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    Là où sont mes pieds, je suis à ma place.

    Ça commence mal... Quand j’arrive dans le vestiaire, un homme vieillissant ajuste avec peine les différents éléments d’une orthèse. Ses genoux aux ligaments détériorés doivent être maintenus avec une solide armature faite de métal, de mousse et de tissu rigide...
    Fixant sur mon visage son regard où transparaît la douleur, il murmure difficilement : « Je sais très bien comment va commencer ton prochain article : Pedro a mal au genou et gnagnagna ! – Mais que nenni, lui rétorquè-je ! Oncques ne me gausserais de mon cher ami Pedro ! D’ailleurs, je ne vois pas l’intérêt d’évoquer tes genoux usés ! ». Ce qui fut dit fut fait.  J’éviterai d’en (trop) parler.
     

    Bilan du cours du 21 décembre 2011
    C’est vrai qu’il n’est plus aussi élégant que jadis.


    Et il ne faut pas oublier Jeannot, affligé d’in cocard au-dessus de l’œil droit... « Que pasa, Juanito ? – Aïii ! Que mi esposa me dio un montón de placas en la cara ! ».  El pobre muchacho ! Les hispanisants traduiront, les autres devineront... « Dis-moi, Jeannot, ne serait-ce pas ton tour de jouer à Uke ? – Mmmfffpfuuu... Vous croyez, me rappelle pas, ch’uis pas sûr...  – Tracasse-toi pas pour ton cocard, Jeannot, à la fin du cours, ton visage aura retrouvé sa symétrie ! ».

    Écoute sinon ta langue te rendra sourd !

    C’est donc Jeannot qui s’y colle. Étrange séance d’échauffement. On dirait qu’il a mis la liste de tous les exercices dans un sac et qu’il les tire au sort... On a quand même échappé au footing autour du tatami.
    Finalement, je lui demande de conclure avec un exercice de chutes avant. Il fait une première roulade, se retrouve un peu trop près du mur, se retourne et chute dans la direction opposée : je tiens l’exercice qui va faire le lien avec mon cours.
    Roulade avant. Réception stable. Henka. Roulade dans la direction opposée. Ce simple exercice met en évidence une foultitude de petits défauts qui, additionnés, vont faire de gros défauts.
    J’avais l’intention de reprendre la trame du dernier cours. Je vais le compléter en rectifiant individuellement les défauts les plus évidents au niveau de la posture.

    Marche en harmonie avec l'univers tout en étant conscient de ce que tu es. Proverbe navajo

    Premier exercice : travail en ligne
    Quand Uke saisit en Jyunte Dori, Tori s’efface d’un  léger Nagashi pied avant pour se placer en ligne puis effectue Henka pour projeter Uke dans la continuité de sa trajectoire.
    On constate que, chez la plupart des pratiquants présents, le pied arrière est placé à angle droit par rapport à l’axe du corps. Ce faisant, la jambe arrière a tendance à fléchir, ce qui entraîne une bascule du corps sur l’avant.
    À quoi est dû ce petit défaut très fréquent (regardez les innombrables photos sur Google...) ? C’est le bassin qui doit entraîner le corps dans le Tai Sabaki. Dans le cas où cette erreur apparaît, c’est la jambe qui se déplace d’elle-même, d’où un angle de rotation insuffisant et la compensation avec le pied en canard... Cette posture ne permet guère de bondir en avant puisque cette action est provoquée par la pointe du pied alors que là, le pied est en appui sur son tranchant. Pas toujours facile de renoncer à cette solution de facilité. Il faut s’observer, prendre conscience de cette faiblesse et travailler à l’éliminer.


    Seuls ceux qui espèrent peuvent survivre au destin, lui faire face et l'absorber. Indiens Chippewa du lac Huron

    Second exercice : travail en cercle
    C’est le même exercice sauf que Tori effectue un Nagashi à 180°. Ce mouvement plus ample libère les pratiquants  qui mobilisent plus aisément leur bassin.


    Les sommentaires en voix off sont de Pedro

     

    L’humanité n’a pas tissé la toile de la vie. Nous n’en constituons qu’un fil. Tout ce que nous faisons à la toile, c’est à nous que nous le faisons.  Chef Seattle

    Troisième exercice : travail en cercle
    C’est presque le même exercice. Uke attaque en Ryote Dori.

     

    L’amitié entre deux personnes dépend de la patience de chacun. Proverbe amérindien

    Quatrième exercice : Hanmi Handachi Waza
    Tori est à genoux... en fait, il est en garde, le genou avant est toujours relevé. C’est la transposition du travail debout. Cette forme d'entraînement apporte un autre niveau de prise de conscience de l'action du bassin.

     

    Les hommes d’aujourd’hui recherchent les connaissances, pas la sagesse. Les connaissances concernent le passé, la sagesse l’avenir.

    Cinquième et sixième exercices : initiation au Sutemi en prolongement du Wa no Seishin
    - préparation à la chute

    - placement du Sutemi


    Un grand moment psychédélique... en route pour le nirvana.


    Le destin s'écoule comme le torrent, d'une manière irrévocable. Celui qui lui résiste retourne grain par grain au rivage de sable. Indiens Algonquins

    Dernier exercice : initiation au Sutemi à partir de la position debout.


    Le caméraman a eu comme qui dirait des problèmes de cadrage...


    Le pouvoir d'une chose ou d'un acte se trouve dans la signification que nous en avons.

    Un petit Randori souple conclut cette première partie de soirée. Il ne serait pas raisonnable de se fatiguer excessivement car le cours va trouver son prolongement au MOSHI MOSHI, un petit restaurant japonais que Ludo trouve de bonne facture et où il a réservé une longue table.
    Cette soirée, qui s’est achevée vers minuit, a été fertile en événements et rebondissements.  En effet, il fallut développer une technique raffinée, faire preuve de réflexes en acier trempé. Les sashimis étaient particulièrement frais. Que dirais-je, ils devaient être encore vivants car ils ne cessaient de s’échapper des baguettes si bien que Pedro se résolut à s’en servir comme de harpons.
     
    Les hommes d’aujourd’hui recherchent les connaissances, pas la sagesse. Les connaissances concernent le passé, la sagesse l’avenir.

    À l’année prochaine.

     






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