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    On ne redoute l'avenir que lorsqu'on n'est pas sûr de pouvoir se tuer le moment venu. (Emil Michel Cioran)
    Voilà une journée qui semble mal commencer : il fait froid, un brouillard givrant a sérieusement blanchi le paysage et la météo émet une alerte aux pluies verglaçantes. J’ai une longue descente en forêt au retour, je me demande si ça vaut la peine de prendre des risques... J’envisage d’annuler le cours, de le reporter, peut-être... Ma flemme naturelle me conseille d’attendre midi, après tout, c’est l’heure à laquelle il est le plus probable que mon message soit lu.
    Chère flemme toujours bonne conseillère. En cours de matinée, la température s’est adoucie, et le sol reste sec. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’une bruine va se décider à tomber sur des routes « hors gel ». Je peux aller faire mon cours sans crainte de dérapages intempestifs.

    Ce n'est pas la peine de se tuer puisqu'on se tue toujours trop tard. (Emil Michel Cioran)
    À partir d’aujourd’hui, nous recevrons de nouveaux invités. Le club de Franqueville va partager nos entraînements bimensuels. Sophie, de Caudebec en Caux, vient assister au cours chaque fois que ça lui est possible, elle doit faire avec ses heures de service et une longue route à travers le Pays de Caux... Nous sommes donc trois clubs redécouvrant le plaisir de s’entraîner ensemble pour... le simple plaisir d’être ensemble !

    Entre deux individus, l'harmonie n'est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir. (Simone de Beauvoir)
    Quand j’arrive, sont déjà arrivés Jeannot souriant, les bras enserrant un sac contenant galettes des rois et diverses bouteilles, Stéphanie souriante, les bras ouverts pour m'accueillir, Pedro bougonnant les bras pendants. Il me reproche de trop me moquer de son embonpoint naissant. Je lui promets que la dernière fois c’était bel et bien la dernière fois et que je ne parlerai pas de lui cette fois-ci. Il me parle d’autres gros, des vrais, ceux-là, qui font des efforts pour maigrir et y parviennent avec des régimes bizarroïdes, puis il me reproche ma maigreur. En fait, j’ai 5 bons kilos à perdre !

    Il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher. (Louis Aragon)
    Bruno arrive à 19 h. Le cours peut commencer.  Jojo tient à dire « Onegai Shimasu » avant « Seiza » parce que le Sensei nous l’aurait demandé cet été, à Lembrun... « Tu ne te rappelles pas ? – Euh... Boaf... ». Le soir même, j’ai posé la question au Sensei qui m’a répondu : « Euh... Boaf... Pas vraiment, ça peut arriver de temps à autre, mais jamais en obligation... » Comme ça, on repart sur des bases saines, sans ambiguïté.

    Le vrai jardinier se découvre devant la pensée sauvage. (Jacques Prévert)
    Comme trois personnes n’ont pas assisté à mes précédents cours et comme ceux qui y ont assisté ne perdront rien à en reprendre une louche, j’ai décidé de reprendre l’initiation aux Sutemi en montant d’un cran le niveau d’exigence. C’est à Jeannot de diriger l’échauffement.

    Là où la lucidité règne, l'échelle des valeurs devient inutile. (Albert Camus)
    J’observe cette courte séquence avec circonspection... ça part à vau l'eau, chacun à son rythme, ça se dissipe, ça commence à jacasser, ça roule dans tous les sens jusqu’à ce que... Jean-Charles et Mélanie roulent face à face et se cognent la tête. Pas de bobo mais ç’aurait pu être autre chose qu’un simple incident qui porte à rire. Jeannot, occupé à conseiller Stéphanie, n’a rien vu.

    Espérer, c'est démentir l'avenir. (Emil Michel Cioran)
    Je rappelle qu’avec mon dernier compte-rendu, j’ai mis en ligne un plan d’échauffement type.  Ce ne sont que quelques suggestions, écrites hâtivement et qui mériteraient d’être améliorées. Elles ont l’avantage de proposer un ordre. À l’ordre s’ajoute la notion de rythme, l’animateur compte, impose un rythme auquel chacun peut et doit s’adapter. Il contrôle son groupe en voyant chacun en activité de façon à doser ses exercices.
    Je rappelle la notion de responsabilité. Si l’incident avait été un accident, j’aurais été le premier responsable en temps que professeur. Je me suis trop reposé sur Jeannot. Le second responsable est Jeannot, il a laissé son groupe s’éparpiller. Jean-Charles et Mélanie portent également une part de responsabilité, des Yudansha auraient dû être vigilants, ils ont manqué de Zanshin... Nous avons tous manqué de Zanshin.
    Il n’y a rien de rédhibitoire dans le fait de commettre une erreur.  Les erreurs permettent de progresser si on sait les analyser et s’en servir comme de marches.  Quelqu’un qui ne commettrait jamais d’erreur risquerait de sombrer dans la béatitude !
    Je remercie ces jeunes gens avec qui j’ai partagé une erreur qui m’a permis de me remettre à ma place de pédagogue et non pas de simple entraîneur. Je dois faire bénéficier mes jeunes élèves de mon expérience. De vieux, comme dira Pedro. Mais ceci est une autre histoire !

    Pour un homme qui aime le pouvoir, la rivalité des dieux a quelque chose d'agaçant. (Albert Camus)
    Puisque je reprends la même trame que les semaines précédentes, je ne vais pas vous en infliger le déroulement une énième fois. Pas plus que je ne vais vous torpiller la vue avec des vidéos psychédéliques... que nenni, elles n’avaient pas été filmées sous acid ni avec l’assistance de Marie-Jeanne.
    Vous voulez savoir ce que ça donne, sous assistance ? Regardez bien cette vidéo, en plein écran et en HD si vous le pouvez, jusqu’au bout, puis regardez votre main...

