette époque, le professeur de cette école, Sanjuro Oshima, vivait près du domicile de ma sœur. Il était tout à fait désolé de voir que les styles classiques de Jujutsu disparaissaient et déterminé à éviter la mort de l’art qu’il enseignait. C’est pourquoi il insista pour que je l’étudie avec lui. Je me rendais chez lui, on me servait un délicieux repas, je n’avais pas à payer les cours et l’on me servait ensuite un copieux dîner. C’est ainsi que j’ai étudié le Jujutsu.

    Au bout de six mois, il me donna un diplôme appelé le Shoden Kirigami Mokuroku, à peu près équivalent à une ceinture noire premier dan de judo. Ce fut la fin de mes relations avec ce professeur, mais je me souviens encore de ses mots :

    « Le nom de notre tradition est Gyokushin Ryu. Ce nom s’écrit avec des caractères (玉心流) qui signifient esprit sphérique. Une balle qui roule librement. C’est exactement le principe que notre école cherche à faire assimiler par ses membres. Si vous le maîtrisez, rien ne pourra vous renverser. »

    A cette époque, je n’étais qu’un enfant et je ne pouvais pas bien comprendre ce qu’il voulait dire. J’imaginais simplement un cœur ou un esprit qui pouvait rouler ici et là. Il faut cinquante ans de pratique pour arriver à comprendre. Cela fait des années que je n’y avais pas pensé.

     

     

    MIFUNE KYUZO ET LES SUTEMI

     

    Mifune Kyuzo fut le principal professeur de Minoru Mochizuki. On lui doit un grand nombre de Sutemi.

     

    Mifune Kyuzo Sensei était LE spécialiste des Sutemi qu’il a enseignés au jeune Minoru Mochizuki.
    Aurait-il eu connaissance de l’enseignement de Gyokushin Ryu ?
     
    Il semble bien, en effet, expliquer ici le concept de l’esprit sphérique…

     

    UESHIBA MORIHEI

    Je pratiquais le Katori Shinto  Ryu (dans la cadre du Kobudo Kenkyukai). Cet art comprenait des techniques de sabre, de Bo, de Naginata , de Yari, de sabre court, de Jujutsu et des exercices avec les deux sabres.

    Je pratiquais toujours le Kendo et je m’entraînais dans différents dojos de cinq à six heures par jour. Avant le petit déjeuner j’étudiais le Shindo Muso Ryu Jo Jutsu. Je progressais très rapidement.

    À peu près à cette époque, Kano Sensei fut invité par l’amiral Isamu Takeshita à une démonstration, donnée par Ueshiba Sensei. Il fut très impressionné et demanda à Maître Ueshiba de bien vouloir accepter d’entraîner quelques-uns des élèves qu’il souhaitait lui envoyer. C’est ainsi que je fus désigné.

    C’était en 1930, Maître Ueshiba n’avait pas encore de dojo à lui et il enseignait dans le salon d’une maison privée du quartier de Mejiro à Tokyo. Cependant, peu de temps après notre arrivée, nous nous sommes installés dans le dojo d’Ushigome qui venait d’être terminé. À cette époque, deux autres Uchideshi, Hajime ( Ikkusai Iwata ) de la préfecture d’Aichi, un garçon qui était initialement lutteur de Sumo, et le jeune Tsutomu Yukawa, s’y trouvaient.

    Nous étions à peu près cinq ou six. Ueshiba Sensei me dit, alors que j’étais vraiment le nouveau venu : « Ces pensionnaires sont encore très jeunes et j’aimerais beaucoup que tu sois leur superviseur. » J’avais environ vingt-quatre ans à cette époque. Je devins ainsi l’un des assistants de Ueshiba Sensei. Quand il montrait une nouvelle technique, Sensei corrigeait individuellement les autres élèves mais jamais moi.

    J’observais le mouvement, effectué par le professeur, et je le reproduisais exactement. Il avait coutume de dire que j’étais celui dont il n’avait vraiment pas à se préoccuper. Il me suffisait d’observer pour comprendre. J’avais déjà pratiqué pas mal d’arts martiaux et je pouvais assimiler aisément les techniques nouvelles.

    Un jour, l’amiral Takeshita m’appela. Il désirait m’informer que Ueshiba Senseï envisageait de faire de moi son gendre et de m’adopter, en me donnant sa fille en mariage et la permission de porter son nom. Que faire ?

