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    Tous les élèves présents se sont déjà plus ou moins échauffés... oralement. Le temps est lourd et je viens de me livrer à une heure d’entraînement au Kobudo du Katori Shinto Ryu. Je décide donc de partir tout de suite à l’offensive avec un mouvement qui se prête à l’expérimentation des sensations et à la compréhension de la transition entre la distance Chika Ma et la distance Ma.

     

    L’exercice s’initialise en Gyaku Hanmi no Kamae. Je prends la garde Migi Kamae, Uke est en Hidari Kamae. Il avance avec l’intention de me saisir en Dosokute Dori. Je me déplace en Irimi, bras semi tendus et serrés contre mes flancs, en légère oblique par rapport à la trajectoire de Uke qui est alors déséquilibré sur son pied avant. Suite à ma traction de sa main droite, il pivote pour reprendre son équilibre et se retrouve derrière moi. Le mouvement dans lequel il est entraîné lui offre une opportunité de saisie arrière.

     

    Dans un premier cas, il va tenter de saisir en Ushiro Ryote Dori. Si je commets l’erreur de laisser traîner mon bras gauche en arrière, il saisit mon poignet gauche et me bloque définitivement : me voilà alors saisi solidement en Chika Ma ! Au contraire, je l’incite à accroître son action sur l’avant pour saisir mon poignet. Il se place de la sorte suffisamment en déséquilibre pour que je puisse le projeter en posant simplement mon genou gauche au sol avec un léger mouvement de recul de mon corps qui crée un vide dans lequel il va chuter.

    Cet exercice éducatif, apparenté au Wa no Seishin, décrit une stratégie, une recherche de la sensation de Irimi, un bon contrôle du déséquilibre de Uke.

     

    Si Uke parvient « presque » à placer Ushiro Ryote Dori, je vais porter Kote Gaeshi : j’exerce un pivot des hanches vers l’intérieur en « abandonnant » mon bras droit qui s’enroule autour de mes hanches. Ma main gauche vient derrière mon dos, pouce en l'air, saisir le poignet droit de Uke par-dessous. Un Nagashi pied avant permet de libérer mon poignet droit, je suis alors bien placé pour porter Kote Gaeshi ou Neji Kote Gaeshi en Irimi ou Tenkan. Cet exercice propose une succession de déplacements en spirale qui proscrit l’emploi de la force et développe la fluidité.

    Autre forme plus « sophistiquée » : je glisse mon pied gauche devant mon pied droit en décrochant ma main gauche. Une rotation extérieure vers ma droite déroule mon bras droit et me place favorablement pour porter Kote Gaeshi...

     

    Une réaction différente de Uke l’incite à tenter de saisir mon épaule gauche avec sa main gauche. Je porte Yuki Chigae en glissant sous son bras gauche : projection vers l’arrière, vers l’avant, immobilisation. Possibilité de passer sous l’autre bras... Cet exercice demande de la précision, du contrôle, et surtout jamais de brutalité !

     

    Uke modifie sa première saisie pour conclure en Ushiro Uwate, je réagis en portant Mukae Daoshi. Il s’agit d’abord de « jeter » les bras de Uke en soulevant ses 2 bras, mains superposées au niveau de mon front puis de le déséquilibrer latéralement en pivotant et en le repoussant avec le coude. Un dégagement approximatif permettrait à Uke de placer Ude Jime. Étude de l’immobilisation suite à Mukae Daoshi et de 2 façons d’amener Uke à plat ventre.

     

    La réaction la plus évidente de Uke pourrait bien être de tenter Ushiro Eri Jime. Je réponds en plaçant Shiho Nage. La saisie en Chika Ma impose un certain nombre de contraintes (dégager l’étranglement, esquiver l’armlock...) qui ne doivent pas exister si l’exercice a bien été exécuté avec la sensation du mouvement : en distance Ma, on ne se laisse pas saisir. Au moment où Uke prépare le verrouillage du col, Tori glisse sous son bras (première opportunité : Yuki Chigae sur la main qui tente de saisir le col) puis tire le bras droit de Uke devant lui, il est maintenant en position pour appliquer Shiho Nage.

     

    Ces trois saisies, Ushiro Ryote Dori, Ushiro Uwate, Ushiro Kubi Jime, sont explorées systématiquement. Il est possible de sortir de 2 façons différentes d’une saisie arrière : en avançant en croisant pour tourner vers l’extérieur ou en glissant sous un bras.

     

    Les sensations de mouvement, de fluidité et d’efficacité apportent beaucoup de satisfaction aux pratiquants de tous niveaux. Le rythme du travail est rapide, léger mais intense.

    Ce type de travail redonne confiance à des pratiquants en proie au doute, qui se sentent lourdauds et sont facilement déstabilisés au cours du randori.

     

    Pas de fiche pédagogique, cette fois-ci, mais la narration d’un cours complétée de quelques remarques. J’ai pensé que c’était un moyen de faire passer les sensations...



     

     






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