    Par contre, une charmante jeune fille a accepté de faire la couverture photo du cours. Ce qui fut fait avec talent. Un bon coup d'œil, le sens de l'anticipation, elle devrait pratiquer l'Aïkibudo. Le modeste APN que je lui avais confié n’étant pas à la mesure de son talent, j’ai dû retoucher les photos sélectionnées et je vous assure que ce fut fait en état de parfaite sobriété.

    Si nous ne nous comparons à personne nous devenons ce que nous sommes. (Krishnamurti)
    Éducatif en Tachi Waza. St-Leger-12_1_18--1-.jpg
    Éducatif en Hanmi Handachi Waza
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    Si le chien est le plus méprisé des animaux, c'est que l'homme se connaît trop bien pour pouvoir apprécier un compagnon qui lui est si fidèle. (Emil Michel Cioran)

    Oh ! Marie-Jeanne ? St-Leger-12_1_18--3-.jpg
    variante de l’exercice précédent
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    un petit cours de tricot entre deux roulades
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    préparation au « Wa no Seishin Sutemi » St-Leger-12_1_18--6--copie-1.jpg
    Ce qui motive notre angoisse, c'est notre capacité à nous projeter dans le temps. (Bernard Werber)
    St-Leger-12_1_18--7-.jpg
    Wa no Seishin Sutemi St-Leger-12_1_18--8-.jpg St-Leger-12_1_18--9-.jpg St-Leger-12_1_18--10-.jpg
     éducatif vers Ude Kake Sutemi
    St-Leger-12_1_18--15-.jpgSur une attaque Tsuki Chudan, Tori esquive intérieur (Irimi « sur place ») en guidant le bras de Uke sous son aisselle.
    Il se redresse en plaçant une clé au niveau du coude. Il contraint Uke à monter sur la pointe des pieds. Il effectue 2 ou 3 petits pas en se déséquilibrant vers l’arrière.
    St-Leger-12_1_18--16-.jpgEn contrôlant fermement le bras de Uke, Tori transfère sa verticalité  en dirigeant son visage vers la ceinture de Uke. Tout en tirant sur le bras de Uke, il pousse son ventre vers le haut. Son pied décrit un grand arc de cercle qui le conduit au sol sur « 3 points ».
    St-Leger-12_1_18--17-.jpg Uke est entraîné et chute.
    Cet exercice laisse tout le monde perplexe. J’ai beau dire : « Puisque j’arrive à le faire, tout le monde peut le faire. », Bruno marmonne dans sa barbe : « C’est mnmnmnmn ! ».
    L’erreur courante consiste à s’asseoir. C’est dû à 2 points faibles : Tori relâche son action sur le bras de Uke et il cesse de pousser son ventre vers le haut... Dans l’idéal, Uke est projeté quand Tori n’a plus de contact avec le sol car la poussée vers le haut est provoquée par l'appui du pied au sol...
    Encore un petit éducatif pour faire percevoir cette sensation. C’est Bruno, le plus grand et le plus costaud, qui s’y colle.
    Uke se place devant Tori et saisit son bras. Uke le maintient solidement. Il se place « ventre en l’air ». À ce moment précis, je saisis son pied auquel je fais décrire un grand cercle. Si Tori maintient solidement le bras de Uke, ce dernier est entraîné en chute avant.
    Merci à Bruno qui a bien voulu subir un nombre respectable de chutes...
    Le cours s’achève avec un Randori « pagaille », tout le monde attaque tout le monde, il faut s’amuser après une séance que d’aucuns ont jugée « intellectuelle », doux euphémisme balbutié dans leur Keikogi ruisselant de sueur.
    Pedro m’interpelle : « T’es vieux, pourquoi tu nous as pas fait un cours de vieux ? ». Quand il est énervé, Pedro oublie les négations.
    Je lui rétorque : « Ch’uis vieux, alors ch'vous ai fait un cours pépère ! ».
    Il me réplique : « Ben alors, comment c’était quand t’étais pas comme un vieux crabe à terre ? ». En fait, il se remémore les costauds qu'il admirait alors qu'il n'était qu'un tout petit Kyu : « Mais où sont les balèzes d’antan ? » aurait-il pu déclamer en paraphrasant François, le mauvais escholier du temps jadis...

    Votre problème est que vous êtes... gentil. Comment voulez-vous qu’une femme aime un homme gentil ? On peut tout pardonner à un homme, sauf ça. (Aphrodite à Michaël Pinson)

    St-Leger-12_1_18--18-.jpg
    Ch’uis vieux mais je grandis encore, mes pieds dépassent mon hakama !

    On peut être vertueux par caprice. (Albert Camus)
    Je tiens à remercier mes fidèles amis qui me permettent, 2 fois par mois, de bouger mon vieux corps sur le tatami et de me donner l’impression que je suis un bon prof car ils sont eux-mêmes d’excellents élèves, aussi souples dans leur corps que dans leur esprit !
    Je les remercie de supporter mon caractère qui peut manquer de souplesse autant que mes articulations et d’accepter mes railleries à chaque compte-rendu. Et de ce côté-là, il en a fait des progrès, Pedro !  Mais j'ai promis de ne pas en parler.
     

    Bilan du cours du 18 janvier 2012


     Un hamster de laboratoire dit à un congénère : « J’ai dressé le savant. Chaque fois que j’appuie sur ce bouton, il m’apporte des graines ! » (Freddy Meyer)
    P't'êt' ben, mais qu'est-ce que je me paie comme courbatures pendant une semaine ! mort-de-rire.gif

     

    Connaissez-vous les easter eggs ? Les œufs de Pâques, in french...

     

     






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