    Le Katori Shinto  Ryu m’avait déjà fait la même proposition et le président d’une firme de produits pharmaceutiques, proche du domicile de ma sœur, s’était déplacé jusqu’à ma ville natale de Shizuoka pour demander la même chose à ma famille. Et c’est à peine si, en dehors de mes sœurs, je leur adressais la parole. Je n’avais certainement jamais pensé à me marier et je refusais finalement les trois propositions.

    Mochizuki Minoru fut donc l’assistant bien plus que l’élève de Ueshiba Morihei Sensei. Surmené, il eut de sévères problèmes de santé et dut quitter Tokyo pour l'hôpital de Shizuoka où il resta 3 mois. En 1931, il ouvrit son propre dojo à Shizuoka, le Yoseikan (la maison de l'enseignement de la droiture), où il enseigna un Art qu’il nomma le Yoseikan Aïki Jujutsu, par respect pour Maître Ueshiba et en référence à son Art. Quand ils apprirent cette décision, Ueshiba Senseï, l’amiral Takeshita, le général Miura, Harunosuke Enomoto Senseï, Yasuhiro Konishi Senseï et beaucoup d’autres, eurent la gentillesse de se déplacer et d’être présents à la cérémonie d’ouverture du Dojo. Après cela, chaque mois, quand Ueshiba Senseï allait enseigner au dojo de la religion Omoto à Kyoto, il s’y arrêtait sur le chemin du retour. Il arrivait que Maître Ueshiba passe deux ou trois jours à Shizuoka. Il avait tendance à rester plutôt que de rentrer chez lui et parfois son fils, Kisshomaru, était obligé de venir le chercher.

    Nos racines
     
    Inauguration du Yoseikan en 1931

    En 1942, Maître Ueshiba nomme son Art Aïkido. Minoru Mochizuki nommera le sien Yoseikan Aïkido Jujutsu. O Sensei lui délivra le grade de 8e dan d'Aïkido. En 1951, il fit partie de la délégation culturelle du Japon pour la réunion de l'UNESCO à Genève, comme expert délégué par le Kodokan pour démontrer le Judo en France, en Suisse et en Tunisie. C’est au cours d'une compétition internationale de Judo à Paris, qu’il effectua la première démonstration d’Aïkido Jujutsu, art qui subjugua un bon nombre de pratiquants de Judo. Pendant 2 ans et demi, il enseigna le Judo et l’Aïkido Jujutsu du Yoseikan jusqu'à son départ en 1953. Il en profita pour démontrer également le Iaïdo, le Kendo et un peu de Karaté.

     

    De retour au Japon, il demanda à Maître Ueshiba de déléguer un technicien pour continuer le développement de l’Aïkido en France et en Europe. Tadashi Abe, un jeune étudiant en droit, fut envoyé après l'obtention de son diplôme à l’université de Waseda.

    À la même époque, il invita, au Yoseikan un jeune judoka français, Jim Alcheik qui y resta 2ans et demi, de 1955 au début de l'année 1958. Jim Alcheik pratiqua le Judo, l'Aïkido-Jujutsu, le Karaté, le Iai et le Kendo. En 1956, il fit paraître avec Mochizuki Minoru Sensei un livre intitulé Ma Méthode d'Aïkido Jiu-Jitsu. Dès son retour en France, il créa la Fédération Française d'Aïkido-Taijutsu et Kendo (FFATK).

    Il créa le Yoseikan Européen dont le siège était au n° 62 de l'avenue Parmentier à Paris XIe où se trouvait le dojo.

    Il diffusa tant en France qu'en Europe l'art de Mochizuki Sensei dont il changea le nom d'Aïkido-Jujutsu en Aïkido-Taijutsu et qui fut finalement diffusé sous le nom d'Aïkido Yoseikan ou d'Aïkido Mochizuki.

    Jim Alcheik fut le professeur d‘Alain Floquet. Il était l'âme de l'Aïkido Yoseikan européen que sa disparition brutale, le 29 janvier 1962, suite à un attentat en Algérie, plongea dans le désarroi et un certain désordre.

    Fin 1963, répondant aux vœux d'Alain Floquet alors premier assistant de Jim Alcheik et plus jeune 2e dan français, Maître Minoru Mochizuki délégua pour quelques mois son fils Hiroo qui décida de rester définitivement en France.

    Vers 1960, Tadashi Abe avait eu le mal du pays et était rentré au Japon. L'Aïkikai So Hombu délégua alors Masamichi Noro qui travailla quelque temps avec Hiroo Mochizuki et Alain Floquet. Ils furent favorablement influencés et en enrichirent leur Aïki.

    Mochizuki Minoru Sensei cherchait un représentant de Gyokushin Ryu et découvrit qu’il en était le seul diplômé encore en vie. C’est ainsi qu’il entreprit de recréer cette école et de redécouvrir ses techniques (en particulier les fameux Sutemi).
    À l’occasion des premiers championnats du monde de Kendo, Alain Floquet rencontra Mochizuki Minoru Sensei. L’enseignement du Yoseikan avait évolué, s'était enrichi des recherches de Mochizuki Minoru Sensei, en particulier de nouveaux Sutemi. L’Aïkido Yoseikan tel qu’il était pratiqué en France avait suivi sa propre évolution. Mochizuki Minoru Sensei considéra Alain Floquet comme son fils spirituel.

    Alain Floquet put rencontrer Sugino Yoshio Sensei qui lui enseigna l’Art du Katori Shinto Ryu. Cet Art fut intégré à celui qui se nommait dorénavant Aïkibudo.

    Il voulut rencontrer Takeda Tokimune afin d’apprendre les formes anciennes de l’Aïkijutsu et de voir dans quelle mesure elles pouvaient se situer dans la « généalogie » de notre École. Le Daïto Ryu Aïkijutsu est une option dans le programme de l’Aïkibudo, proposée à ceux qui sont curieux de pratiques anciennes.

    Concernant le nom de l’école, Mochizuki Minoru Sensei considérait les Sutemi qu’il enseignait comme « Yoseikan Ryu Gyokushin Jujutsu ». A la fin de sa vie, il transmit son école à son fils Hiroo, fondateur du Yoseikan Budo. 

    Qui a inventé Shiho Nage ? Qui a inventé Kote Gaeshi ? Les enfants qui chahutent dans les cours de récréation en se tordant les poignets ou en se portant des clés de bras pratiquent-ils le Daïto Ryu Aïkijutsu ou l’Aïkido ou l’Hakko Ryu Jujutsu ou que sais-je encore ? De tous temps et en tous lieux, les humains se sont affrontés manuellement en utilisant les lois de la biomécanique… Au Japon, les pratiquants de nombreuses Écoles revêtent le Keikogi blanc et le Hakama noir ou bleu nuit. Ces Écoles qui enseignent des techniques semblables portant des noms identiques ont des origines différentes et enseignent les techniques avec des formes et des intentions différentes. C’est ce qui fait la spécificité de chaque École.

    Notre École, l’Aïkibudo, est une évolution du Yoseikan Aïkido Jujutsu enrichi des recherches de Mochizuki Minoru Sensei pour recréer l’enseignement de Gyokushin Ryu Jujutsu. On pourrait dire qu'elle a un très lointain cousinage avec l’Aïkido de l’Aïkikaï, Mochizuki Minoru Sensei ayant été l’assistant de O Sensei. Il raconte à ce propos que O Sensei montrait les techniques et que lui-même les expliquait.

    Les anciens élèves du Yoseikan, ne pouvant plus utiliser le nom d’Aïkido Yoseikan pour leur Art, ce nom appartenant à Hiroo Mochizuki, se regroupèrent sous le nom de Seifukai et nommèrent leur discipline Gyokushin Ryu Aïkido (玉心流合気道 ). Un petit cousin de l’Aïkibudo.

    « En 1932, il me donna deux manuscrits de transmission de sa méthode. L’un d’eux avait soixante centimètres de long et l’autre quatre-vingt-dix. Le plus grand était intitulé Goshinyo no Te et l’autre portait l’inscription Hiden Ogi no Koto. Je ne pense pas qu’une autre personne au monde ait reçu du Maître ce genre de certificat. »

    Ces diplômes étaient affichés dans son Dojo avec celui du 8e dan d'Aïkido que lui avait attribué O Sensei Ueshiba. Les montrant à Alain Floquet, il lui avait dit : « Cet Art n'est pas celui que je pratique. »

    A.照り絵 / 七段 教士 FIAB

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